Une enquête de 50 minutes sur les dérives et les dessous du bio bon marché lancé par les grandes enseignes (Carrefour, Casino pour la chaîne Naturalia...) a été diffusée dimanche 23 octobre 2016 sur la 5ème chaîne. Elle a été réalisée par Mr Eric Wastiaux et la Société de production Pernel Média. Ce fut un grand moment d'information et de prise de conscience pour le public français!
De plus en plus de consommateurs, dans nos pays européens, recherchant des produits sains et bons aussi bien pour leur santé que pour la planète, des professionnels de l'agroalimentaire, des grossistes et des courtiers se sont engouffrés dans la fourniture à bas prix d'une production bio de masse. Officiellement, leur but était de démocratiser les produits bio réputés plus chers car nécessitant plus de travail à la main. Par conteneurs entiers, ils font acheminer vers leurs enseignes des produits sous label AB depuis le sud de l'Espagne (Andalousie) ou d'autres pays plus lointains, qui sont impossibles à bien contrôler. Nous les retrouvons ensuite dans les supermarchés ou certains magasins bio à des prix très attractifs. Ainsi s'est crée en moins de 10 ans une bio à deux vitesses!
Car, nos agriculteurs, nos arboriculteurs, nos éleveurs locaux continuent à essayer de vivre sur leurs terres du produit de leur travail. Ils font leurs plants, désherbent à la main, travaillent par tous les temps en respectant le rythme des saisons. Les consommateurs en Amap, les clients du marché les connaissent et leur paient un juste prix. Les éleveurs quant à eux aiment leurs animaux et ils veillent à les traiter humainement. Comme le dit le pionnier de la bio, Mr Philippe Desbrosses, tous ont une démarche éthique et un esprit bio!
Car nous avons vu dans le reportage tourné en Andalousie des bidonvilles de travailleurs précaires, relativement sous-payés, des kilomètres de serres, des producteurs devenus des industriels soumis à la guerre des prix avec leurs gros acheteurs européens. Certes, leurs produits ont le label AB, car ils ne contiennent pas de pesticides, mais la démarche est bien différente de celle des paysans locaux. Le label Biocohérence et celui de Nature et Progrès par contre semblent garantir davantage de paramètres et être plus justes à l'égard des paysans. Sans oublier les éleveurs dans de grosses porcheries qui continuent pour la plupart à mettre du nitrite de sodium dans leurs jambons bio, alors que ce produit est réputé cancérigène. Enfin, l'abattage des animaux, tel que l'association L 214 l'a dévoilé, frise la maltraitance pour les porcs bio comme non bio. On est loin du commerce équitable et de l'économie sociale et solidaire!
Seule peut-être la coopérative Biocoop, qui existe depuis une trentaine d'années, se fournit en bio chez des petits producteurs locaux, lutte contre le gaspillage des emballages et pratique des prix négociés où toutes les parties trouvent leur compte. Des initiatives intéressantes nous étaient aussi présentées, comme une société des Hautes-Alpes qui a trouvé pour son jambon bio une formule sans nitrite ou un chevrier et sa compagne bichonnant leur troupeau de chèvres.
Quant aux règles européennes concernant la bio, selon ce qui nous a été indiqué, elles admettent une mixité possible avec sur une même parcelle des cultures bio et des non bio! Bref, à tous les niveaux, les consommateurs attirés par le bio sont invités à être vigilants, à réfléchir à l'empreinte carbone des produits qu'ils achètent et à choisir des aliments sains, de saison, produits à proximité de chez eux, en ne regardant pas uniquement le prix de vente. Sinon quelle différence y aurait-il avec la société de consommation? Ne serait-ce pas cela au fond être un citoyen cohérent et responsable?
Lyliane