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15/04/2021

disparition d'espèces animalesQuelles sont les conséquences de la disparition de certaines espèces animales?

EFFET PAPILLON - Une étude vient de montrer que l’extinction des espèces en danger entraînera une réorganisation globale du rôle des espèces dans le fonctionnement des écosystèmes 
Un être vous manque et tout est dépeuplé. Ou plutôt, tout est chamboulé. C’est ce qui risque fort de se passer lorsque les espèces aujourd'hui menacées vont s’éteindre au cours des prochaines années. Pour des chercheurs, ces extinctions entraîneront une réorganisation globale du rôle des espèces dans le fonctionnement des écosystèmes, selon une étude publiée dans Science Advances.
Un groupe de scientifiques de l’université Paul-Sabatier et d’Estonie ont planché sur les caractéristiques fonctionnelles de 70.000 espèces, que ce soit leur taille, leur âge de première reproduction, leur longévité ou encore leur régime alimentaire. Parfois, les reptiles, les amphibiens, les oiseaux, les mammifères ou encore les poissons d’eau douce partagent des points communs.
 
Mais parfois, certaines fonctions sont uniques ou partagées par peu d’espèces. « On a par exemple très peu de très grands mammifères qui font plus d’une tonne et pourtant on va aller d’une à cinquante tonnes chez les baleines. On a une gamme de fonctions gigantesques qui n’est couverte que par très peu d’espèces », explique Sébastien Brosse, l’un des coauteurs de l’étude, membre du Laboratoire Evolution et diversite biologique de Toulouse.
Grâce à des modèles mathématiques, ils ont essayé de voir ce que cela donnerait si certains gorilles ou encore poissons en grand danger venaient à disparaître. « Globalement, si les extinctions sont conformes 

aux prédictions, les pertes de fonction dans 100 ans seraient relativement faibles. Elles seraient entre 0,3 % pour les reptiles et 5,1 % pour les poissons. Mais c’est un résultat en trompe-l’œil, on voit une perte faible mais on augmente considérablement la part d’espace fonctionnelle occupé par une seule espèce », poursuit le chercheur. Et une baisse dans la diversité des rôles joués par chacune.
Des rôles dans le grand scénario des écosystèmes

Or, si on prend les grands singes, ces derniers jouent un rôle dans la dissémination des graines, et l’on sait que les forêts tropicales sont ensemencées par leurs excréments. Si on regarde les éléphants, ils font aussi du transport de graines important. Les hippopotames, eux font du transfert de matière, ils vont brouter dans la savane et aller faire leurs cottes dans l’eau et entretiennent ainsi le milieu aquatique africain.
 
Du côté des oiseaux, les grands rapaces et charognards, comme le Condor des Andes ont un rôle d’épuration des écosystèmes en consommant les carcasses d’animaux morts. « Si on regarde les espèces de poissons, il y a des détritivores ou des prédateurs, qui vont contrôler un peu la chaîne alimentaire, le fait de perdre ces espèces peut perturber le fonctionnement des écosystèmes », assure Sébastien Brosse. Et les eaux limpides pourraient devenir troubles, ce qui serait une source de préoccupation aussi pour l’homme. Sans compter un autre impact direct. « Nous consommons souvent les grandes espèces, c’est le cas des poissons. Si elles disparaissent, cela peut entraîner des problèmes des malnutritions », conclut le scientifique.
Planète Seuls 14 % des cours d’eau du globe n’ont pas eu leur faune impactée par la main de l'homme.

Selon 

12/04/2021

A Rennes on s'occupe de la faune en danger...

Le projet Faune, est l’un des 270 projets soumis au vote du budget participatif de Rennes. Il est imaginé par l’artiste Nicolas Milhé, et met à l’honneur la préservation des espèces animales menacées en Bretagne. Il est soutenu par le centre d’art 40mcube.
Présenté par le centre d’art 40mcube dans le cadre du budget participatif de la ville de Rennes, Faune, des animaux dans la ville de l’artiste Nicolas Milhé prend la forme d’un ensemble de six mobiliers urbains originaux. Chacun d’eux sera surmonté d’une sculpture représentant un animal, un loup, un aigle botté, une grue cendrée, un thon rouge, une vipère péliade, un gypaète barbu, que des espèces disparues ou menacées vivant en Bretagne. Ces sculptures-mobiliers seront installées dans les différents quartiers rennais.

« L’artiste souhaite ainsi célébrer la diversité du vivant et rendre hommage aux animaux les plus fragiles, affirmant l’importance de la biodiversité, du sensible pour susciter une prise de conscience » explique Cyrille Guitard du centre d’art 40mcube. Les animaux seront réalisés en bronze, « matériau habituellement utilisé pour représenter les grands hommes. »
En Bretagne, une espèce sur cinq est menacée d’extinction, notamment un grand nombre d’oiseaux comme le busard cendré, le macareux moine, le pingouin torda, le grand corbeau et des poissons comme le thon rouge ou l’anguille européenne… Et si des plans d’action sont mis en œuvre en faveur de différentes espèces et fonctionnent parfois bien, il revient à chacun d’entre nous d’être vigilants.
Chaque animal surplombera une assise sur laquelle les Rennaises et rennais pourront se reposer à côté d’un animal, « majestueux, figure protectrice, totem bienveillant, symbolique, qui rappelle qu’il faut prendre soin du vivant, que les animaux sont importants dans la cité, sans être moralisateur. »
Dans le cadre du budget participatif, 270 projets sont soumis au vote des citoyens, du 2 au 18 avril 2021.

Selon Mme Agnès LE MORVAN. - Ouest-France - mardi 23 mars 2021

10/04/2021

AU Kenya les éléphants ont du mal à circuler librement...

C'est la dernière affaire en date au Kenya, qui oppose les défenseurs de la vie sauvage aux investisseurs du monde agricole. En jeu, la quiétude d'un groupe de 2 000 éléphants du parc national d'Amboseli, au pied du versant kényan du Kilimandjaro. Selon les défenseurs de l'environnement, ils sont menacés par une plantation de 73 hectares d'avocatiers installée à proximité de la réserve. Une production industrielle qui bloquerait la transhumance des pachydermes à la recherche d'eau et de nourriture.

"Combien d'éléphants vaut un avocat ?", alertent les opposants pour mettre en évidence le sort de la faune affectée négativement à leurs yeux par le projet agricole. L’agriculture commerciale au Kenya est devenue "beaucoup plus dangereuse pour les animaux que le braconnage", dénonce Paula Kahumbu, une militante qui dirige l'ONG Wildlife Direct.
L’Autorité nationale de gestion de l'environnement (Nema) avait donné son accord à l'exploitation. Mais sous la pression des écologistes, elle a finalement ordonné le gel de l'activité. L'affaire est désormais en cours d'instruction devant le tribunal environnemental du Kenya, mais l'activité se poursuit.
Investissement opportuniste

L'investissement est bien éloigné de l'image d'une agriculture raisonnée que prône le pays, activité qui permet la cohabitation de la population et des animaux sauvages. Dans cette affaire, le terrain acheté à des propriétaires massaïs a été défriché, puis clôturé de barrières électriques afin d’empêcher justement l'accès des éléphants.
Tracteurs, panneaux solaires, irrigation grâce au pompage dans la nappe phréatique, complètent le tableau. On est ici face à de l'agriculture industrielle et les initiateurs ne s'en cachent pas. Car l'avocat kényan a le vent en poupe. Déjà sixième fournisseur de l'Europe, le Kenya a vu ses exportations d'avocats augmenter d'un tiers pour atteindre 127 millions de dollars en octobre 2020, selon l'Association des exportateurs de produits frais du pays.
"Plus d'argent et moins de travail"

L'avocatier est un peu chez lui ici. Deux saisons des pluies et un ensoleillement régulier permettent deux récoltes annuelles. Les autorités ont même incité à sa culture qui offre de bons rapports sur des surfaces minimes. Au point de dispenser des cours pour parfaire la maîtrise de cette culture. "Avec le café, il y a beaucoup de travail de récolte et de préparation, mais avec les avocats c'est plus simple, c'est plus d'argent et moins de travail", se réjouissait un agriculteur à l'AFP en 2018.
Or, la survie de l'éléphant n'est pas forcément une préoccupation majeure des populations. Régulièrement, les petits agriculteurs se plaignent des dégradations des cultures qu'il provoque. Parfois, la vie des humains est même menacée, comme dans le village de Sangala, où un troupeau a tué une femme et ses trois enfants en détruisant sa maison.


Eléphants contre cultures: Le Kenya Wildlife Service (KWS) se retrouve entre le marteau et l'enclume, à devoir protéger la vie sauvage, mais aussi les populations. Alors, on multiplie les effarouchements, parfois par avion, pour déplacer un groupe trop proche des populations. On installe à grands frais des clôtures électriques pour protéger les cultures. Ainsi, il a fallu ériger une barrière de 60 kilomètres pour protéger les champs dans la région de Mucheege, au pied du mont Kenya.
Faire cohabiter la vie sauvage et l'activité humaine relève de la quadrature du cercle au Kenya. Le pays vit très largement d'un tourisme attiré par la faune sauvage. En 2019, il a généré plus d'un milliard et demi de dollars de recettes et fait vivre des milliers de Kényans. Au fil du temps, le pays s'est forgé une image de havre de paix pour les animaux menacés.


Tourisme en berne: Mais aujourd'hui, à l'heure du coronavirus, l'activité touristique n'est plus qu'une ombre."Nous avons vu les niveaux de pauvreté grimper en flèche dans les communautés rurales, en particulier celles qui vivent à proximité de zones protégées et qui dépendent de l'économie des espèces sauvages pour leur subsistance."
Cela donne du grain à moudre à ceux qui prônent le développement de l'agriculture intensive. Selon Jeremiah Shuaka Saalash, le propriétaire de la ferme incriminée d'Amboseli, il a donné du travail à ceux qui n'en avaient plus avec l'absence de touristes. "Je défends l'idée qu'on peut coexister avec la faune et avoir une autre source de revenus", plaide-t-il à l'AFP.
Dans la région, beaucoup de terres sont à vendre. Idéal pour y développer une agriculture d'exportation. D'autant que le thé, fleuron agricole du Kenya, s'essouffle. Le pays, premier exportateur mondial de thé noir, a du mal à écouler sa production, en raison d'une baisse de la qualité et de trop gros volumes. Si le rebond agricole passe par la culture de l'avocat, les éléphants risquent d'en payer le prix.

Selon Franceinfo - franceinfo - vendredi 19 mars 2021

16/03/2021

Créer un lien avec un agriculteur...

Après la mise en place d’un numéro vert, le collectif Ici la Terre lance une nouvelle opération, demain mardi 23 février 2021, pour mettre en relation directe les Français et les agriculteurs. Et retisser des liens.
« Des questions sur l’agriculture et l’alimentation ? Demandez à être rappelé par un agriculteur ! » Après avoir lancé le premier numéro vert en France dédié à l’agriculture, le collectif « Ici la Terre » lance, ce mardi 23 février 2021, une nouvelle initiative destinée au grand public : « Un agriculteur dans son répertoire téléphonique ».
« Nous voulons créer une passerelle directe de communication entre les consommateurs et les agriculteurs », souligne Jérôme Regnault, 44 ans, producteur dans les Yvelines et cofondateur du collectif. « Il existe des craintes sur l’agriculture. Avec nos voisins, nous avons remarqué que la réflexion est beaucoup plus constructive s’il y a un lien direct avec un agriculteur. »
Créer des binômes
Concrètement, une personne qui se pose des questions sur le métier d’agriculteur et ses pratiques est invitée à laisser son numéro sur le site collectif-icilaterre.fr ou sur les réseaux sociaux du collectif. Ce dernier la mettra en relation avec un agriculteur, si possible de sa région, pour créer un binôme. « L’objectif est d’avoir une réponse personnalisée, voire des échanges réguliers. »
Le collectif indépendant, financé par une cagnotte en ligne, compte une centaine d’agriculteurs représentants tous les modes de production et espère voir grossir ses rangs à travers la France. « On ne demande que deux critères aux professionnels : être sincères et passionnés. Nous ne voulons pas prendre position mais expliquer notre quotidien. »
Plus de 900 appels au numéro vert
En parallèle, le numéro vert (0 805 382 382) reste accessible du lundi au samedi, de 10 h à 18 h. Depuis son lancement fin 2019, les 75 agriculteurs qui ont assuré les permanences ont reçu plus de 900 appels, pour 83 heures de conversations cumulées. Deux sujets ont suscité le plus d’interrogations : le bien-être animal et les pesticides. « Chaque coup de fil était encourageant, même si nous n’étions pas d’accord. C’est aussi à nous de porter un regard critique sur notre profession et d’être à l’écoute. »
Emmanuel Macron en Bourgogne
Ce lancement intervient alors que le Salon de l’agriculture de Paris aurait dû accueillir plus de 600 000 visiteurs du 27 février au 7 mars. Pour compenser ce temps fort du secteur agricole, annulé en raison du Covid, les professionnels et les politiques multiplient les initiatives. Emmanuel Macron est ainsi attendu dans une ferme de Bourgogne, ce mardi 23 février 2021, pour montrer « son intérêt et son attachement » à l’agriculture.

Selon Mme Fanette BON. - Ouest-France - lundi 22 février 2021

23/02/2021

Mercosur: où en est -on?

Le gouvernement a présenté ses pistes pour améliorer l’accord commercial avec le Mercosur. ONG et éleveurs sont vent debout.
 
Le ministre du Commerce extérieur Franck Riester l’a rappelé jeudi 4 février : la France ne signera pas en l’état l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Après vingt ans de pourparlers, ce vaste accord commercial a été conclu en 2019 par la Commission européenne avec quatre pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay).
Mais il semblait avoir du plomb dans l’aile depuis qu’Emmanuel Macron avait affiché ses réticences à signer, en l’état ​, avec un Jair Bolsonaro chantre de la déforestation de l’Amazonie. Par ces deux mots – en l’état –, il faut bien comprendre que le gouvernement cherche à améliorer le texte, et non à le rejeter. Deux sujets sont sur la table : la déforestation et les produits agricoles sensibles.
La viande bovine, grande perdante de l’accord
Agriculteurs et associations écologistes en ont eu la confirmation jeudi 4 février, quand l’exécutif leur a présenté ses pistes pour amender l’accord. Dans le volet agricole, Paris veut tenter de faire respecter les normes européennes par les producteurs sud-américains, et mieux protéger les éleveurs français contre les importations. Des mesures quasi inapplicables , regrette le président de la Fédération nationale bovine (FNB) Bruno Dufayet, qui dénonce un enfumage . La viande bovine fait partie des grands perdants de l’accord, qui prévoit un quota d’importation de 99 000 tonnes à droits de douane réduits.
« À Bruxelles, la machine suit son cours »
Côté déforestation, le gouvernement ne propose rien de précis ni de contraignant , regrette de son côté Samuel Léré, responsable du plaidoyer à la Fondation Nicolas Hulot (FNH). Qu’est-ce qui nous garantit que les gouvernements brésiliens présents ou futurs ne reviendront pas dessus ? , s’interroge-t-il.
Pour son organisation, si la France porte une réelle ambition environnementale, elle doit demander une réouverture de l’accord . Personne n’est dupe, on essaie de nous faire avaler l’accord UE-Mercosur​, résume Bruno Dufayet. Même si, en France, on avait l’impression que ça s’était arrêté, à Bruxelles la machine suit son cours ​.

Selon Mrs Ivan LOGVENOFF et Yannick GROULT. - Ouest-France - vendredi 5 février 2021

25/01/2021

Soutenons la laine française!

Dans Version Fémina, Mme Céline Cabourg attire notre attention sur la laine de nos moutons qui actuellement est exportée à 80% en Chine avant de nous revenir sous forme de vêtements tricotés. Il s'agit aujourd'huide relancer et de soutenir les savoir-faire locaux. La France a diverses sortes de moutons (53 races différentes)qui sont en majorité utilisés pour leur viande. La France a compté autrefois deux gros bassins d'industrie de la laine: Le Nord-Pas-de-Calais et dans le Tarn, autour de Mazamet.

Dans le Nord, la laine est peignée et elle sert plutôt à confectionner des costumes. Dans le Sud, on fabrique des vêtements plus épais de type caban. Selon Mr Pascal Gautrand, fondateur de Made in Town, après une chute des volumes dans les années 1980 et 1990, il reste dans la région de Castres encore deux filatures, quelques ateliers de tissage, de tricotage et un seul atelier pour l'apprêt. Ils emploient tout de même deux à 180 personnes. Le but de ce cabiner des filières de production est de "maintenir les savoir-faire dans les territoires enn évitant les fermetures".

Jusqu'ici,les éleveurs étaient obligés de stocker la laine à leurs frais ou de vendre à perte à la Chine (30 centimes d'euros le kilo). Heureusement, certains ont pu devenir distributeurs de produitstricotés comme la marque Laines paysannes en Ariège, mais ils écoulent des quantités limitées sur les marchés ou en ligne. En fait, actuellement seule 4% de la laine produite est transformée en France. Le cabinet  Made in Town et Made in France Première Vision ont lancé en 2018 le Collectif Tricolor, entraînant des marques comme Balzac Paris, Le Slip français, de Bonne Facture (mode masculineles matelas Tediber ou encore le groupe LVMH.

Il s'agit d'encourager la renaissance des filières lainières françaises et de faire progresser la recherche sur la fibre en améliorant sa douceur. Le but à terme est de parvenir à transformer 24% de la laine en France, d'ici à 2024. En novembre dernier, Balzac Paris lançait Laine Française, une mini collection de 5 modèles en laine dessinés à Paris mais sourcée à Arles, filé aux Filatures du Parc à Brassac. Les coutures sont faites à La Regrippière, près de Nantes, mais emballés à Troyes. Toutefois, cette laine mérinos de la région d'Arles, non teinte, se travaille en manquant d'audace. Aussi, des stylistes maille s'emploient à casser le côté brut et naturel.

Il y faut par contre, précise Mme Nathalie Lebas-Vautier, cofondatrice d'Ekyog, des moyens humains et économiques. Plusieurs acteurs de la filière se regroupent pour redonner vie à la filière laine. La France, avec ses élevages de petite taille préserve à la fois la biodiversité et la bientraitance animale. Autour de la laine, il semble possible de fédérer des marques, des éleveurs, mais aussi des ONG. Alors la France va-t-elle vraiment se lancer en s'unissant pour une conversion durable? Nous pouvons l'espérer. Pour tout renseignement, s'adresserpar exemple à Made in Town et à Made in France: www.made-in-town.com. et www.madefrance.fr.

Lyliane

17/01/2021

Trente ans après avec le voeu de Mr Nicolas Hulot en ce début d'année 2021...

"J'ai une certaine aversion pour les anniversaires comme pour tout ce qui marque le temps qui passe. Ma Fondation pour la nature et l'homme a tout juste 30 ans ; trente ans d'engagement, presque une vie. Trente ans qu'avec son équipe, avec l'inestimable communauté scientifique qui nous a rejoints au fil de l'eau et les centaines de milliers de bénévoles qui nous ont soutenus, nous nous battons pour éviter le pire. Tout ça pour ça, pourrait-on dire si l'on regarde lucidement la situation d'aujourd'hui.

Comment des êtres dotés de capacités technologiques, intellectuelles, économiques sans précédent peuvent-ils assister à la gestation de leur plus grande tragédie?

Des phénomènes climatiques qui s'emballent et leur lot de souffrance, des pans entiers de biodiversité qui s'effondrent et, qui plus est, une humanité parfaitement informée qui s'engouffre dans des décennies sombres. Comment des êtres dotés de capacités technologiques, intellectuelles, économiques sans précédent peuvent-ils assister à la gestation de leur plus grande tragédie? Cette question me hante. Peut-être que, dans la confusion des maux, la vérité n'est pas audible, la réalité peu accessible? De plus, le faux fait de l'ombre au vrai et le futile submerge l'essentiel.
 
Trente ans qui donnent brutalement la mesure de l'effort déployé et d'une certaine manière mettent en exergue un bilan navrant : objectivement, nous avons à ce stade échoué! Echoué à nous épargner, à nous et à nos enfants, les affres mortifères de la crise écologique. Ce constat désolant ne laisse pas indemne. A défaut de résignation, la lassitude menace, la fatigue gagne ; demain, la honte peut-être, celle de ne pas avoir évité de déposséder les jeunes de leur avenir.Trente ans qu'avec d'autres, après bien d'autres, nous déployons tous les outils que nous offre la démocratie pour nous rassembler et nous mobiliser autour de la mère de toutes les causes. Sans relâche, en informant, en argumentant, en proposant, en innovant, en responsabilisant et sans jamais, je crois, céder à la facilité du verbe qui divise ou culpabilise, nous avons tenté de générer une énergie salvatrice et créatrice pour étreindre cette dure réalité. La conscience certes s'éveille, s'exprime même de plus en plus mais, je le crains, souvent pour mieux dissimuler la misère. Quand je vois les clichés, voire les anathèmes qui perdurent sur l'écologie et les écologistes, j'ai envie de hurler. Les mêmes qui ont nié les phénomènes pendant ces années précieuses où l'on pouvait agir plus calmement tournent en dérision les propositions que par exemple des citoyens consciencieux ont posées sur la table, sans jamais eux-mêmes proposer ou amender la moindre solution. Sans compter l'absence de leur part de la moindre expression d'un début de vision sur un modèle économique qui réconcilie environnement et social.
Quand certains nous rappellent que le chômage, la précarité sont d'autres urgences, comme si nous l'ignorions, là, j'ai envie de pleurer. Nous qui n'avons cessé de proclamer que l'écologie est un enjeu de justice et de dignité humaine. Quand certains défenseurs de l'environnement sont encore traités d'obscurantistes. Où est le progrès quand on sacrifie une génération à venir pour ne même pas sauver l'actuelle? En quoi un modèle économique qui génère et programme sa propre obsolescence en épuisant ses ressources vitales et sape jour après jour les équilibres subtils qui ont permis l'avènement de la vie sur Terre est-il un gage de progrès? Est-ce un indice même de civilisation quand nous sommes englués dans les filaments de nos propres découvertes ou technologies que parfois nous ne maîtrisons plus? En quoi ce mur entre nature et culture que nous érigeons chaque jour un peu plus nous émancipe-t-il? Un séparatisme tragique avant l'heure qui refuse d'admettre que nous sommes soumis aux mêmes lois biologiques que l'ensemble des êtres vivants.

Seul compte ce qui reste à faire et non ce que nous avons déjà fait ou pas
La crise sanitaire ne doit pas masquer la crise écologique, au contraire, elle doit l'éclairer. Les rudes épreuves subies et l'horizon trouble ne doivent pas nous livrer à la tentation d'ajourner encore nos efforts ou de les réduire. A l'inverse, l'expérience vécue, qui nous a brutalement confrontés à notre vulnérabilité et rappelé que la nature possède un pouvoir sur nous, nous enjoint et nous convainc d'agir avant la démonstration du pire et de tirer des leçons de nos atermoiements.
Si l'on veut conserver nos dernières chances, et choisir le jour plutôt que la nuit, l'heure n'est plus à la complaisance mais à l'exigence. Seul compte ce qui reste à faire et non ce que nous avons déjà fait ou pas. Nous avons désormais une obligation de moyens et de résultats. La situation est radicale et nous n'y ferons face qu'avec des instruments tout autant radicaux. Nous devons faire converger toutes nos forces et nos outils économiques, technologiques et juridiques pour organiser, planifier et opérer la mue d'un système périmé. Le 'coûte que coûte', version durable du 'quoi qu'il en coûte', s'impose pour éviter l'avalanche de souffrances humaines et d'externalités économiques négatives. L'écologie doit être le guide et le prisme de toutes les politiques publiques.

Ce n'est pas d'un peu plus d'agriculture biologique que nous avons besoin, c'est qu'à moyen terme elle devienne l'agriculture conventionnelle. Idem pour les énergies renouvelables. L'idée n'est pas de freiner l'artificialisation des sols mais bien d'en programmer le terme. Dans bien des domaines, l'effort n'est pas à la mesure. Un plan de relance dont seule une partie est affectée à la transition écologique sans se soucier de savoir si le reste des investissements converge et satisfait les mêmes objectifs n'est pas non plus à la bonne échelle. Nous sommes condamnés à un changement de matrice. 

C'est toute l'économie qui doit devenir sociale, solidaire et circulaire. Dans beaucoup de secteurs, c'est un changement de normes et de standards qu'il faut opérer avec le temps et surtout avec méthode. Y compris dans le domaine fiscal. Toute la fiscalité doit être écologique et encourager le vertueux et dissuader le toxique. Aucun euro public ne peut être détourné du bien commun. C'est à ce prix que nous pourrons reprendre en main notre destin et saisir aussi les opportunités de ce nouveau monde.
Je sais, à ce stade, comme j'y ai parfois prêté le flanc, qu'on me traitera une fois encore de naïf ou d'utopiste. Oui, mais c'est le temps des vœux et donc de rêver un peu. Mais l'utopie n'est-elle pas dans le camp des sceptiques et des esprits chagrins qui imaginent encore que la trajectoire actuelle a une issue heureuse? La naïveté est de croire que nous pouvons affronter une crise systémique en ordre dispersé, avec des moyens cosmétiques.
Puissent nos élites être en phase avec les aspirations de celles et ceux qui jamais ne se résignent
Nous avons besoin d'audace et d'ambition comme jamais. En démocratie, pour penser et agir haut, fort, loin et vite, il faut un minimum de concorde. Et j'observe notre pays se briser de l'intérieur, les colères s'agréger dangereusement, le débat et le dialogue se muer en affrontements, la haine et la violence s'immiscer dans tous les réseaux de communication comme un poison lent. J'observe, sur les plateaux et sur le Web, beaucoup de gens asséner leurs vérités et prendre leurs opinions comme un fait certifié. Dans la sphère politique, en même temps que la culture du ring prospère pour le bonheur de certains médias, je vois trop l'esprit partisan se perpétuer. Cette attitude stérile où l'on abdique sa conscience individuelle au profit d'une consigne collective. Peut-on suspendre ce théâtre des apparences et se concentrer sur l'essentiel en additionnant nos intelligences au service exclusif de la vertu pour affronter ce difficile passage de cap?
 
Peut-on simplement être en résonance avec une France peu visible, mais sans doute majoritaire, qui à l'écart du tumulte tisse le monde de demain? Une France discrète, socialement et culturellement diversifiée, bienveillante et tolérante, qui agit, invente, expérimente, partage, soulage, résout. On entend, à raison, la France qui souffre, qui 
gronde, qui réclame. Mais, à tort, on ignore ou l'on sous-estime la France des solidarités. Pour surmonter les logiques de méfiance qui minent notre démocratie, puissent nos élites être en phase avec les aspirations de celles et ceux qui jamais ne se résignent. Je veux entre autres parler de la France de l'engagement, ces plus de 13 millions de bénévoles qui œuvrent dans plus de 1 million d'associations comblant au quotidien toutes les promesses que la République ne tient pas. Mais je pense aussi aux PME et TPE, aux autoentrepreneurs, aux jeunes agriculteurs, aux collectivités, aux start-up qui innovent et prennent des risques pour faire jaillir les solutions et les pratiques de demain sans toujours avoir le soutien ou la reconnaissance qu'ils méritent. Là devraient se focaliser nos attentions et nos énergies, partout où fleurissent dans nos territoires les standards de demain. Définitivement, nous ne nous mobiliserons pas sur le seul constat mais bien sur un imaginaire palpable. Il faut réinventer le monde dans toutes ses dimensions. Une partie des pièces et des principes du nouveau modèle sont déjà là ; reste à les repérer et à les assembler pour faire société. Il faut favoriser l'alliance des bonnes volontés et créer l'archipel des communs cher au précieux Edgar Morin. Si la rage est parfois contagieuse, l'enthousiasme l'est systématiquement.
Au moment où le contexte restreint nos libertés, il est, que je sache, encore permis de rêver. Puisse 2021 être l'année du sursaut! Levons-nous enfin et que chacun fasse sa part!"

Selon le JDD - samedi 2 janvier 2021

11/01/2021

Animaux terrestres en danger...

Selon une nouvelle étude, près de 90% des animaux terrestres pourraient perdre une partie de leur habitat d'ici 2050 si l'agriculture telle qu'on la connaît ne change pas. En effet, sans modifier notre façon de cultiver les terres, notre planète pourrait faire face à des dommages écologiques extrêmement importants.
 
Selon David R. Williams, l'un des auteurs de la récente étude publiée dans Nature Sustainability, «nous devons changer notre façon de manger et de produire de la nourriture si nous souhaitons sauver la faune et la flore à l'échelle mondiale».
En étudiant l'impact d'une baisse de la consommation de la viande et d'une réduction des déchets alimentaires, les scientifiques ont souhaité examiner la façon dont certains changements de nos habitudes de consommation pourraient avoir un effet sur les différents systèmes alimentaires. Pour ce faire, l'équipe de recherche, composée de scientifiques travaillant pour les universités d'Oxford et de Leeds, a imaginé un modèle géographique capable d'estimer de quelle manière l'expansion de l'agriculture contribuera à la perte de la biodiversité, ainsi qu'à l'extinction de certaines espèces avec les années. Les universitaires ont alors étudié les préférences d'habitat de près de 20.000 espèces d'animaux terrestres vertébrés.


Que deviendraient les animaux d’élevage si on arrêtait de les manger? 
D'après David R. Williams, «environ 1.300 espèces pourraient perdre au moins un quart de leur habitat, et des centaines pourraient en perdre au moins la moitié, ce qui pourrait mener à leur extinction.» Des scientifiques prédisent d'ailleurs que la majorité des espèces qui s'éteindront seront originaires d'Afrique subsaharienne, du cœur de la forêt atlantique du Brésil, de l'est de l'Argentine, ou encore du sud et du sud-est de l'Asie.
Le besoin d'une action rapide et mondiale
 
Les résultats de la nouvelle étude rappellent «l'importance de faire des efforts de façon proactive pour sauvegarder la biodiversité en réduisant la demande de terres agricoles», explique Michael Clark, un des auteurs de la recherche, avant d'ajouter que «la bonne nouvelle est que si nous procédons à des changements ambitieux dans le système alimentaire, nous pourrons empêcher presque toutes les pertes d'habitats».
«Grâce à une coordination mondiale et à une action rapide, il devrait être possible de fournir une alimentation saine à la population mondiale en 2050, sans souffrir de pertes importantes d'habitats», prévient Michael Clark. Alors que 75% des terres mondiales et 66% des océans ont été modifiés par les humains, et que près de 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont produites par l'agriculture, la nouvelle étude rappelle le besoin urgent d'agir.

Selon Slate.fr - Slate - mardi 29 décembre 2020

10/01/2021

One Planet Summit à Paris...

La France organise lundi 10/1/2021 à Paris un "One Planet Summit" consacré à la biodiversité, avec pour objectif de relancer une diplomatie verte mise à l'arrêt par le Covid-19, pandémie qui illustre précisément les dangers des dérèglements environnementaux.
 
Une trentaine de personnalités doivent intervenir, principalement par visio en raison de la crise sanitaire. Parmi elles, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres,le président de la Banque mondiale David Malpass, l'héritier du trône britannique le prince Charles, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la chancelière allemande Angela Merkel, les Premier ministres britannique Boris Johnson et canadien Justin Trudeau, le président du Costa Rica Carlos Alvarado, la présidente de la BCE Christine Lagarde ou le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Chacun devrait présenter des initiatives ou prendre des engagements concrets autour des quatre thèmes de la conférence: protection des écosystèmes terrestres et marins; promotion de l'agro-écologie; mobilisation des financements; lien entre déforestation, préservation des espèces et santé humaine.
 
Un dernier thème brûlant alors que la pandémie de Covid-19 illustre l'inquiétante multiplication des zoonoses, maladies qui 
passent de l'animal à l'homme, notamment en raison des contacts plus fréquents entre espèces causés par la destruction des habitats sauvages.
Paris espère ainsi "faire converger les enjeux climatiques et la préservation des écosystèmes," explique une source à l'Elysée. Car face aux épidémies comme au réchauffement (l'année 2020 vient de se classer comme la plus chaude ex-aequo jamais enregistrée) "la préservation de la biodiversité est quelque part notre assurance vie collective".


Construire la mobilisation: Or, la diplomatie verte a pris du retard, avec une quasi année blanche en 2020. Côté biodiversité, le congrès de l'Union internationale de conservation de la nature et la COP15, qui a pour objectif d'établir un plan mondial pour protéger et restaurer d'ici 2050 les écosystèmes indispensables à l'humanité, ont dû être reportés à l'automne 2021. Côté climat, la COP26 prévue à Glasgow (Ecosse) a aussi été retardée d'un an, à novembre 2021 si tout va bien.
 
Le "One Planet" ambitionne donc de "participer à la construction de la mobilisation" pour réussir cette séquence diplomatique en "montrant qu'il est possible d'agir pour la préservation de la planète, de la biodiversité, de façon très concrète".
Concernant la protection des écosystèmes, le sommet veut relancer la "Coalition de la haute ambition pour la nature" - chapeautée par la France, la Grande-Bretagne et le Costa Rica -, avec pour objectif d'y intégrer une cinquantaine de pays, chacun s'engageant à placer 30% de son territoire en espaces protégés.
 
Sur la question des financements en faveur de la biodiversité, il ambitionne de porter une coalition visant à consacrer 30% des financements publics en faveur du climat à des "solutions basées sur la nature" (reboisement par exemple). La création d'une alliance d'investisseurs privés pourrait également être annoncée.
Dans le domaine de l'agroécologie, divers projets devraient être annoncés. Le "One Planet" sera également précédé d'un forum de l'investissement consacré au programme de "Grande muraille verte" de l'Union africaine, qui vise à lutter contre la désertification autour du Sahara. Forum qui a pour objectif d'obtenir des engagements atteignant au total 10 milliards de dollars. Un dispositif de suivi doit également être mis en place.
 
Et sur le dossier lien entre biodiversité et santé, le "One Planet" doit notamment lancer une alliance de recherche sur la "prévention de l'émergence de zoonoses" (Prezode), visant à fédérer divers programmes existants.

Selon AFP - La Tribune - samedi 9 janvier 2021

Biodiversité selon Mr Bruno David...

Il répond aux questions par téléphone depuis son bureau du Jardin des Plantes, à Paris, et décrit avec bonheur le platane d'Orient devant sa fenêtre, planté par le naturaliste Buffon en 1785. "Cet arbre est bien plus grand que moi, mais lui n'a pas bougé depuis 235 ans, explique Bruno David, le président du Muséum d'histoire naturelle. Il ne démultiplie pas son empreinte sur la planète, alors que moi, oui." Dans un livre à paraître le 6 janvier*, le paléontologue et biologiste marin interroge la réalité de la sixième extinction de biodiversité ; après la cinquième durant le Crétacé et la disparition des dinosaures il y a environ 66 millions d'années. "Nous sommes en réalité très loin des crises du passé, explique-t-il. Mais ce qui est inquiétant, c'est le rythme : on va cent à mille fois plus vite en direction d'une crise." A travers des exemples saisissants, l'ancien chercheur au CNRS décrit le drame silencieux qui se noue dans nos campagnes comme au bout du monde, et les différents moyens d'y remédier.
 
Pourquoi existe-t-il selon vous un "match déséquilibré" entre la lutte pour le climat et la préservation de la biodiversité?
Le climat peut être réduit à deux variables que tout le monde connaît : il fait froid ou chaud, il pleut ou il fait beau. Le modéliser n'est pas facile mais on y arrive. La biodiversité, c'est du vivant, des millions d'espèces, des milliers d'écosystèmes ; mais 
aussi une question d'abondance. Tout ça interagit, et il est difficile d'avoir une approche globale

Il est plus difficile de faire les gros titres avec les vers de terre et les collemboles qu'avec les pandas
"
Pourquoi est-il plus facile de préserver la biodiversité que le climat?
Notre effort pour le climat est dilué dans le climat mondial et l'inertie du système est considérable. Si on était tous vertueux en France, ça ne se verrait pas… avant trente ou quarante ans! La biodiversité, elle, est très résiliente et revient très vite : on l'a vu pendant le confinement ou après Tchernobyl. Le retour sur investissement est rapide et gratifiant.
 
Ne s'est-on pas trop préoccupé des pandas et pas assez de la biodiversité locale dont nous dépendons ?
Il faut se préoccuper des deux car il y changera totalement la planète!
 
Pourquoi faut-il davantage regarder le déclin des populations que l'extinction de certaines espèces?
Nous sommes très loin du seuil des grandes crises du passé. Mais des individus de moins en moins nombreux, in fine, ça se termine par une extinction. Or nous avons partout des signes de déclin : les oiseaux et les petits mammifères en France, les insectes en Allemagne, les mammifères en Afrique. C'est exactement ce qui s'est produit lors des précédentes crises.
 
Pourquoi parlez-vous de "crises silencieuses"?
Il n'y a pas d'extinction du jour au lendemain. La représentation romancée où un dinosaure regarde avec terreur une météorite fondre sur lui est totalement fausse. Ces déclins d'abondance étaient en cours depuis dix millions d'années. La météorite, c'est le coup de grâce, mais quand elle arrive, il reste déjà peu de dinosaures. Une lignée finit par s'éteindre quand le nombre de descendants diminue. Ce n'est pas une hécatombe avec des morts partout. Aujourd'hui, on ne marche pas sur des oiseaux morts le long des chemins. Les animaux se reproduisent moins, il y a de moins en moins d'œufs, de poussins, d'individus, et ça finit par affecter les espèces. Le rythme est inquiétant : cent à mille fois plus rapide que celui des crises du passé. C'est aussi la première crise de biodiversité induite par une espèce.
Une étude de 2015 du Muséum montre qu'au fil de soixante-dix ans de dessins animés Disney s'installe un déclin de la biodiversité
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Vit-on une rupture de l'homme avec la nature?
Il s'est toujours pensé hors de la nature. Après la Seconde Guerre mondiale, avec les premiers écolos, on a eu un regard compatissant sur la nature. Mais, en réalité, nous n'avons à être ni contre elle ni à son chevet car nous sommes dedans. On fait partie du jeu. Il faut occuper notre place et rien que notre place. Et ne pas oublier qu'en la protégeant, nous nous protégeons nous-mêmes.
 
Vous trouvez même notre déconnexion avec la nature dans les films de Disney!
Une étude de 2015 du Muséum montre qu'au fil de soixante-dix ans de dessins animés Disney s'installe un déclin de la biodiversité. Blanche-Neige ou Pinocchio étaient entourés de plus de vingt espèces animales, Mulan n'en a eu droit qu'à six. La nature y est de plus en plus simplifiée ; ça traduit une forme de déconnexion, quand bien même les discours portent souvent sur la protection des espèces. C'est un signe culturel inquiétant.
 
Faut-il chiffrer les services rendus par la nature? 
S'il n'y avait plus d'insectes pollinisateurs, ça coûterait entre 2,3 et 5,3 milliards d'euros chaque année en France. Affecter un prix à ce qu'apporte la nature en matière de services de purification de l'air, d'oxygène, de filtrage des eaux, de nourriture, de médicaments, peut aider à une prise de conscience

Il n'y aurait rien de pire que de croire qu'il suffit de se débarrasser des bêtes sauvages pour se débarrasser des virus
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La crise du Covid doit-elle nous inciter à repenser notre lien au monde sauvage?
Il n'y aurait rien de pire que de croire qu'il suffit de se débarrasser des bêtes sauvages pour se débarrasser des virus. Il y a une règle dans la nature : "Kill the winner" ["tuer le vainqueur"]. Les pathogènes vont toujours s'intéresser aux espèces dominantes. Donc supprimer les animaux sauvages, c'est se mettre une cible dans le dos.
 
Pourquoi prônez-vous une transformation lente de nos sociétés?
Je ne vois pas comment le faire brutalement. Quand on a voulu mettre en place une taxe de 6 centimes sur l'essence, les Gilets jaunes sont apparus. Le problème reste l'acceptabilité sociale. On ne peut pas demander à tout le monde le même effort. Ce dont je rêve, c'est que chacun en fasse un à sa mesure. Car il n'y a pas de planète B!

Selon le JDD.



05/01/2021

Maud Fontenoy voit l'océan comme un réservoir de ressources...

Pour Maud Fontenoy, il faut voir l'océan comme une immense bibliothèque, où les animaux et les plantes seraient des livres. "Si vous brûlez ces livres, vous obtenez un peu de feu et un peu d'énergie", explique-t-elle. "Mais vous ne saurez pas tout le potentiel que ces livres nous offrent."
Un ver au super sang:
Et parmi ces "livres de solutions", il en a un qui n'a l'air de rien: le ver arénicole. Ce petit asticot de plage pourrait pourtant révolutionner les transplantions d'organes. "Son hémoglobine transporte 40 fois plus d'oxygène que l'hémoglobine humaine, et transmissible à tous les groupes sanguins", explique Maud Fontenoy
Autre exploit du sang de l'animal : il peut être lyophilisé. Et donc conservé bien au-delà de 3 semaines, contrairement aux poches de sang humain. "On va pouvoir conserver nos greffons qui s'abîment souvent par manque d'oxygène". Pas étonnant donc que le ver arénicole passionne les chercheurs.
Une méduse immortelle
Dans la même veine, la médecine se penche sur une méduse qui mesure 5mm de long, la Turritopsis nutricula. "Elle très étudiée actuellement parce qu'elle est immortelle", indique Maud Fontenoy. "Quand elle vieillit, elle redevient un œuf. C'est un peu comme si on imaginait un vieillard qui reviendrait bébé ou un papillon qui reviendrait chenille."
De quoi fasciner la médecine, qui n'a cependant pas encore trouvé d'applications concrètes pour cette découverte. Mais le milieu de la cosmétique est évidemment très intéressé.


Maud Fontenoy appelle à agir pour la protection des mers et des océans, "la marmite de l'humanité"
Une éponge contre le cancer
De manière plus essentielle, les chercheurs dans la lutte contre le cancer trouvent aussi des solutions dans les océans. "En 1908, on a compris la prolifération des cellules cancérigènes grâce à l'étoile de mer, découverte qui a valu un prix Nobel", dévoile la navigatrice.
Et les avancées dans le domaine continuent aujourd'hui. "L'année dernière, on a découvert une molécule dans certaines éponges de mer qui, peut être, serait efficace dans la lutte contre le cancer", ajoute-t-elle. 
Vers, méduses, étoiles de mer et éponges de mer sont donc autant de raisons supplémentaires de protéger les océans. "Si tu les dégrades, tu pollues ta propre survie. Et tu écrases du pied les solutions en même temps", résume ainsi l'ambassadrice auprès du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse pour l’éducation à la Mer et les classes de Mer.

Selon Mr Alexis Patri - Europe 1 - vendredi 18 décembre 2020

30/12/2020

Voilier Tara en mission scientifique...

"On va prélever de l'invisible". La goélette Tara a mis les voiles samedi depuis Lorient, cap vers l'hémisphère Sud, pour une nouvelle mission scientifique qui doit sonder les mystères des micro-organismes marins, et comprendre le rôle clé qu'ils jouent sur l'écosystème océanique.
Le célèbre voilier conçu par l'explorateur Jean-Louis Étienne s'est élancé en fin d'après-midi, par temps fais et sec, de son port d'attache breton, dont les quais étaient quasiment déserts, Covid oblige.
"C'est très bizarre, d'habitude notre départ est festif, il y a la foule, des animations...", a commenté Romain Troublé, directeur général de la fondation Tara Océan, soulagé que le projet démarre enfin après maints reports liés à la crise sanitaire.
La date finalement arrêtée, samedi, est symbolique, puisque c'est le jour du 5e anniversaire de l'accord de Paris sur le climat. "Elle rappelle que le court terme, avec la crise du Covid, ne doit pas nous faire oublier les enjeux du long terme" du réchauffement climatique, dont l'océan est le "parent pauvre", selon Romain Troublé. Le navire - 36 mètres de long, 10 mètres de large - file droit vers Punta Arenas au sud du Chili, où les premiers scientifiques embarqueront en février. Il doit parcourir au total de près de 38.000 milles (70.000 km) en mer, avec 21 escales, pendant 21 mois.
Objectif: sonder le "microbiome", cette face cachée des océans constituée de millions d'espèces pour la plupart invisibles à l'oeil nu: virus - un simple sceau d'eau de mer en contient dix milliards - , bactéries et organismes unicellulaires ni plantes, ni animaux, comme les protistes ou les archées.
Ils peuvent vivre flottants, attachés aux autres organismes comme le zooplancton, ou à l'intérieur d'autres organismes, à l'instar du microbiote humain, ces milliards de micro-organismes vivant dans notre intestin. 
- "Boule de cristal" - Décrits dès la fin du XIXe siècle par biologiste allemand Ernst Haeckel, et largement répertoriés grâce à la précédente mission "Tara Océans", ces micro-organismes représentent "au moins deux tiers de toute la biomasse des océans", soit quatre fois plus que la biomasse cumulée de tous les insectes sur Terre, explique Chris Bowler, directeur scientifique du consortium Tara Océan. 
Mais de leur fonctionnement, on ignore tout. L'enjeu de "Tara Microbiome" est donc de sonder le "théâtre d'activité" de cette vie microbienne, essentielle à tout l'écosystème océanique, et qui constitue le premier maillon de la chaîne alimentaire.
Comment ce peuple invisible produit-il de l'oxygène ? Comment stocke-t-il le CO2 ? Comment réagit-il au réchauffement climatique, aux pollutions ?
"On va se mettre dans la peau d'un microbe pour comprendre", résume Colomban de Vargas, directeur de recherche au CNRS, co-directeur de la mission "Microbiomes".A bord, l'équipage sondera l'eau de mer jusqu'à 1.000 mètres de profondeur, collectera plusieurs dizaines de milliers d'échantillons, qui seront conservés à des températures de froid extrême dans de l'azote liquide. "On va prélever de l'invisible", ironise Romain Troublé.
Après le Chili, la goélette longera l'Amérique du Sud jusqu'au canal de Panama, transitera par les Antilles françaises, redescendra le long de l'Amazonie, de l'Argentine, puis mettra le cap sur la mer de Weddell, en Antarctique. 
De l'Antarctique, elle remontera en Afrique du Sud, en mars 2022, puis longera le continent africain, avec plusieurs escales, avant de rejoindre Lisbonne en septembre 2022 et de rentrer en France.
Ce trajet assez proche des côtes permettra d'échantillonner des "gradients", des paramètres environnementaux qui changent très rapidement dans un espace réduit du fait de l'interaction entre la Terre et la mer (différences de salinité et de température quand un glacier fond, de niveau pollution quand un fleuve se jette dans le mer, etc.).
"Ces gradients sont un résumé à une petite échelle d'une variation qui va se réaliser à l'échelle planétaire. C'est une boule de cristal", analyse Colomban de Vargas, directeur de recherche au CNRS.
Au total, quinze marins et 80 chercheurs se relaieront à bord, avec 42 institutions scientifiques impliquées dans 13 pays, dont la France, le Chili, le Brésil, l'Italie ou l'Afrique du Sud.
Après Tara Océans, Tara Pacific et Tara Microplastiques notamment, Tara Microbiomes est la 12e mission depuis le lancement, en 2003, de ces expéditions par Etienne Bourgois et Agnès b...

Selon GEO - samedi 12 décembre 2020

29/12/2020

Elevage de faisans pour la chasse dans la Drôme: est-ce de l'agribashing?

L’association One Voice a publié une vidéo, mercredi 2 décembre, tournée dans un élevage de faisans, à Parnans (Drôme). Elle dénonce dans ce clip les conditions de vie de ces animaux destinés à la chasse. L'association a porté plainte contre l'élevage. La propriétaire de l'exploitation pointe, elle, de l'« agribashing ». Le Syndicat des producteurs de gibier de chasse prévoit de porter plainte pour « intrusion illégale sur une propriété privée ».
 
Une nouvelle vidéo choc a été publiée mercredi 2 décembre par l’association One Voice. Elle dénonce les conditions d’élevage de faisans destinés à la chasse, à Parnans (Drôme). Les images montrent des animaux évoluant dans une volière, sur un terrain boueux et détrempé, rapporte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
« En attendant leur dernière heure, les faisans croupissent dans des conditions infâmes », fulmine l’association qui regrette l'absence d'herbe dans leur enclos. One Voice a également relevé que les faisans vivaient au milieu de cadavres de leurs congénères à moitié recouverts de boue.
Aucun problème constaté par la préfecture
La publication de ces images a fait réagir Jean-Christophe Chastang, président du Syndicat des producteurs de gibier de chasse (SNPGC). Selon lui, la vidéo a été tournée en septembre dernier, « avec de forts orages, ce qui explique la boue, et il y a eu une brusque chute des températures qui a pu conduire les faisans à subir un choc thermique ».
La préfecture de la Drôme a indiqué à nos confrères qu’aucune procédure n’avait été établie contre cet élevage et qu'elle n'avait jamais reçu d'alerte le concernant. Aucune anomalie n'est jamais apparue lors des différents contrôles. 
Une plainte déposée
L’association a déposé une plainte contre l’élevage, pour « mauvais traitements commis par un professionnel ». Le SNPGC a également indiqué qu’il comptait porter plainte, pour « intrusion illégale sur une propriété privée ».
Jean-Christophe Chastang a par ailleurs condamné le mode opératoire de One Voice. « Ils filment un moment précis et ils essaient d'en faire une généralité, mais ce n'est vraiment pas la réalité », assure-t-il à France 3. La propriétaire de l’élevage dénonce, elle, de « l’agribashing ». 

Selon NG. - Ouest-France - jeudi 10 décembre 2020

25/12/2020

Les solutions du WWF pour lutter contre la déforestation...

Le WWF mobilise en ce moment l'ensemble des décideurs européens, afin que la Commission propose en 2021 une loi ambitieuse qui offre la garantie aux citoyens européens que leur consommation ne contribue pas à la déforestation. Du reste, une consultation publique organisée par la Commission européenne nous permet nous aussi de participer: wwf.fr/sengager-ensemble/une-loi-contre-la- deforestation.

Par ailleurs, un effort sur l'approvisionnement en huile de palme durable se doit d'être rapide et audacieux pour atteindre l'arrêt de la déforestation dans les forêts d'Asie du Sud-Est. En effet, il faut savoir que la production mondiale de matières premières à fort impact comme le soja  et l'huile de palme affecte plus de 193 espèces menacées sur la liste rouge de l'IUCN...soit respectivement 54% et 64% des espèces de mammifères et d'oiseaux menacées.

Pour nous consommateurs il y a plusieurs façons de lutter contre la déforestation notamment par l'adoption de pratiques de consommation durables et engagées. Par exemple il suffit de boycotter l'huile de palme, de ne manger que de la viande locale et d'arrêter de manger du poulet nourri au soja. Il est bien entendu nécessaire de mettre en place également une réglementation stricte sur les chaînes d'approvisionnement alimentaires. Les entreprises et les gouvernements sont donc invités à s'engager à favoriser cette mise en place.

Lyliane

16/12/2020

Commerce d'animaux sauvages... un facteur d'érosion de la biodiversité.

La vente d’animaux sauvages – en tant que nourriture, ingrédients pour la médecine traditionnelle ou animaux de compagnie – est aujourd’hui reconnue comme un facteur majeur de l’érosion de la biodiversité.
La surexploitation de ces animaux, associée à la dégradation et à la fragmentation de leurs habitats, a ramené les effectifs de nombreuses espèces dans la nature à des nombres très réduits. Pis : elle compromet la survie de nombreuses espèces à court, moyen et long terme. Les grands mammifères (tigres, éléphants, lions, etc.), plus connus du grand public parce que plus médiatisés, en sont une parfaite illustration. Néanmoins, cette menace pèse d’une manière plus sournoise et plus silencieuse sur un grand nombre d’espèces moins connues.

Une étude publiée en 2019 dans la revue Science estime que sur plus de 31.500 espèces animales terrestres (oiseaux, mammifères et reptiles), près de 18 %, soit 5.579 espèces, sont sujettes au commerce. Selon l’étude, dans les années à venir, ce sont pas moins de 8.775 espèces qui seront menacées d’extinction du fait des activités commerciales.
Le commerce du perroquet en Algérie

Jusqu’ici, les études scientifiques documentant le commerce légal et illégal d’animaux sauvages se sont principalement focalisées sur certaines régions, en particulier les grands pays importateurs et exportateurs de faune et de flore sauvage et des produits
qui en sont issus (Chine, Indonésie, Malaisie, Singapour, Brésil, États-Unis…). En revanche, ces études n’accordaient qu’une attention réduite aux pays d’Afrique du Nord, en dépit du fait que leur position géographique leur confère un statut de porte d’entrée vers les pays consommateurs (Europe et Amérique du Nord). Ce sont ces raisons qui nous ont poussés à démarrer en 2017 une étude sur la portée du commerce d’espèces animales sauvages en Algérie.
Une partie de nos résultats publiés dans la revue Ostrich traite du commerce du perroquet gris du Gabon « Psittacus erithacus » et du perroquet Timneh « Psittacus Timneh » en Algérie. Ces deux espèces vivent principalement dans une bande étroite de l’Afrique centrale, allant de la Côte d’Ivoire à l’ouest jusqu’au Kenya à l’est. Ce qui veut dire que l’ensemble des spécimens observés en vente a été importé. Ces deux espèces sont aussi considérées par l’ Union internationale de la conservation de la nature (UICN) comme menacées d’extinction, du fait de la fragmentation de leur habitat naturel et surtout à cause de la surexploitation dont elles font l’objet afin d’alimenter la demande locale et internationale d’animaux de compagnie.


Nos résultats indiquent que malgré l’interdiction du commerce international de ces espèces suite à leur classement dans l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, des quantités assez importantes sont commercialisées. Durant la période d’étude, qui a duré de juillet 2017 à mars 2019 pour l’enquête en ligne, et d’août à septembre pour les marchés de rues et les animaleries, nous avions estimé que plus de 600 spécimens ont été mis en vente sur l’ensemble de l’Algérie. Les perroquets sont acheminés et vendus illégalement, dans les marchés de rue, dans les animaleries, et surtout sur les plates-formes de vente en ligne. Ces ventes se font sans aucun contrôle apparent de la part des autorités, ce qui constitue un manquement aux lois en vigueur qui interdisent la vente d’animaux sauvages inscrits dans l’annexe I de la CITES.

Le perroquet brésilien et le gris d’Afrique sont tous les deux menacés d’extinction © Ahmad Al-Rubaye/AFP
Il est aussi important de signaler que le nombre élevé de spécimens vendus en ligne va dans le sens d’autres travaux qui indiquent un glissement des ventes d’animaux sauvages des marchés physiques vers les marchés en ligne. Ce qui souligne les nouveaux défis imposés par le développement technologique, en matière de conservation de la biodiversité. Le manque de littérature scientifique à ce sujet ne permet pas pour le moment de proposer des solutions tangibles permettant de renverser cette tendance, mais offre plutôt des pistes à explorer concernant l’étude des comportements des consommateurs, qui in fine pourraient servir à l’élaboration de stratégies de changement de ces comportements.
Quelques pistes pour renverser la tendance

Les entretiens que nous avons menés dans le cadre de notre enquête avec des vendeurs de perroquets gris indiquent que près de 50 % d’entre eux ignorent que ces oiseaux sont des espèces menacées et que leur vente en Algérie est illégale.

Les résultats mettent l’accent sur des points très importants pour la conservation de la faune sauvage. Tout d’abord, il est nécessaire de veiller à une meilleure application de la réglementation internationale et nationale en matière de commerce d’animaux sauvages. Il convient notamment pour cela d’adapter la réglementation régissant le commerce en ligne afin d’endiguer le trafic d’animaux et de plantes sauvages sur nternet.
Des actions concrètes devraient être entreprises par les agences gouvernementales, les organisations non gouvernementales et la communauté scientifique pour développer des stratégies permettant de diminuer le trafic d’animaux sauvages.

Une première étape serait d’inviter les compagnies de vente en ligne qui ne l’ont pas encore fait à ajouter l’interdiction de la vente d’animaux sauvages à leurs conditions d’utilisation. Il faut aussi essayer de mettre en place des filtres permettant de détecter toute annonce frauduleuse. Ces filtres consisteraient en des programmes capables de détecter et de signaler les annonces comportant les noms des espèces inscrites à l’annexe I de la CITES ou interdites à la vente dans le cadre des législations locales. Bien sûr, l’élaboration de ces filtres nécessiterait une collaboration des différents acteurs agissant dans le domaine de la conservation pour mettre en place une telle base de données. Il faut surtout réussir à l’actualiser chaque fois que les vendeurs changent les qualificatifs qu’ils utilisent pour décrire leurs produits, ce qui constitue un défi considérable.
Une seconde requiert l’organisation de campagnes de sensibilisation visant à informer non seulement le grand public mais surtout les consommateurs de ces produits. Cette démarche aurait pour objectif de réduire la demande en expliquant l’impact de ces activités sur la biodiversité, mais aussi l’éventuelle implication de ces consommateurs dans des activités illégales, ce qui pourrait les amener à changer de comportement.

Enfin, une réflexion plus globale sur les sanctions pénales liées au trafic d’animaux sauvages devrait être entreprise. De l’avis de nombreux experts, les sanctions liées à ce genre de crime sont dans de nombreuses régions du monde en inadéquation non seulement avec les dégâts causés à la nature, mais aussi avec les profits générés par ce trafic dont le chiffre d’affaires annuel est estimé à plus de 20 milliards de dollars.


Cette analyse a été rédigée par Sadek Atoussi, Maitre de conférences en écologie à l'Université 8 Mai 1945 (Guelma, Algérie). L’article original a été publié sur le site de The Conversation.



14/12/2020

Retour prometteur de la baleine bleue...

Des chercheurs ont mené une vaste analyse sur la distributions des baleines dans les eaux de Géorgie du Sud, au nord de l'Antarctique. Ils ont constaté que l'espèce connaissait un retour prometteur plus de 50 ans après l'interdiction de la chasse.
Après le rétablissement exceptionnel observé chez des baleines à bosse, c'est au tour d'un autre cétacé de faire son grand retour : la baleine bleue. Selon une récente étude publiée dans la revue Endangered Species Research, l'espèce a montré une abondance inattendue dans les eaux entourant la Géorgie du Sud.
Cette île du Royaume-Uni est située au sud de l'océan Atlantique, à quelque 4.000 kilomètres au nord des côtes de l'Antarctique. Etendue sur 3.700 kilomètres carrés, elle ne compte aujourd'hui que très peu d'habitants - moins d'une cinquantaine - mais elle a autrefois joué un rôle crucial dans l'industrie de la chasse à la baleine.
Plus de 175.000 baleines tuées en 60 ans
La première station baleinière de Géorgie du Sud s'est installée dès le début du XXe siècle. Et les activités de pêche se sont rapidement intensifiées. Durant la saison 1925-1926, quelque 7.800 cétacés ont été tués dont 1.855 baleines bleues (Balaenoptera musculus), selon des données du Committee for Whaling Statistics.
Entre 1904 et 1965, ce sont plus de 175.000 spécimens qui sont passés par les stations de l'île, d'après le South Georgie Heritage Trust. Les dernières décennies, les cétacés se sont toutefois faits de plus en plus rares dans les eaux environnantes, provoquant un déclin de l'industrie.L'une des premières et principales stations baleinières de Géorgie du Sud étaient installées dans la baie de Grytviken (ici en photo). © Jens Bludau/CC BY-SA 3.0
"Au début des années 1900, les eaux de la Géorgie du Sud étaient remplies de baleines bleues. En un peu plus de trente années, elles avaient toutes disparu", expliquent les auteurs dans leur étude. Cette chute dramatique de l'espèce a poussé la Commission baleinière internationale (CBI) à interdire sa chasse en 1967.
Mais le mal était fait. L'espèce avait disparu pour de bon de la région. "L'absence continue des baleines bleues en Géorgie du Sud a été considérée comme un exemple iconique d'une population exploitée au-delà de sa capacité à se rétablir", a expliqué Susannah Calderan de la Scottish Association for Marine Science (SAMS).
Des observations inattendues
Quarante après, les effets de la chasse intensive se faisaient encore sentir. Entre 1998 et 2018, des études menées par bateau au large des côtes de l'île avaient dénombré à peine une observation de baleine bleue. De récentes recherches suggéraient toutefois de meilleures nouvelles.
"Ces quelques dernières années où nous avons travaillé en Géorgie du Sud, nous sommes devenus assez optimistes quant aux nombres de baleines bleues observées et entendues autour de l'île", a poursuivi la chercheuse et principale auteure du rapport dans un communiqué. Mais ils ne s'attendaient pas à obtenir de tels résultats.
En plus de partir à la recherche des cétacés, les scientifiques ont collecté des données du South Georgia Museum issus de navigateurs et de navires touristiques ainsi que des photographes des spécimens. Ils ont également utilisé des dispositifs d'enregistrement pour détecter les sons émis par les mammifères marins.
A terme, les résultats ont permis le recensement de 58 baleines sur un e distance de 2.430 kilomètres et à la photo-identification de 23 individus. Avec les autres données, ce sont au total 41 individus qui ont pu être photo-identifiés entre 2011 et 2020 dont aucun ne correspondait aux 517 spécimens du catalogue des baleines bleues de l'Antarctique.
Une avancée "vraiment positive"
"Cette année a été particulièrement enthousiasmante, avec plus d'observations de baleines bleues que nous n'aurions jamais pu imaginer", a confié Susannah Calderan. Pour les chercheurs, ces effectifs laissent présager un retour progressif de l'espèce dans les eaux entourant la Géorgie du Sud.L'étude menée par les chercheurs a abouti au recensement de 58 baleines bleues en 2020 dans les eaux de Géorgie du Sud.© NOAA
Bien que les études doivent se poursuivre pour suivre l'évolution de l'espèce, "c'est une formidable découverte et une avancée vraiment positive pour la conservation des baleines bleues de l'Antarctique", a renchéri le Dr. Jennifer Jackson, écologue de la British Antarctic Survey qui a dirigé les expéditions et co-auteure de l'étude.
On ignore pourquoi il a fallu plusieurs décennies aux cétacés pour revenir dans ses eaux pourtant riches en krill, ces petits crustacés qui constituent leur principale nourriture. Au sein d'une population, les baleines se transmettent diverses pratiques telles que les vocalisations, les techniques de chasse mais aussi leurs zones d'alimentation.
Selon Susannah Calderan, il est ainsi possible "qu'il y ait eu tant de baleines tuées en Géorgie du Sud que cela ait provoqué une perte de mémoire culturelle dans la population". Autrement dit, qu'elles aient oublié que la région était une zone d'alimentation et qu'elles viennent seulement de la redécouvrir.
Des eaux désormais protégées
Si tel est le cas, les baleines bleues pourraient bel et bien y faire leur retour comme elles l'ont déjà fait en Antarctique. D'autant plus que le gouvernement de l'archipel de Géorgie du Sud-et-les îles Sandwich du Sud a récemment transformé ses eaux en un vaste sanctuaire marin étendu sur 1,2 million de kilomètres carrés.
Avec la création de cette nouvelle aire marine protégée, "nous espérons que cette hausse d'effectifs des baleines bleues est un signe des choses à venir et que notre recherche peuvent continuer à contribuer à une gestion efficace de la zone", a conclu le Dr. Jennifer Jackson.
La sous-espèce des baleines bleues de l'Antarctique est aujourd'hui classée en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Selon  GEO - mercredi 25 novembre 2020

06/12/2020

Ferme des 1000 vaches...

"Nous arrêtons la collecte du lait à partir du 1er janvier 2021", a déclaré à l'AFP ce vendredi 4 décembre un porte-parole de la ferme picarde dite "des 1000 vaches", confirmant une information du Courrier picard.
"Manque de visibilité" 
Avant d'être vendues ou "envoyées à l'abattoir" pour une partie, les quelque 800 vaches laitières du site vont entrer dans l'étape de "tarissement, c'est-à-dire la modification de leur alimentation pour qu'elles produisent moins de lait", a indiqué ce porte-parole. 
La ferme a justifié cette décision par un contexte défavorable et "le manque de visibilité", dû notamment à la réorientation de la coopérative belge chargé de la collecte. 
"Si nous avions eu 1000 vaches, le modèle était viable. Il était intéressant car il permettait aux éleveurs de se regrouper et aux équipes de tourner (...) Or, nous n'avons pas obtenu l'autorisation", a déploré la même source.
Une activité de culture maintenue
Les 1000 hectares de terres seront conservés pour y maintenir l'activité de culture, blé, lin, betteraves et pommes de terre.
Contacté par l'AFP, le porte-parole de l'association Novissen, farouchement opposé au projet, s'est dit "satisfait de constater que l'Etat de droit est enfin respecté". 
"C'est une page qui se tourne" après "un long combat de 10 ans", a réagi Francis Chastagner, saluant "une décision importante aussi pour tous les autres combats contre des projets industriels similaires actuellement en route", et qui va "encourager les collectifs et associations à ne pas désespérer".
La Confédération paysanne a elle aussi salué une "victoire majeure" contre "un symbole de l'industrialisation de l'agriculture". "Ce modèle économique destructeur pour les paysan.ne.s, la vie des territoires et la planète n'est pas viable", a-t-elle écrit sur Twitter.
Ouverte en septembre 2014 à Drucat, près d'Abeville (Somme), l'exploitation géante avait fait l'objet d'un long combat judiciaire. Fin 2019, la justice avait obligé le site à ramener son cheptel à 500 bovins et à payer des pénalités pour avoir dépassé "de 59%" l'effectif fixé par l'Etat.

Selon BFM-TV

26/11/2020

Ruralité: Eleveurs bio contestés par leurs voisins...

C'est un peu l'histoire du pot de terre contre le pot de fer. À Adainville, village de 760 âmes situé aux confins du département, la tension est à son comble.
D'un côté, un couple d'éleveurs qui souhaite installer un haras et un petit cheptel de vaches, en agriculture biologique. De l'autre, une poignée de riverains, dont l'éditrice Odile Jacob, qui tient à conserver une certaine quiétude dans ce petit coin de campagne. L'histoire pourrait bien devenir l'un des symboles de la dualité d'une certaine ruralité francilienne.
Fabien Le Coidic et sa compagne Agathe Guérin louent actuellement une ferme sur la commune voisine de Poigny-la-Forêt. Problème : les deux quadragénaires doivent quitter les lieux d'ici le mois de mars au risque de se voir infliger de lourdes pénalités. Or voilà près de dix ans qu'ils sont à la recherche de nouvelles terres
43 ha à Adainville, une opportunité en or
Alors quand la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), qui aide les professionnels à s'installer, leur délivre récemment le droit d'acheter 43 ha à Adainville, le couple saute logiquement sur l'occasion.
« On était dans les clous pour le permis de construire. On a fait en sorte que notre projet colle avec le plan local d'urbanisme », raconte Agathe. Entre des terrains a chetés 300 000 euros et un projet d'urbanisme à 700 000 euros, l'enjeu financier est de taille pour le couple. Mais rapidement, les deux agriculteurs doivent faire face à une opposition farouche en provenance de trois maisons voisines.
L'éditrice Odile Jacob au premier rang des opposants
« Ce n'est pas une exploitation agricole comme une autre. On parle d'un haras où il va y avoir beaucoup de passages, des constructions. Cela suppose une profonde transformation des lieux », argumente l'avocate Corinne Lepage, qui représente Odile Jacob et son mari Bernard Goetlieb dans cette affaire. « Quand on dit que Madame Jacob a un problème avec le monde agricole, ce n'est pas vrai », assure l'ancienne ministre.
La municipalité a bien tenté de calmer le jeu en évoquant « un projet à taille humaine ». En vain. « Il faut se rendre compte qu'on a reçu des présentations de projets qui auraient pu être moins confortables pour les habitants du village, explique le maire Jean-Marc Raimondo (SE). Demain, si le projet est rejeté, la préfecture peut très bien décider d'installer une aire de grand passage. On n'aura pas notre mot à dire ».
Fabien et Agathe ont de leur côté fait certifier leur cheptel et leurs terres en bio. Ils élèvent une douzaine de vaches issues d'une race menacée, la « Bretagne Pie Noire ». « Je suis loin de l'élevage intensif, c'est d'ailleurs tout le contraire, assure Fabien. Je ne pensais pas être accueilli comme ça, surtout en arrivant avec un projet bio et écolo ».
Une tentative vaine de consensus
Une réunion de concertation a été organisée entre les différentes parties sous la houlette de la sous-préfecture de Mantes-la-Jolie. Là encore, sans résultat.

« On a été tous extrêmement déçus et surpris par l'absence de prise de conscience de la part des opposants, confie l'élu. Ils jouent sur leur position intouchable et sur leurs relations pour faire fléchir un pauvre petit maire de village ».
Bruno Millienne, le député MoDem de la circonscription, présent ce jour-là autour de la table, dit lui aussi son agacement : « On parle d'un élevage bio d'une race bovine en voie de disparition. Le projet est légal de A à Z. Une partie des opposants n'est sur place que 150 jours par an, essentiellement le week-end. Il faut qu'ils comprennent qu'ils sont dans un milieu rural et agricole, ce sont à eux de s'adapter à l'environnement ».
Dans un souci d'esthétique et d'apaisement, le projet a légèrement été modifié. Les bâtiments vont être construits en bois, à l'opposé des habitations. Précisément à 450 m de la première maison.
Toujours insuffisant pour les voisins. Il y a une semaine, les deux recours gracieux déposés contre le permis de construire sont tombés à échéance. « On n'a eu aucune réponse du maire, ce qui équivaut à un refus », précise Corinne Lepage qui s'apprête à déposer un autre recours dans les prochains jours.
Deux visions de la ruralité opposées
Pour le monde agricole, les péripéties du couple d'éleveurs relève de « l'incompréhension ». « Finalement ce sont deux visions de la ruralité qui s'opposent frontalement, estime Thomas Robin, vice-président de la chambre d'agriculture d'Ile-de-France en charge des Yvelines. Certains considèrent la campagne comme un lieu de villégiature où il fait bon se reposer. Il va un jour falloir une cohérence entre les attentes des consommateurs qui veulent des produits locaux issus du circuit court et la réalité pour les mettre en œuvre ».
« Il y a un vrai message à faire passer, conclut le maire d'Adainville. Il faut soutenir ce genre de projet si on ne veut pas voir mourir nos villages dans les années futures ». On dénombre actuellement quatorze élevages de bovins bio en Ile-de-France, dont quatre dans les Yvelines.

Selon Mme Virginie Wéber - Le Parisien - jeudi 8 octobre 2020

23/11/2020

Le tapir et le bousier, deux "sauveurs" inespérés pour la forêt amazonienne...

Dans le dossier médical du journal "La pharmacie secrète de dame nature", un article de Mr Didier Blonay a attiré mon attention. Il concerne, en effet, la découverte que vient de faire le Professeur Lucas Paolucci, chercheur à l'Université fédérale de Viçosa et membre de l'Amazon Environnemental Research Institute. Ce dernier travaille avec son équipe  depuis 2016 sur les brûlis des zones dévastées en Amazonie. Or, il a repéré qu'un animal, mammifère ongulé qui pèse entre 150 et 300kg, le tapir, n'est pas pour rien appelé "le jardinier des forêts". Il mange fruits et graines de nombreuses espèces végétales et se soulage en pleine nature, de préférence dans les zones brûlées, des graines à travers ses excréments. Ainsi, ces graines sont dispersées et vont peu à peu servir à reboiser ces secteurs dévastés de manière volontaire ou accidentelle.

Comme le professeur Paolucci l'a publié dans la revue américaine "Biotropica", les tapirs passent beaucoup plus de temps dans ces zones endommagées par les incendies et "ils sont de ce fait des auxiliaires précieux pour réensemencer, régénérer et restaurer les parties de forêt en souffrance". Malheureusement, ce mammifère est mal protégé et au Brésil, il est de plus en plus menacé par la chasse et la déforestation. Un autre animal contribue plus modestement à ce travail de reboisement salvateur. Il s'agit du bousier, une sorte de scarabée coléoptère coprophage. Il se nourrit, en effet, des excréments de mammifères (bouses, crottins...), dont les crottes de tapir, et il enterre celles-ci avec les graines contenues, favorisant ainsi leur germination.

Ainsi, sur place, des solutions de longue haleine mais néanmoins encourageantes sont à l'oeuvre! Espérons que les êtres humains sauront protéger la faune et la flore de leurs régions, car ce sont finalement des alliés de choix pour notre propre survie et celle de nos descendants.

Lyliane

14/11/2020

A propos de la résistance des boeufs africains...

Ils sont essentiels à la vie économique et sociale de nombreuses populations sur le continent : les boeufs font preuve d'une adaptation remarquable aux contraintes climatiques et sanitaires en Afrique. Un groupe international de chercheurs a voulu comprendre d'où viennent leur robustesse. Ils ont donc étudié le code génétique de 172 bovins issus de 16 races représentatives comme les très répandues sanga, zanga et zébu. Les résultats de la recherche ont été publiés lundi 28 septembre dans Nature Genetics.

En Afrique, les bovins sont majoritairement issus d'un croisement entre deux espèces bien distinctes : Bos taurus et Bos indicus.
Des traces de Bos taurus ont été retrouvées dans l'actuel Soudan, 7000 ans avant notre ère. L'animal s'est ensuite répandu à l'est puis à l'ouest du continent. Bos indicus, couramment appelé zébu, est lui arrivé d'Asie 700 ans après le début de notre ère.
Le métissage entre les deux espèces s'est fait naturellement en deux ou trois siècles. Selon les chercheurs, les bovins actuels issus de ces croisements ont hérité des caractéristiques de chacun de leurs ancêtres, ce qui a décuplé leur adaptabilité : de Bos taurus, l'Africain, la résistance aux climats chauds et humides et une meilleure défense face à la maladie du sommeil transmise par la mouche tsé tsé. Bos indicus, l'Asiatique, a quant à lui transmis une résistance aux climats chauds et secs cette fois et aux attaques de tiques.
Les chercheurs concluent leur étude en recommandant donc de nouveaux croisements avec des espèces exotiques pour améliorer encore la résistance du bétail en Afrique et contribuer à garantir la sécurité alimentaire du continent.

Selon RFI - RFI - mardi 29 septembre 2020

10/11/2020

Quelles actions entreprendre en faveur du milieu marin?

Mme Maud Fontenoy, écrit Mme Christine Vilnet dans Version Fémina, nous propose divers gestes pour dépolluer les côtes et les berges des fleuves, notamment en généralisant partout l'interdiction des objets à usage unique et en développant la recyclabilité des plastiques. Demandons aussi à nos ministres de restreindre la pêche des espèces en danger comme : rougets, dorades, loups, mérous, sardines et anchois. Des nurseries de poissons  (programme Casciomar) consistent à repeupler les zones côtières. L'intérêt des pêcheurs, en effet, est de faire en sorte que les populations de poissons soient renforccées.

A notre niveau individuel, commençons par refuser d'enfouir les mégots de cigarettes dans le sable et par demander à nos élus la multiplication des plages sans tabac. L'opération de nettoyage du littoral comme "Berges saines" (www.seineenpartage.fr ou www.initiativesoceanes.org) permet de sensibiliser des citoyens et notamment des parents à mieux respecter l'univers marin. Ainsi, peu à peu à travers leur exemple les enfants doivent apprendre à ne plus jeter leurs emballages n'importe où. Quand nous faisons nos courses, n'achetons que du poisson provenant d'une pêche durable. Pour les poissons de mer et les coquillages, privilégier le label MSC (Marine Stewardship Council) et pour les poissons d'élevage, optons pour un label bio.

Pour soutenir l'engagement de la navigatrice, achetons et offrons l'ouvrage qui vient de paraître: "Bleu, un océan de solutions" (Belin) illustré de photos de Mr Yann Arthus--Bertrand.

Lyliane

06/11/2020

Nicolat Hulot s'insurge contre la réintroduction des néonicotinoïdes...

L'Assemblée nationale s'empare lundi du projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves, en dépit de la ferme opposition du camp écologiste et de certains dans la majorité. Jean-Charles Colas-Roy, le Monsieur environnement de La République en marche (LREM), a ainsi annoncé qu'il ne votera pas le texte lors du scrutin prévu mardi. Dans Le Journal du dimanche, Nicolas Hulot, l'ancien ministre de la Transition écologique d'Emmanuel Macron de 2017 à 2018, s'oppose à la prolongation de l'usage de ces pesticides.

Les députés voteront mardi une dérogation permettant l'usage des néonicotinoïdes, interdits en 2016. Que leur dites-vous?
J'appelle les députés à ne pas voter cette loi. Prolonger l'usage des néonicotinoïdes pour la filière de la betterave, alors que leur interdiction a été votée en 2016, ce n'est pas une solution, ce n'est pas constructif, ce n'est pas prospectif. Le secteur de la betterave est depuis longtemps en difficulté pour des raisons structurelles. On se retrouve dans une de ces situations où les perdants seront des deux côtés : abeilles et agriculteurs. C'était déjà pareil pour le glyphosate. L'État se fixe des objectifs ambitieux, mais ensui
te, il ne fait pas grand-chose pour les atteindre.
"

Le problème ne vient pas de chez Barbara Pompili, mais des autres ministères
"
Y compris vous-même, quand vous étiez ministre?
Le secteur de la recherche, notamment avec l'Inrae, comme le secteur agricole, n'ont pas bougé depuis que la loi a été votée. Si le ministère de l'Agriculture et celui de la Recherche ne donnent pas les moyens pour accompagner l'évolution en profondeur de l'agriculture et sortir de la dépendance aux pesticides, nous n'y arriverons pas.

 Réintroduction des néonicotinoïdes : la betterave est toujours un champ de bataille
Pourquoi refuser cette prolongation?
Les néonicotinoïdes sont des pesticides, dont certains sont 7.000 fois plus toxiques que le DDT. Toute la littérature scientifique le montre. On trouve des résidus dans les cours d'eau et dans les sols et cela détruit la biodiversité, en premier lieu les insectes et les abeilles. Or le travail de pollinisation des abeilles pour l'agriculture est absolument irremplaçable. À l'échelle du monde, la valeur écosystémique du travail des abeilles, c'est l'équivalent de 153 milliards d'euros par an.

Sans dérogation, 46 000 emplois seraient menacés. Que faire?
Réautoriser les néonicotinoïdes n'est pas la solution. Et on ne peut pas laisser ce secteur au bord de la route. Il faut donc les aider, tout en ayant une vision de plus long terme. Ma fondation a estimé les pertes pour cette année à 77 millions d'euros pour les betteraviers. Indemnisons-les en échange de la mise en place de pratiques : allongement des rotations, réintroduction des haies… Idem pour l'industrie sucrière : il faut fixer des contreparties en matière d'emploi et de transition pour un secteur qui va déjà mal. Nous ne nions pas le problème, mais on ne découvre pas non plus cette situation.

Barbara Pompili, qui vous ­succède, estime que cette dérogation est la seule solution 

pour sauver la filière… Barbara Pompili est confrontée à la complexité de la décision. Je ne lui jette pas la pierre. J'ai été dans des situations identiques en ayant à gérer des injonctions contradictoires. Je comprends tellement les difficultés qu'elle rencontre… Le problème ne vient pas de chez elle, mais des autres ministères. Y a-t-il, quelque part, une vision qui émerge sur une nouvelle politique agricole? Je la cherche désespérément. Pourtant, il n'y a jamais eu autant de paramètres réunis pour faire muter l'agriculture française : il y a une demande sociétale de produits de qualité et de proximité. Et nous avons aussi ce fantastique levier de la restauration collective. La politique agricole commune ­représente 50 milliards d'euros par an au niveau européen. C'est notre argent. Chaque euro doit faire jaillir le modèle de demain. Si le bio avait eu autant d'aides que l'agriculture conventionnelle, aujourd'hui, il serait accessible à tout le monde.
"

Y a-t-il ­besoin de se précipiter dans le "toujours plus", "toujours plus vite" au risque de ne plus savoir où l'on va?

Le plan de relance n'est-il pas une bonne nouvelle pour l'écologie?
Il y a du mieux. Les choses ne peuvent pas être pires que quand j'étais là… Il y a des avancées sur la rénovation des bâtiments, sur l'hydrogène, si toutefois il est produit à partir d'énergies renouvelables et utilisé pour certains secteurs. J'avais obtenu péniblement un plan hydrogène de 100 millions d'euros qui avait finalement été retoqué. Là, le plan se compte en milliards. Mais ce qui est prévu pour le modèle agricole n'est pas du tout suffisant. Dans ce plan de relance, il y a 30 milliards pour l'écologie, mais il faut aussi regarder comment seront dépensés les 70 autres milliards : est-ce que chaque euro est conditionné à des engagements des entreprises dans le domaine de la transition écologique? La question, c'est : est-ce qu'on en fait assez?
 Prix, mafia, faux certificats : enquête sur "les imposteurs du bio"
Êtes-vous favorable à la 5G?
Rien ne nous empêche de prendre le temps, d'évaluer les impacts et la nécessité d'aller plus vite dans le numérique. Y a-t-il ­besoin de se précipiter dans le "toujours plus", "toujours plus vite" au risque de ne plus savoir où l'on va? Par ailleurs, le monde numérique est excessivement toxique en matière d'impacts climatiques. Donc tout cela mérite un temps de pause. Ce serait le signe d'une démocratie saine.

Emmanuel Macron a comparé les opposants à la 5G à des Amish…
Cette formule n'était pas utile. Se moquer des écologistes et de l'écologie, c'est oublier que sur beaucoup de sujets, ils ont souvent eu raison. La modernité, ce n'est pas d'être aveuglé par le succès de la technologie. Reconnaissons que l'écologie est le sujet central du XXIe siècle. Au moment où l'Amazonie est en feu et où la banquise fond comme neige au soleil, un peu d'humilité ne ferait de mal à personne.

 Selon Arthur Nazaret - leJDD - samedi 3 octobre 2020

23/10/2020

Préservation des espèces...

Une bien maigre consolation. Ce jeudi 10 septembre, un nouveau rapport publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF) montrait qu'entre 1970 et 2016, 68 % de la faune sauvage a disparu. Néanmoins, tout n'est pas perdu. D'après une étude de l'université de Newcastle et de l'ONG BirdLife international, publiée dansConservation Letters, reprise par The Guardian et Le Courrier international, les efforts mondiaux pour préserver la biodiversité depuis 1993 ont permis de sauver 48 oiseaux et mammifères parmi lesquelles le condor de Californie, le cochon pygmée et le lynx pardelle.
En 1993, la convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations unies entrait en vigueur afin d'encourager les États à agir pour préserver toutes formes de vie sur terre. D'après l'étude en question, le taux d'extinction des oiseaux et mammifères aurait été trois à quatre fois supérieur en cas de non-action à l'échelle planétaire. « La disparition complète de certaines espèces peut être stoppée si nous en avons la volonté suffisante », s'enthousiasme Phil McGowan, coauteur de l'étude, dans The Guardian. Phil McGowan, qui est chef du groupe de travail de la commission de sauvegarde des espèces de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), et ses coauteurs préviennent néanmoins que bon nombre d'espèces sont encore en danger.

Pour survivre, les oiseaux ont changé de corpulence. Marco Lambertini, le directeur mondial du WWF, attend d'ailleurs beaucoup de ces prochains mois. En effet, plusieurs grandes réunions internationales sur la biodiversité, reportées cette année en raison de la crise sanitaire, devraient être organisées en 2021. « Nous avons un devoir moral de coexistence avec la planète, mais maintenant il y a aussi cet élément nouveau, l'impact sur nos sociétés, notre économie et, bien sûr, notre santé », fait savoir Marco Lambertini. Tout reste encore à faire?

Selon Le Point-vendredi 11 septembre 2020

16/10/2020

Pas de forage pétrolier en Alaska pour préserver les caribous

Les Etats-Unis ont déjà signé des accords internationaux avec le Canada pour préserver cette réserve naturelle, sanctuaire de nombreuses espèces animales.

Le Canada a apporté ce jeudi son soutien aux groupes qui contestent les futurs forages pétroliers en Alaska. Le programme industriel menace, selon les défenseurs de l’environnement, la population de caribous dans la région.

En août dernier, le gouvernement américain a approuvé des forages pétroliers et gaziers dans la réserve naturelle de l’Arctique. La vente de concessions pétrolières dans cette zone pourrait commencer dès fin 2020, selon le ministre de l’Intérieur américain.

— Jonathan Wilkinson (@JonathanWNV) September 3, 2020

Une harde d’une « importance inestimable »

Des associations ont engagé fin août aux Etats-Unis deux actions en justice pour tenter de bloquer l’exploitation industrielle de la réserve. Le Canada s’oppose depuis longtemps à cette exploitation, qui pourrait avoir de graves répercussions sur la harde de caribous de Porcupine, une des rares encore en bonne santé, ainsi que les populations d’ours polaires et d’oiseaux migrateurs.

Ottawa et Washington ont déjà conclu des accords internationaux pour la préservation de cette harde. Le Canada a créé deux vastes parcs nationaux dans la plaine du Yukon, près de la réserve, pour protéger les caribous. Cette harde « est d’une importance inestimable pour la culture et la subsistance des Gwich’in et des Inuvialuits », a indiqué le ministre canadien de l’Environnement.

Le gouvernement canadien fait « front commun » avec le gouvernement du Yukon et les représentants autochtones « dans leur engagement pour la préservation de cette harde et de son habitat », a-t-il ajouté. « Le Canada va continuer d’exprimer ses inquiétudes aux Etats-Unis concernant une exploitation pouvant affecter » la harde, a-t-il conclu.
Selon 20 Minutes - vendredi 4 septembre 2020

 

15/10/2020

Que pouvons nous faire pour sauver les mers et les océans?

Chaque pays est responsable d’une partie de la mer qui est proche de lui, au moins sur les 200 premiers milles marins (370 kilomètres). Plus on s’éloigne des côtes, plus la mer devient une zone «très difficile à contrôler parce qu’elle appartient à tout le monde et donc à personne. Il n’y a pas de force internationale pour faire la police des mers donc il y a des activités illégales», explique Cristina Barreau, juriste maritimiste de l’association de protection des océans Surfrider. ors comment nettoyer les océans ? «On ne peut pas récupérer le plastique parce qu’il y en a trop, que c’est très dur de nettoyer les microplastiques et qu’il en arrive toujours plus, tranche Jean-François Ghiglione, directeur de recherche pour le CNRS à l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer. On fait quoi quand on a de l’eau du robinet qui coule au sol ? On éponge pendant toute sa vie ou on coupe le robinet ? La solution est de produire moins de déchets.» Il existe des matières qui peuvent remplacer le plastique, mais elles coûtent bien plus cher.

Si rien n’est fait d’ici à 2050, il y aura plus de déchets plastiques que de poissons dans les océans. Alors il faut agir. «Au départ, le plastique est fait pour durer. Il y a une grande différence entre un jouet en plastique et l’emballage plastique d’un paquet de gâteaux qui est tout de suite jeté», remarque Jean-François Ghiglione. En 2021, une dizaine de produits plastiques à usage unique, comme les pailles, les couverts jetables ou les tiges des ballons gonflables seront interdits dans l’Union européenne. C’est déjà le cas depuis janvier en France pour les assiettes, gobelets et cotons-tiges. Mais ce n’est pas suffisant, disent les associations de protection de l’environnement.

On peut agir !«Les premiers responsables ne sont pas les consommateurs mais l’agriculture industrielle et les industries. On a tout de même un certain pouvoir : si on arrête d’acheter du plastique à usage unique, les entreprises vont être obligées de changer leur production», conseille Cristina Barreau.

Selon Libération- jeudi 3 septembre 2020

13/10/2020

Pollution des mers et des océans...

Produits chimiques, déchets : tout ça fait forcément du mal aux poissons, aux crustacés et à tous les organismes vivants dans la mer. Beaucoup se retrouvent piégés dans des filets de pêche abandonnés par exemple. Ils peuvent alors se blesser, ne plus parvenir à se nourrir et mourir. Les tortues prennent les sacs plastiques pour des méduses et peuvent s’étouffer en les avalant. Les pailles en plastique terminent aussi dans leurs narines ou leur estomac. Photo Sergi Garcia Fernandez. Biosphoto

Le plastique, un produit toxique
Les animaux marins ingèrent les morceaux de plastique, qu’ils prennent pour de la nourriture. Au bout d’un moment, ils n’ont alors plus de place dans l’estomac pour manger et meurent de faim. En 2019, une baleine a par exemple été retrouvée morte avec 40 kilos de déchets en plastique dans l’estomac… 14 000 mammifères sont chaque année retrouvés morts sur les plages à cause de ça. Mais ils sont en réalité bien plus, puisque la grande majorité meurent en mer. L’ONG Greenpeace estime que c’est quasiment 10 fois plus.

Et ça ne concerne pas que les océans. Dans la mer Méditerranée, il y a autant de minuscules bouts de plastiques que de zooplanctons, qui sont la base de la chaîne alimentaire. Pas très appétissant pour les poissons… «Imaginez qu’à la cantine à midi on vous mette une moitié de crevettes et une moitié de plastique dans votre assiette !» lance Jean-François Ghiglione, directeur de recherche pour le CNRS à l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer.

Suite de relations alimentaires entre les êtres vivants : chacun mange celui qui le précède.Les humains mangent ensuite des poissons qui ont eux-mêmes avalé des morceaux de plastique. On ne peut pas en mourir mais ce n’est bon pour l’organisme. Le plastique est propre et brillant mais il contient tout un tas de produits toxiques. «Quand on absorbe du plastique, les polluants qui sont à l’intérieur se libèrent dans l’organisme, explique Jean-François Ghiglione. Or ce sont des perturbateurs endocriniens : ça veut dire qu’ils perturbent nos hormones et peuvent entraîner une puberté précoce, par exemple.»

Transformation physique du corps qui survient quand on grandit, comme l’arrivée des règles chez les filles. Si elle est précoce, ça veut dire qu’elle arrive plus tôt que d’habitude.

Enfin, les déchets plastiques qui bougent dans l’eau au fil des courants transportent avec eux, sur des milliers de kilomètres, des espèces invasives : ce sont le plus souvent des mollusques, des algues ou des microbes qui viennent perturber les écosystèmes.
Espèces animales ou végétales qui s’implantent dans un nouveau milieu naturel et le perturbent.
Systèmes formés par des espèces vivantes regroupées dans un même endroit qui s’organisent entre elles.

Selon Libération-jeudi 3 septembre 2020

09/10/2020

L'amer bilan politique de Mr Nicolas Hulot...

Deux ans après sa démission du gouvernement d’Emmanuel Macron, Nicolas Hulot n’a toujours pas digéré son expérience en politique. L’écologiste affiche sa déception dans un article publié par le magazine Paris-Match.

L’écologiste Nicolas Hulot tire, dans une interview jeudi à Paris-Match, un bilan amer de son bref passage au pouvoir en tant que ministre de la Transition écologique d’Emmanuel Macron (2017-2018), une année pendant laquelle il juge n’avoir été « qu’un exécutant, submergé ».
« À Matignon, les énarques autour (du Premier ministre Édouard Philippe) me regardaient comme l’écolo de service. Pour eux, les éoliennes, c’étaient des moulins à vent pour les bobos », rapporte-t-il à l’hebdomadaire, dans un long article accompagné de photos de l’ancien homme de télévision, 65 ans, dans sa propriété bretonne.
L’ex-ministre pointe un conservatisme et une sensibilité aux lobbies des conseillers du pouvoir : « Tous ces gens étaient bien plus jeunes que moi, mais leurs logiciels étaient parfois obsolètes. […] J’ai vu des conseillers à l’Agriculture plus rigides que la patronne de la FNSEA ».
Son passage au gouvernement, après avoir dit non successivement à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, s’est résumé selon lui à une succession d’arbitrages perdus : « Il faut le reconnaître, tout se joue à Matignon. Par contre, je suis responsable des non-décisions ou des mauvaises. Je n’étais qu’un exécutant, submergé. Au début, j’ai cru que je n’étais pas au niveau ou mal organisé, avant de réaliser qu’on était structurellement sous l’eau. »
Et de conclure : « Quand je parlais d’une mutation sociétale, eux pensaient adaptation, moi transformation du système. C’est là l’immense malentendu : ils voulaient soigner une bronchite, moi un cancer généralisé. »

Selon l' AFP - Ouest-France - jeudi 3 septembre 2020

04/10/2020

Parrainer des ruches pour sauver les abailles...

A Paris, un passionné fabrique du miel sans pesticides tout en sensibilisant ses concitoyens aux enjeux liés à la biodiversité et à la pollinisation. oilà quatre ans que cet ancien réparateur de moteurs dans l’aéronautique est devenu apiculteur. Son intérêt pour les abeilles date de son enfance, passée en Loir-et-Cher, au sein d’une famille propriétaire de ruches depuis des générations. Lionel Potron a fait le choix d’une apiculture urbaine. Il a installé une majorité de ses 400 ruches sur les toits de la capitale, pour éviter les vols et les dégradations. Il récolte 6 tonnes par an d’un miel labellisé Fabriqué à Paris, issu principalement des tilleuls, marronniers ou acacias parisiens, et garanti sans pesticides. «Depuis l’introduction des néonicotinoïdes, dans les années 1990, la mortalité annuelle des abeilles est passée de 5% à plus de 30%, constate Zakia Abarou, porte-parole du réseau Un toit pour les abeilles. Mais ces pesticides ne sont pas seuls en cause. La monoculture ne permet plus aux abeilles d’avoir une subsistance tout au long de l’année. Et elles doivent faire face aux attaques du frelon asiatique et du varroa, un parasite.»
Pour aider les apiculteurs à faire face à ces aléas, Régis Lippinois, installé en Charente-Maritime, a créé il y a dix ans Un toit pour les abeilles, qui emploie 10 personnes. «Un particulier peut parrainer une partie d’une ruche à partir de 4,50 euros par mois; c’est 90 euros pour une entreprise, détaille Zakia. En échange, l’apiculteur leur réserve des pots de miel. Le prix –entre 25 et 30 euros le kilo– est plus élevé que celui du marché afin de les aider à financer de nouvelles ruches et à faire face aux difficultés.» Depuis sa création, près de 68 000 particuliers et 2400 entreprises ont subventionné plus de 10 000 ruches.
N’étant pas dans une zone exposée aux pesticides, Lionel constate une mortalité de ses essaims inférieure à 10%. S’il a adhéré à Un toit pour des abeilles, c’est moins pour l’aide financière –en 2019, il a dégagé un bénéfice net de 10% de son chiffre d’affaires – que pour sensibiliser ses concitoyens à la cause de ces apidés. «Les parrains sont invités à visiter les ruches. On leur explique notre travail, le rôle de la pollinisation dans la protection de la biodiversité, l’importance de planter des fleurs mellifères, même dans un bac accroché à une fenêtre.»
La pollinisation, essentielle pour notre alimentation
Avec l’association Happyculteur, il s’occupe d’ailleurs d’un
e école qui forme chaque année une trentaine de personnes à l’apiculture. Dans l’espoir que ces apprentis augmentent le nombre de ruches pour pallier la surmortalité des abeilles. L’annonce de la réintroduction des néonicotinoïdes rend ce travail encore plus essentiel. En France, 35% de la quantité de notre alimentation et 65% de sa diversité dépendent de la pollinisation. Et donc des abeilles.
La protection des abeilles dans la loi:Le 31 juillet 2018, la France interdisait l’utilisation des néonicotinoïdes, ces insecticides tueurs d’abeilles. «La France se positionne plus que jamais en pointe sur l’interdiction des produits phytopharmaceutiques dangereux pour les pollinisateurs», se félicitait le ministère de l’Agriculture. Mais, face à la jaunisse de la betterave, le gouvernement vient d’annoncer la réautorisation pour cette filière des néonicotinoïdes pour 2021, entraînant une levée de boucliers des apiculteurs.

Selon Mme Caroline Fontaine - Paris Match - dimanche 30 août 2020

 

 

27/09/2020

Agriculture: il faut changer de modèle agricole...

Plusieurs associations et collectifs lancent un mouvement citoyen le samedi 17 octobre pour changer de modèle agricole. Pour garantir à tous une alimentation saine, ils appellent notamment à revoir la politique agricole commune pour qu'elle soutienne des exploitations à taille humaine.
Tribune. Manger est un besoin quotidien vital si essentiel qu’on oublie parfois combien le satisfaire peut devenir difficile au moindre grain de sable dans les rouages. Un grain aussi petit qu’un virus, par exemple.

La crise sanitaire a mis en exergue la vulnérabilité de notre système agricole et alimentaire. Le nombre de demandeur·euse·s de l’aide alimentaire, au nombre de 5,5 millions avant la crise, est passé à environ 8 millions de personnes : l’accès à une alimentation de qualité pour tou·te·s est encore loin d’être garanti. Les agriculteur·rice·s et éleveur·ses qui ont continué à travailler pour nous nourrir, souffrent souvent d’une grande précarité, près d’un quart d’entre eux vivant sous le seuil de pauvreté. En 2019, on comptait plus d’un suicide d’agriculteur·rice par jour, soit 20 % de plus que dans le reste de la population.
L’impact du changement climatique:

Parallèlement, alors que l’agriculture mondiale est à l’origine de 24 % des émissions de gaz à effet de serre, le changement climatique touche déjà durement celle-ci, et va marquer encore plus fortement les pratiques et rendements agricoles. Pourtant, les politiques actuelles ne prennent pas en compte ces bouleversements qui sont appelés à s’intensifier, comme peut en témoigner la récente décision du gouvernement de réintroduire pour les cultures betteravières des pesticides dangereux (néonicotinoïdes), interdits en 2018.
Nous devons changer de paradigme, à tous les échelons possibles : européens, nationaux, mais aussi territoriaux. D’ici fin 2021, la Politique agricole commune (PAC) sera renégociée à la fois au niveau européen et au niveau national. C’est l’occasion ou jamais d’exiger qu’une autre agriculture soit mise en place. Le samedi 17 octobre, lendemain de la journée mondiale de l’Alimentation, est le moment idéal pour lancer un vaste mouvement citoyen exigeant un changement du modèle agricole.

L’agriculture que nous appelons de nos vœux est au service d’une alimentation de qualité, saine et accessible à toutes et tous. Elle rémunère correctement les travailleur·ses et revalorise ses métiers. Cette agriculture paysanne écologique, dont fait partie l’agriculture biologique, répond aux enjeux de santé, d’environnement et de biodiversité. Elle permet à chacun·e de consommer local, de saison, et construit notre résilience alimentaire face aux crises.
Notre organisation sociale doit également changer fondamentalement pour recréer un équilibre territorial propice à une société plus juste, durable et humaine. L’agriculture telle que nous la promouvons pourra créer plus d’un million d’emplois pérennes, non délocalisables, désengorger le 
milieu urbain et dynamiser des zones rurales à ce jour abandonnées par l’État.
Des revendications pour une transition agricole et alimentaire

Pour cela, nous appelons les pouvoirs publics, à tous les échelons, à suivre nos propositions comme un ensemble cohérent pour la transition agricole et alimentaire. Des revendications déjà portées par de nombreux collectifs et associations, comme la plateforme Pour une autre PAC, ou encore la Convention citoyenne pour le climat. Ainsi, nous demandons :

- l’abandon des accords internationaux de libre-échange tels que le Ceta et le Mercosur ;
- la revalorisation du travail des agriculteur·rice·s afin qu’il·elles puissent privilégier la qualité à la quantité, tout en vivant dignement de leur activité, par une régulation des marchés (quotas laitiers par exemple) et des relations commerciales assurant des prix agricoles stables et rémunérateurs couvrant les coûts de production ;
- la priorisation d’une agriculture paysanne avec des parcelles à taille humaine, notamment par le remplacement, dans le cadre de la PAC, des aides à l’hectare par des aides à l’actif plafonnées par exploitation, pour soutenir l’emploi et l’installation, et non encourager l’agrandissement et l’industrialisation des structures agricoles ;
- l’accompagnement immédiat par l’Etat des agriculteur·rice·s vers des pratiques relevant de l’agroécologie paysanne dont l’agriculture biologique, via des enseignements et formations rénovées et un soutien financier, y compris pour la labellisation en bio des structures agricoles ;- la relocalisation de l’alimentation des animaux d’élevage (application réelle du plan protéines végétales, zéro déforestation importée, lien au sol obligatoire) ;
- la création d’une sécurité sociale de l’alimentation permettant à tous les citoyen·ne·s d’accéder à une alimentation de qualité, diminuant les risques de maladies induites par une alimentation industrielle, ultra-transformée et déséquilibrée et part la dégradation de l’environnement liée à l’agriculture intensive ;
- la reprise par les communes des terres agricoles abandonnées pour une conversion à l’agriculture biologique et un moratoire sur les projets imposés et polluants entraînant l’artificialisation des terres agricoles et forestières sur les territoires ;
- la réévaluation des critères des commandes publiques afin de favoriser les circuits courts, les produits saisonniers et bio et une alimentation équilibrée donnant plus de place aux protéines végétales, notamment dans la restauration collective ;
- l’interdiction effective de production et importation de produits issus du brevetage du vivant (OGM) ;
- l’interdiction immédiate des pesticides les plus dangereux pour la santé (CMR et perturbateurs endocriniens) et pour les pollinisateurs, un soutien massif aux paysan·ne·s pour les accompagner dans la transition et l’affranchissement des pesticides de synthèse à courte échéance, avec notamment le développement d’alternatives naturelles à ces produits ;
- la reconnaissance et la prise en charge des victimes des pesticides de synthèse et autres produits toxiques utilisés dans le milieu agricole ;
- l’introduction de règles ambitieuses améliorant la bientraitance animale en  concertation entre monde paysan, consommateur·rice·s et associations de bien-être animal (abattage de proximité, accès à l’extérieur, etc.).

Ces propositions vont dans le sens du changement de modèle agricole voulu par une très grande majorité des Français·es. Pour appuyer les revendications de cette tribune, une pétition a été lancée en parallèle. C’est le soutien massif des citoyen·ne·s qui permettra de peser sur les négociations de la PAC et pour la mise en place de ces mesures à différents niveaux par tous les acteurs. Rendez-vous samedi 17 octobre partout en France.
Parmi les signataires : José Bové, Cyril Dion, Marie-Monique Robin, Olivier de Schutter, Jean Ziegler, Alerte Médecins Pesticides, Alternatiba / ANV-COP21, ATTAC, Confédération Paysanne, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Foodwatch, France Nature Environnement, Générations Futures, Greenpeace France, Les Amis de la Terre, Mouvement Inter-Régional des AMAP, Nature & Progrès, Notre Affaire à Tous, SOL, Alternatives Agroécologiques et Solidaires, Terre de Liens… La liste de l’ensemble des organisations (58) et des personnalités (8) et la pétition.

Selon Libération

 

05/09/2020

Sauvons les Koalas avec le WWF...

Il y a deux siècles, les koalas étaient 10 millions. Il en reste moins de 100 000 car l’homme dévaste le royaume de cet inoffensif petit prince des forêts. Au sud de l’Australie et au large d’Adélaïde, Kailas Wild, un arboriste de 35 ans, tente de sauver l’animal fétiche du pays.

Récit de Kai: Kai a beau être rentré depuis des semaines, il ne voit qu’eux quand il ferme les yeux. D’abord, le premier qu’il a sauvé. Un bébé perdu, tout seul, au sommet d’un arbre mort grignoté par les flammes. Viennent ensuite les images de son face-à-face, à 15 mètres du sol, avec cette femelle prostrée sur une branche, exsangue, privée de toute nourriture, dont seuls les gémissements laissaient à penser qu’elle gardait un souffle de vie. Pour lui donner sa chance, il devait coûte que coûte la faire descendre. Dans la mémoire de Kai, des dizaines d’autres images se bousculent : des regards étonnés entre de grandes oreilles poilues, et puis toutes ces plaies à vif qui ne cessent de hanter ses nuits.

L'Australie en larmes devant ses koalas tués dans les flammes:
Kai, 35 ans, a grandi à Sydney. Puis il est devenu élagueur et bénévole dans une association de protection de la vie sauvage. C’était il y a une dizaine d’années. Tout, pour lui, a basculé ce dernier jour de janvier : « J’ai reçu un coup de fil d’un contact, à l’autre bout du pays. Sur l’île Kangaroo, ils avaient besoin d’un arboriste pour grimper dans les arbres au secours des koalas qui n’avaient pas péri dans les incendies. J’ai sauté dans mon “ute” [pick-up] et, après dix-neuf heures de route et une traversée en ferry depuis Adélaïde, j’étais à mon poste. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais vivre. » Depuis plus d’un mois déjà, la moitié de Kangaroo est ravagée par les méga-feux de brousse de l’été austral. L’île, qui compte désormais la plus grande population de koalas d’Australie, est en alerte maximale. Au plus fort des incendies, plusieurs centaines d’entre eux, brûlés ou désorientés, ont déjà été ramassés sur les routes. Avec d’autres animaux, ils ont été amenés à l’hôpital improvisé de Sam et Dana Mitchell, au Wildlife Park, véritable « hub » de vétérinaires, où bénévoles et vacanciers se sont vite transformés en infirmiers. Kai arrive au moment où il est possible de retourner dans certaines zones. Là où le brasier n’a laissé que dévastation et silence, on peut commencer à évaluer les dégâts, et même porter secours aux survivants.
Bienvenue au Koala Hospital, le centre qui sauve les koalas des flammes en Australie
« Dans ces immensités noircies, tout se confond. Lorsqu’on marche, il faut conditionner son cerveau à repérer sur les branches ces formes indistinctes qui, en fait, sont des koalas. Avec l’habitude, ils sont assez facilement repérables d’en bas. Certains font appel à un drone ; moi, je les vois. Si je pense que l’animal a besoin d’aide et que les arbres alentour semblent assez solides, je choisis le plus proche pour y grimper. La meilleure méthode consiste à aller le plus haut possible, puis à se balancer jusqu’à la cime de l’arbre où s’accroche le koala. Il faut se poser au-dessus de lui pour qu’il n’ait pas envie de se réfugier plus haut. Alors, avec une perche, je le pousse à descendre et on le récupère en bas. J’ai trouvé comme ça pas mal de “joeys”, des bébés, onze en tout. Eux se tiennent assez bas et il est facile de les attraper.
Australie : reportage sur l'île-refuge des koalas
Il n’y a plus qu’à les glisser dans un sac pour redescendre avec eux. Dans d’autres cas, c’est plus sportif : on est obligé de les surprendre, en les empoignant par-derrière. Sachant qu’on a déjà affaire à un animal en souffrance, il faut éviter que la descente dure trop longtemps, car le stress les épuise encore plus. Et puis il faut faire attention : sous ses airs endormis, le koala peut vite vous mordre. Il ne faut surtout pas mettre la main devant son visage, sinon il peut vous envoyer à l’hosto. J’ai eu pas mal de morsures, heureusement pas trop graves. » Lui, l’amoureux des arbres, a été frappé par l’agilité des koalas mais aussi par leur vulnérabilité une fois au sol, où leurs griffes et leurs longs doigts sont inadaptés au déplacement à quatre pattes.

A la fin de sa mission de quelques semaines, Kai avait secouru plus de cent koalas. Il n’y a pas que dans les arbres qu’il est passé par des hauts et par des bas… Moralement aussi. Dans son journal de bord, il écrit un soir de la première semaine : « Aujourd’hui, ça a été foutrement intense et j’ai pleuré deux fois. » Puis, quelques jours plus tard : « La journée a été lourde en émotions. Parler et pleurer est la seule manière de récupérer. » Bien sûr, il y a des moments de joie, comme celui où il apprend qu’une petite orpheline, la première qu’il a trouvée, celle à qui il a donné son prénom, et qui était si salement brûlée au nez, aux oreilles et aux joues, allait s’en tirer. Mais, pour Kai et pour ceux qui sont spontanément venus à la rescousse des animaux, il n’y a pas que de belles histoires. On n’échappe pas à la détresse. Ainsi pour cette femelle dont les coussinets sont brûlés et les griffes arrachées, infectées ; quelques jours après son sauvetage, les vétérinaires devront se résoudre à l’euthanasier.
Les images d’animaux pris au piège des incendies en Australie ont bouleversé le monde entier. Difficile d’oublier la vidéo d’un koala déshydraté qui, agrippé au cadre d’un vélo, se désaltère à la gourde que lui tend une cycliste. Effarant, quand on sait que ces marsupiaux ne boivent que très rarement de l’eau et qu’ils s’hydratent avec les feuilles d’eucalyptus ! Le 1er février dernier, des photos difficilement supportables de dizaines de koalas morts, broyés par des bulldozers dans une plantation de gommiers, ont provoqué l’ouverture d’une enquête des autorités de l’Etat de Victoria. Pour les militants de la cause animale, ces images ne sont que le reflet de la tragédie, prévisible, écrite par l’homme et infligée à la faune australienne. Le koala en est la partie la plus visible, une icône aux allures de peluche.
Il y a un an, déjà, avant même les terribles feux de brousse, la branche australienne du WWF lançait un cri d’alarme et lâchait une échéance butoir : 2050. A cette date, si la destruction de leur habitat se poursuit, les koalas seront en voie d’extinction. Cinquante ans plus tard, ils auront disparu… Début avril, dans un communiqué, plusieurs associations de protection animale ont demandé que, inscrit depuis 2012 sur la liste des animaux vulnérables, il passe au statut d’espèce en danger. Un premier pas mais qui, selon le conservationniste de la WWF Stuart Blanch, ne suffira pas : « Remonter le statut de protection du koala n’a de sens que si une politique stricte de protection de son habitat est appliquée parallèlement. Si on continue de détruire son domaine vital en rasant des arbres au bulldozer, sans lui assurer le moindre sanctuaire, il disparaîtra. L’Australie doit prendre le lead des pays du monde qui mettent en place une transition vers les énergies renouvelables, afin de créer un climat stable et sûr pour ces marsupiaux et leurs forêts. »
Chaque Etat disposant de sa propre législation, l’Australia Koala Foundation estime qu’aucune loi fédérale ne pourra, sur le territoire australien, le protéger de façon efficace
Jointe début avril dans sa maison du bush, près de Brisbane, Deborah Tabart, ex-reine de beauté devenue l’égérie des koalas, ne décolère pas. Présidente de l’ONG Australian Koala Foundation (AKF) depuis 1988, elle en est à son quatorzième ministre de l’Environnement. C’est dire si les éditos de son journal de bord sont virulents envers Canberra et sa politique de protection de l’environnement. Déjà, en 2015, son ONG avait publié un passionnant rapport intitulé « Imaginez une Australie sans koalas » : « Les choses sont assez simples. Si notre pays n’arrive pas à protéger cet adorable animal, aimé de tous, qui ne tue personne et fait venir des millions de touristes – c’est-à-dire entrer des milliards de dollars dans les caisses de l’Etat –, alors on n’arrivera à rien. Sauver cet animal craquant, totalement inoffensif, permettrait de protéger tous les autres qui vivent dans son environnement et sont moins aimés. » En 2000, partant du slogan très efficace du « No Tree, No Me » (« Pas d’arbres, pas de moi »), l’ONG a proposé de faire passer un Koala Protection Act inspiré de la loi adoptée par les Etats-Unis pour défendre leur emblème : l’aigle à tête blanche.
Chaque Etat disposant de sa propre législation, l’Australia Koala Foundation estime qu’aucune loi fédérale ne pourra, sur le territoire australien, le protéger de façon efficace. L’idée serait donc de ne pas se focaliser sur la protection de l’animal lui-même, mais d’empêcher la destruction de son habitat. L’AKF a ainsi cartographié et listé à travers le pays les arbres qui forment son « home range », son domaine vital ; aussi bien pour se nourrir (environ 40 sortes d’eucalyptus sur les 700 espèces existantes) que pour s’abriter du froid ou de la chaleur. La loi de protection des koalas (KPA) interdirait, entre autres, que l’on puisse toucher à un arbre de cette liste sans avoir d’abord prouvé que ni le marsupial ni son habitat ne seront impactés.
Depuis son retour chez lui, à Sydney, Kai, l’arboriste-sauveteur, est devenu une petite célébrité des réseaux sociaux. Chaque jour, confinement oblige, il partage sur Instagram et Twitter des photos de ceux qu’il a secourus, et donne de leurs nouvelles. On apprend ainsi que certains ont pu regagner le bush. Pour le reste, Kai en est sûr, pas besoin de leur enseigner les gestes barrière… Il écrit : « Juste pour vous rappeler que les koalas sont des animaux solitaires qui pratiquent naturellement la distanciation sociale… »

Selon notre envoyée spéciale sur l’île de Kangaroo Marion Mertens - Paris Match - samedi 15 août 2020