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03/01/2017

L'enfant du 21ème siècle...

 

Comment se caractérise cet enfant né au 21 ème siècle? Cette question est posée par le Journal Télérama dans un dossier important du dernier numéro de décembre 2016. Pour ce qui concerne nos enfants occidentaux, nous pensons souvent qu'ils sont trop gâtés, hyper-protégés, sur-occupés. Nous les rêvons de préférence en petits génies; nous les poussons à faire des études longues en les véhiculant partout et en les gardant dans nos foyers jusqu'à ce qu'ils soient autonomes. Nous avons tendance à les suivre à la trace grâce aux smartphones. Du fait des dangers de la rue, ils vivent en vase clos, souvent seuls, les yeux rivés sur les écrans des jeux vidéos et de la télévision. Bref, nous nous angoissons souvent pour leur avenir, nous nous culpabilisons même, sans savoir vraiment comment les aider à se responsabiliser et à s'assumer pour bâtir leur vie d'adultes...

Une interview de Mr Boris Cyrulnik par Mme J. Cerf dans Télérama nous apporte le regard du neuro-psychiatre sur l'enfant. Il nous rappelle tout d'abord que jusqu'à La Déclaration des Droits de l'Enfant en 1950, les enfants n'avaient aucun droit. On les faisait travailler dès leur plus jeune âge, ce qui se pratique encore dans de nombreux pays en voie de développement. Il insiste sur la nécessité pour l'enfant de bénéficier dès le départ d'un attachement affectif, susceptible de le sécuriser. Il sait de quoi il parle, lui l'orphelin qui a fait de son handicap de jeunesse une occasion de résilience...

Toutefois, Mr Cyrulnik rappelle tout autant l'importance pour les parents de poser des interdits, des limites aux désirs de l'enfant dès l'âge de 4 ans, faute de quoi ils deviennent des tyrans incapables de se socialiser. Les pousser très tôt vers la compétition, les études ou la scène ne trouve pas davantage grâce à ses yeux, pas plus que prolonger une fusion avec ses parents. Il préconise une petite enfance encadrée par une famille élargie ou des professionnels les incitant à se socialiser à leur rythme par le jeu, le dessin, le sport, leur laissant le loisir de s'identifier à des héros... Pour la plupart des parents actuels, une sérieuse remise en question!

La seconde partie du dossier consacré à l'enfant donne la parole à des jeunes de familles de réfugiés accueillis à la Communauté de Taizé. On leur demande comment ils voient la vie et leur avenir. Bien que traumatisés par la guerre et coupés de leurs racines, ces jeunes migrants restent avant tout des enfants! Ils ont besoin de jouer, d'apprendre et de rencontrer d'autres jeunes de leur âge. La société de consommation dans laquelle nous baignons paraît désirable à leurs yeux ébahis...

Ce seront tous ces enfants qui bâtiront le monde de demain. La journaliste Mme F. Paccaud de Télérama les espère plus généreux et plus libres que nous l'avons été. La conclusion du dossier est: Parents, détendez-vous, faites confiance aux enfants et jetez les dehors!

Des dossiers qui nous incitent à méditer au lieu de nous angoisser...

Lyliane

 

10/05/2016

De vrais héros ou des héros négatifs...

 

Dans son dernier ouvrage «Ivres paradis, bonheurs héroïques» publié en avril 2016 aux éditions Odile Jacob, le neuropsychiatre varois Boris Cyrulnik propose une réflexion sur le besoin pour nos jeunes d'admirer, voire d'imiter des héros qu'ils soient anciens ou de notre époque.

 

Il rappelle tout d'abord que tous les enfants ont plus ou moins besoin d'identifications, particulièrement quand leurs parents sont absents. Les orphelins - et ce fut le cas de B. Cyrulnik - se construisent le plus souvent à travers ces identifications (Tarzan, Oliver Twist, Zorro, Spiderman ou Batman, Martin Luther King ou Nelson Mandela...). Ils se réparent ainsi, quand les héros choisis se sont montrés courageux et ont eu une aura positive.

 

Par contre, à travers l'histoire mondiale, il y eut aussi des régimes totalitaires se donnant des héros tragiques ou sanguinaires comme Hitler, Staline, Pol Pot ... Mr B. Cyrulnik aborde ensuite le cas de ces jeunes «largués», ayant tout raté dans leur jeunesse comme Mohammed Merah, qui ont construit leur violence et leurs crimes sur le besoin de montrer qu'ils n'étaient pas que des «minables», qu'ils étaient forts.

 

Pour endiguer cet exemple négatif, Mr Cyrulnik propose de réagir à l'inverse de ce qu'a fait notre société française jusqu'ici: laisser ces jeunes à l'abandon dans des ghettos de banlieue. Car il y aurait chez nous environ 15% de jeunes en difficulté, beaucoup d'entre eux en échec scolaire ou sans espoir d'avenir. Ils deviennent plus ou moins, si nous ne réagissons pas, des proies faciles pour d'habiles recruteurs, qui leur font miroiter des paradis artificiels ou des sacrifices sanglants...

 

Mr Boris Cyrulnik cite ce qu'ont fait certains pays du Nord de l'Europe, le Brésil et la Colombie pour resocialiser ces jeunes. Dès leur petite enfance, ils ont été pris en mains par des adultes qui les ont valorisés à travers du sport, du théâtre, de la musique, de la cuisine ou du dessin... Beaucoup ont été ainsi «récupérés» et ils ont trouvé ensuite une place honorable dans la société.

 

Alors, qu'attendons nous pour envoyer dans les quartiers de nos villes des enseignants, des éducateurs, des travailleurs sociaux, des retraités de bonne volonté, des chômeurs et chômeuses avec un projet de resocialisation pour ces jeunes? Car si 85% de jeunes français vont bien, il n'est pas question d'abandonner les autres dès l'entrée à l'école et surtout à l'adolescence. Leurs familles font ce qu'elles peuvent, mais il manque d'adultes pour prendre le relais de leurs familles!

Lyliane