L'enjeu de la nouvelle décennie est de réduire massivement la consommation d'énergie et de verdir l'énergie qui continuera à être consommée. Dans cette course contre la montre, la recherche de performance énergétique doit être à l'origine de tout projet de construction, de rénovation, d'exploitation et de démantèlement d'un bâtiment. La rénovation a cependant un potentiel de réduction carbone considérable. Avec un taux de renouvellement de 1 % par an, le parc immobilier de 2030 sera constitué à 85 % de logements construits avant la réglementation environnementale de 2020, voire même avant la réglementation thermique de 2012 : ils devront être rénovés en priorité pour réduire la consommation du secteur qui représente aujourd'hui 45 % de la consommation nationale.
Heureusement, nous disposons dorénavant d'un panel de solutions efficaces pour parvenir à une réduction spectaculaire des dépenses énergétiques de tous types de bâtiments. Qu'il s'agisse d'intervenir sur l'enveloppe du bâti, d'améliorer les équipements ou de piloter intelligemment les consommations, chaque action de décarbonation est une démarche unique, réalisée sur-mesure en fonction des spécificités du bâtiment.
Place aux énergies renouvelables
Une fois que les besoins énergétiques sont ajustés, le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables représente un puissant levier de décarbonation. En sachant qu'il n'existe à ce jour aucune recette miracle qui permette de remplacer l'énergie consommée dans le bâtiment par une seule énergie décarbonée, toute la réflexion consiste alors à élaborer le meilleur mix énergétique pour chaque bâtiment, en étudiant les potentialités du territoire.
Toutes ces solutions ont fait leur preuve, mais encore faut-il maintenir les résultats dans la durée. Pour cela, les contrats de performance énergétique (CPE), qui offrent la garantie d'économies claires, mesurables et durables sont les meilleurs alliés de la transition zéro carbone : ils doivent maintenant devenir un réflexe pour toutes les parties prenantes de la filière BTP.
LES SOLUTIONS
INVESTIR DANS DES TRAVAUX BÂTIMENTAIRES
Dans les bâtiments construits avant les années 2000, le manque d'isolation est compensé en hiver par une hausse du chauffage qui fait monter la consommation d'énergie en flèche. Dans le secteur de l'habitat, les logements qui écopent d'un E, d'un F ou d'un G à l'issue de leur DPE sont non seulement terriblement énergivores, mais créent des situations de précarité énergétique intolérables. Pour pallier ces problèmes d'étanchéité de l'enveloppe, la première chose à faire est alors d'effectuer des travaux pour changer les ouvrants et mieux isoler les murs et la toiture.
RENOUVELER LES ÉQUIPEMENTS
À niveau de confort équivalent, le simple remplacement des installations de chauffage et de refroidissement pour des appareils à haute performance permet de réaliser des économies d'énergie importantes, avec un retour sur investissement maîtrisé. Longtemps réservées à l'industrie et aux grands bâtiments tertiaires, les mini et les micro-cogénérations apportent aussi une solution innovante pour produire simultanément et localement du chauffage, de l'eau chaude et de l'électricité à partir du gaz naturel, en réduisant la consommation d'énergie primans la France entière, le remplacement des ampoules classiques par des LED se poursuit, soutenu par la réglementation et l'intérêt économique des grands acteurs du tertiaire. En divisant la facture par cinq et les frais de maintenance par dix, le « relamping » s'est imposé dans le paysage tertiaire à la fois grâce à son retour sur investissement rapide et au confort lumineux qu'il procure aux employés.
PASSER AUX ÉNERGIES RENOUVELABLES AVEC LE BON MIX ÉNERGÉTIQUE
La production locale d'énergies renouvelables et de récupération sera l'un des piliers de la transition énergétique des territoires. Au niveau du bâtiment, cela consiste à le raccorder à un réseau de chaleur/froid local ou à prévoir des équipements de production d'énergies renouvelables adaptés à son environnement et à ses besoins. Dans tous les cas, la création du mix énergétique est unique et doit tenir compte des sources localement disponibles en analysant les besoins d'électricité, de chaleur, d'eau chaude sanitaire et de froid.
En fonction des ressources du territoire, le mix énergétique peut intégrer différentes sources d'énergies décarbonées :
- Le raccordement à un réseau de chaleur urbain, qui alimente les immeubles raccordés via un réseau de canalisations situé sous la voirie sous forme d'eau chaude ou de vapeur.
- Le raccordement à un réseau de froid urbain, qui distribue de l'eau glacée, afin d'alimenter en fraîcheur les bâtiments qui lui sont raccordés.
- La production d'énergie solaire, en toiture ou ombrière avec des panneaux photovoltaïques pour l'électricité et du solaire thermique pour la production d'eau chaude.
- L'installation d'une chaudière biomasse à condensation, qui permet de fabriquer de l'énergie grâce à la chaleur dégagée par la combustion de bois, de végétaux.
- L'installation d'une pompe à chaleur, qui récupère naturellement les calories présentes dans l'air extérieur, dans le sol ou dans les eaux de récupération.
- L'installation d'un échangeur thermique qui récupère les calories issues de l'eau chaude des nappes sous-terraines.
En complément de ressources locales, le mix énergétique peut également inclure un contrat d'électricité de gré à gré (Power Purchase Agreement) qui permet non seulement de bénéficier d'une électricité verte en direct tout en contribuant au développement du parc d'énergies renouvelables, mais aussi de se prémunir de la volatilité du marché de l'électricité et ainsi de maîtriser son budget énergie sur la durée. Longtemps réservée aux grands acteurs économiques, cette solution peut dorénavant s'intégrer dans une offre globale de performance énergétique.
PASSER À L'HYDROGÈNE VERT: Encore peu répandue, l'utilisation d'hydrogène vert s'impose déjà comme l'un des futurs piliers de la transition énergétique. Ce gaz léger, très abondant dans l'univers, peut être produit sans émission de CO2 par électrolyse de l'eau, puis stocké sur de longues périodes sous forme liquide ou gazeuse. Il produit ensuite de l'électricité et de la chaleur via des piles à combustibles, et peut aussi alimenter une mini-cogénération. Alors que les énergies solaires et éoliennes sont soumises aux aléas climatiques, l'hydrogène vert apporte une solution de stockage d'énergie qui permet de répondre localement et efficacement à l'intermittence des énergies renouvelables ou aux fluctuations des besoins.
Dans le bâtiment, des solutions de production d'hydrogène vert intégrées sont à l'étude. Elles devraient permettre non seulement d'enrichir le mix énergétique, mais également de stocker de l'énergie sans batteries lithium-ion et de fournir du carburant vert aux usagers ou à une flotte de véhicules à hydrogène.
RÉCUPÉRER LA CHALEUR PRODUITE À D'AUTRES FINS
Utilisée depuis longtemps dans l'industrie, la récupération de chaleur dite « fatale » se développe aujourd'hui dans d'autres secteurs. Le principe est simple : lorsqu'un procédé génère de la chaleur vouée à s'évaporer dans la nature, des solutions techniques innovantes permettent de la canaliser pour la réutiliser ailleurs. On récupère ainsi la chaleur produite par les usines de production de métaux, de chimie ou de matériaux, mais aussi celle des papeteries, des fonderies et du secteur agro-alimentaire. Désormais, les nouvelles technologies permettent également de récupérer la chaleur fatale produite .
OPTIMISER SON EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE AVEC LE BIM
Le BIM, pour « Building Information Modeling », permet de créer une maquette numérique 3D en intégrant des données intelligentes sur la structure du bâtiment. De la conception à l'exploitation, cette méthode fournit une infinité de services à tous les corps de métier. Apparu en 2013, le BIM est devenu un outil de référence pour tous les grands chantiers, mais il doit encore devenir un réflexe pour que toutes les parties prenantes puissent partager une vision globale du bâti... et optimiser la performance énergétique. En intégrant à la maquette des données sur le contenu carbone des matériaux et leur coût carbone lié au recyclage, il devient un outil extrêmement performant pour maîtriser les émissions lors des phases de construction et de déconstruction. En maintenance, le BIM permet de simuler différents scénarios, d'anticiper les besoins et de parvenir à un pilotage affiné des consommations d'énergie.
RÉDUIRE SON EMPREINTE CARBONE GRÂCE AU DIGITAL
Les nouvelles solutions digitales permettent d'optimiser facilement la consommation énergétique et l'exploitation des bâtiments, grâce au recours à l'IA et à la collecte et la centralisation des données d'usage réel.
Dans un deuxième temps, des objets connectés sont installés pour détecter les flux, la présence d'usagers, l'ouverture des portes et des fenêtres... Les données sont ensuite envoyées à une plateforme de pilotage qui permet de distribuer l'énergie là où elle est nécessaire, quand elle est nécessaire. Ces solutions permettent d'améliorer le confort et la performance énergétique, de supprimer les consommations en inoccupation et d'apporter de nombreux services aux usagers.
17/ MASSIFIER LES CONTRATS DE PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE (CPE)
Le dernier levier de la boîte à outils de la transition énergétique est juridique, mais il n'en est pas moins d'une efficacité implacable pour diminuer les consommations énergétiques d'un bâtiment de 20 à 60 %. Créés en 2006, ces contrats de performance énergétique permettent aux maîtres d'ouvrage de confier l'amélioration de l'efficacité énergétique de leur bâtiment à un prestataire qui s'engage sur un objectif de réduction des consommations finales quantifié et durable.
En tant que spécialiste de l'efficacité énergétique, le prestataire commence par réaliser un audit complet, puis met en œuvre un bouquet d'actions de performance énergétique active et passive et enfin garantit des économies d'énergie sur une période donnée, via une indemnisation du maître d'ouvrage en cas de sous-performance. Ses actions peuvent intégrer l'approvisionnement de l'énergie, les améliorations du bâti et des équipements techniques, ainsi que l'exploitation et la maintenance.
Après dix ans d'expériences, les CPE ont démontré leur efficacité auprès de l'ensemble des acteurs du marché. Indispensables pour booster la performance énergétique de bâtiments anciens, ils sont tout aussi incontournables pour garantir les bons résultats d'un bâtiment récent sur la durée. S'ils étaient développés à l'ensemble du parc immobilier tertiaire français, ces contrats seraient un atout de taille pour engager une réduction rapide de nos émissions de CO2 et réussir ainsi, ensemble, le défi de la transition énergétique.
Selon La Tribune Partenaire avec Engie Solutions - La Tribune - lundi 18 mai 2020