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21/02/2020

Fin de vie selon la psychologue Mme Marie de Henezel...

Voici la tribune de Marie de Hennezel, psychologue et écrivaine, sur la fin de vie : "Le débat sur l’aide active à mourir est un débat clivant que nous avons depuis plus de vingt ans. Car, en effet, on meurt mal en France. Le Pr Didier Sicard a fait une analyse remarquable de ce mal mourir, dans son rapport "Penser solidairement la fin de vie" , préconisant un changement de la culture médicale, le développement des soins palliatifs, l’application des lois existantes sur la fin de vie. Mais, s’il a écarté la possibilité de légaliser l’euthanasie ou le suicide assisté, c’est que cela posait nécessairement la question des dérives, et notamment des dérives économiques. Quand on supplie un médecin de mettre fin à sa vie, c’est avant tout parce que la médecine ne sait pas prodiguer des soins de fin de vie dignes de ce nom. C’est aussi parce que les conditions de la vie ne sont plus dignes. Combien d’âgés, seuls, abandonnés, parfois maltraités, se demandent ce qu’ils font encore sur Terre! On peut comprendre alors qu’ils appellent la mort de leurs vœux.

Dans une récente tribune appelant à débattre de l’aide active à mourir [parue dans le JDD du 19 janvier], le président de La Mutualité française, Thierry Beaudet, écrit que les mutuelles "seraient pionnières en créant les lieux et les conditions permettant d’exercer une telle liberté". A l’aune des valeurs de "solidarité, liberté et démocratie" mises en avant par la Mutualité française, celle-ci pense-t-elle sérieusement que la réponse à donner à ce sentiment d’indignité peut se résumer à une loi sur l’euthanasie? Et est-ce le rôle d’un mutualiste de se faire l’apôtre de la mentalité euthanasique, le défenseur d’une solution facile et économique?
Les valeurs des mutuelles n’exigent-elles pas plutôt de plaider jusqu’à obtenir l’accès pour tous aux soins palliatifs, avant de réclamer une loi aux conséquences incertaines?
D’ailleurs, quel message d’accompagnement et de prévention du suicide feront-elles passer à leurs adhérents âgés et fragiles, lorsque, dans le même temps, elles proposeront les lieux et les conditions de la mort programmée?

Robert Badinter préconisait une grande prudence en matière législative, affirmant que la loi donne toujours la tentation de l’utiliser à des fins de détournement. "Qui devra pratiquer l’euthanasie? Qui appréciera qu’elle est nécessaire? Où devra-t-elle se pratiquer? Y aura-t-il des 'agents de l’acte euthanasique'?", me demandait-il.
François Mitterrand m’avait mise en garde contre une évolution de la société dont il mesurait les dangers : "La nature humaine n’est pas habitée que de bons sentiments… Dans un pays démocratique, une loi ne peut sacraliser un tel droit (le droit d’administrer la mort)! Tant que je serai en vie, je m’opposerai à ce que l’on franchisse la ligne rouge!"

Selon Redaction JDD - leJDD - samedi 1 février 2020

 

 

20/04/2015

Fin de vie...

 

Dans notre pays, si on meurt le plus souvent de vieillesse, meurt-on forcément bien ? Selon une enquête de l'INED publiée en 2014, 7 personnes sur 10 décèdent à l'hôpital de nos jours. Et notre société semble encore effrayée par l'idée de mort, qui reste le plus souvent un sujet tabou. C'est en effet un domaine délicat à aborder que celui de la fin de vie...Il nous remue et nous questionne.

 

Ce n'est qu'aux alentours de 1985 que les soins palliatifs ont commencé à être réclamés en France. Des cas d'acharnement thérapeutique et la légalisation de l'euthanasie dans certains pays d'Europe (Pays Bas...) avaient conduit à faire évoluer les mentalités dans notre pays.

 

Il y a 10 ans, le 22 avril 2005, la loi Léonetti, du nom d'un député UMP des Alpes Maritimes, avait été promulguée afin de légiférer sur cette question. Elle proposait d'arrêter les soins médicaux lorsque le malade le demandait. C'était une avancée importante car la qualité de vie du patient devait être préservée et un accompagnement à la douleur mis en place.

 

En 2012, le candidat à la Présidentielle : François Hollande, avait promis un nouveau texte de loi sur les droits relatifs à la fin de vie dans l'engagement n° 21.

 

Le 17 mars 2015, une nouvelle loi a été adoptée par l'Assemblée Nationale. Elle ne semble pas avoir profondément modifié l'approche de ce sujet. Elle a été nommée: deuxième loi Léonetti et elle émane également d'un député PS : Alain Claeye. Elle apporte néanmoins deux dispositions nouvelles concernant les directives anticipées du patient quant à sa fin de vie et l'acceptation par le corps médical d'une sédation profonde et continue. La mort toutefois ne peut pas être provoquée par un acte médical délibéré. Cette loi doit encore être examinée par le Sénat et elle est susceptible d'être amendée avant son adoption définitive.

 

On peut se demander si notre société nous prépare suffisamment à nous préoccuper de notre fin de vie et si la plupart des personnes, des familles est bien informée des droits du malade. Au cas où le sujet vous semblerait à approfondir, je peux conseiller le livre de C. Bauchart aux editions Michalon : « Ma mort m'appartient ».

 

Lyliane 

11/03/2015

Aider à vivre la fin de vie pour rester vivant jusqu'au bout...

 

Sujet délicat et apparemment tabou dans nos sociétés occidentales, la fin de vie n’occupe pas les gros titres des journaux, même si de temps à autre la question des soins palliatifs et de l’euthanasie nous est posée par une actualité particulière ou un projet de loi qui cherche à alléger les souffrances des malades dits incurables. Un article de la dernière revue Néosanté m’a permis de lire l’interview d’une femme tout à fait intéressante, qui a des idées très précises sur la fin de vie.

 

J’ai donc appris que Lydia Müller a écrit un ouvrage, publié en 2012 aux éditions Dervy sous le titre un brin provocateur:"La fin de vie, une aventure". Elle tenait en effet à exposer que, selon elle, le contraire de la mort est la naissance. Elle établit par divers exemples et témoignages des parallèles entre ces 2 moments clés de l’existence humaine.

 

Cette psychologue et psychothérapeute suisse avait déjà publié avec Bernard Montaud en 2001 un livre sur "La vie et la mort de Gitta Mallasz". Sur son site : www.entrelacs.ch, Lydia Müller indique de nombreuses ressources dont des conférences filmées ou audios, afin d’aider les soignants et les bénévoles accompagnant des personnes en fin de vie.

 

Cette femme a recherché notamment dans la tradition tibétaine ( le Bardo Thödol), dans son expérience et celle de Bernard Montaud (créateur de l'association Artas) des confirmations à ses ressentis profonds à ce sujet. Lydia Müller a souffert en effet d’un cancer du colon, dont elle s’est guérie, selon ses dires, par une compréhension profonde des causes ayant conduit à cette maladie et un pardon véritable pour des conflits passés avec son père.

 

Car selon elle, la « mourance » passe par sept étapes distinctes conduisant progressivement à du lâcher - prise et à une réconciliation avec le passé. A travers des conseils, elle insiste sur l’acceptation des défaillances du corps au bénéfice d’une ouverture intérieure, sur un accompagnement positif menant à un état de conscience différent du "petit moi" qui juge, s’accroche et résiste. Comme Bernard Montaud, elle croit en effet à une approche progressive du "grand JE" et à un continuum de conscience.

 

La traversée d’une phase de bilan en fin de vie est censée mettre en lumière le projet de vie initial et ce qui n’a pas encore été mis en ordre. Il est possible en paroles ou en silence par des pensées dans cette direction de favoriser cette phase ultime, qui peut apporter au mourant soulagement et paix. Car un chemin spirituel se poursuit et donne du sens selon Lydia Müller à l’expression : « rester vivant jusqu’au bout de la vie ».

 

En conclusion, sur un sujet délicat, voilà de bonnes pistes de réflexion pour nous même et pour nos proches !

 

Lyliane