Au cours de leur existence, les baleines emmagasinent plusieurs tonnes de CO2 via l’absorption de micro-organismes. Avec une espérance de vie allant de 70 à parfois plus de 100 ans, chaque cétacé retient ainsi plus de 33 tonnes de gaz carbonique dans sa masse lipidique, soit plus de 30 000 tonnes si l’on reporte ce chiffre à la population mondiale recensée actuellement. Une véritable prison à CO2, qui sombre au fond de l’océan à la mort de l’animal, et emprisonne le gaz pour plusieurs siècles. En combinant le prix du CO2 et la valeur écotouristique des baleines, les analystes du FMI estiment ainsi que chaque animal possède une “valeur marchande” individuelle de 2 millions de dollars, portant ainsi la valeur de la population mondiale de cétacés à plus de 1 000 milliards de dollars. Si ce premier chiffre a de quoi donner le tournis, il ne prend pourtant en compte que le CO2 directement ingéré par l’animal au cours de son existence. Pour établir une valeur économique plus précise, le FMI et le GWC ont également mis en perspective un autre atout étonnant et à l’impact environnemental beaucoup plus important produit par les baleines : leurs excréments. Les matières fécales des cétacés sont en effet riches en azote en phosphore et en fer; ce qui leur permet de flotter à la surface de l’eau, et de constituer une réserve de nourriture presque inépuisable au phytoplancton, un organisme végétal microscopique capable de puiser du CO2 dans l’atmosphère pour vivre. Avec un rôle primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique, le phytoplancton est ainsi capable d’absorber à lui seul plus de 40% des réserves de CO2 présentes à la surface de la Terre, soit plus de 4 forêts amazoniennes. Et l’impact des excréments des cétacés géants sur ce phytoplancton serait significatif puisque l’organisme l’évalue à 1,7 milliard de tonnes de gaz carbonique évacué de notre atmosphère chaque année. Pour se faire une meilleure idée de ce que cela représente, Sciences et Avenir, fournit une comparaison éclairante : ce chiffre est supérieur émissions carboniques annuelles du Brésil. L’étude précise que même augmentée, la population de baleines n’aura pas un impact aussi important que les arbres, toujours indispensables au bon fonctionnement de notre écosystème. Mais ce rapport permet de mieux apprécier leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Il serait également bon de rappeler ces éléments lorsqu’il s’agit de chiffrer leur coût de la protection des baleines.
Par Amandine Jonniaux le
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