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16/07/2017

A propos du "Collège aux pieds nus" crée par Mr SANJIT BUNKER ROY en INDE...

Dans l'ouvrage paru en collection Pocket sous la direction de Mr Matthieu Ricard et de Mme Tania Singer "Vers une société altruiste", qui retranscrit la rencontre historique du Dalaï Lama avec des scientifiques et des économistes, j'ai été particulièrement intéressée par un chapitre entier consacré  au "Barefoot Collège" ou "Collège aux pieds nus". Je m'étonne même de n'en avoir jamais entendu parler jusqu'ici tant ce modèle éducatif et innovant est révolutionnaire et porteur de renouveau. La vocation de cette institution indienne, crée par Mr Sanjit Bunker Roy, éducateur et entrepreneur social, est en quelque sorte d'exploiter la sagesse ancestrale et les compétences innées des villageoises et villageois de son pays non instruits dans des écoles traditionnelles.

Ce fils d'une famille faisant partie de l'élite indienne, ayant effectué des études prestigieuses et dont l'avenir semblait tout tracé, a côtoyé pendant deux semaines des villageois du Bihar victimes de famine et il en est revenu transformé. En effet, il s'est aperçu sur place des vastes connaissances pratiques de villageois illettrés qu'on croyait inaptes à s'en sortir par eux-même. Il décida alors de partir pour le Rajasthan comme simple ouvrier non qualifié pour y creuser des puits. Cela mécontenta fortement sa famille. Il eut également du mal à persuader les communautés villageoises de son engagement sincère à leurs côtés. Le système conventionnel de l'Inde empêchait son environnement de comprendre son choix de vie. Chez nous aussi, j'imagine qu'un semblable retournement pourrait paraître surprenant de la part de fils et de filles de familles aisées...

En 1972, Mr Sanjit Roy fonda le Collège aux pieds nus au Rajasthan. Puis, après quelques années de fonctionnement, il créa le Campus de son Collège  en 1986 à Tilonia. Celui-ci fonctionne uniquement grâce à l'énergie solaire. Y enseignent des volontaires issus de villages, capables de travailler de leurs mains et de respecter les compétences existantes dans les membres des communautés villageoises. C'est l'une des rares institutions mondiales qui partage le style de vie et les méthodes de travail du Mahatma Gandhi. Par exemple, personne ne gagne plus de 110 euros par mois, car Mr Sanjit Roy ne veut pas du modèle économique actuel qui fonctionne partout: c'est à dire du haut vers le bas. L'exemple est donné au contraire par quelques personnes de la base qui viennent pour y travailler. Pas besoin de savoir lire ou écrire pour devenir ingénieur solaire, architecte ou médecin! Car le défi de ce Collège est de valoriser les compétences et les capacités à se développer par eux-mêmes des habitants. Tout est discuté démocratiquement par les élèves qui ont formé au sein de l'école un Parlement des enfants avec même un Premier Ministre...

A ce jour, on constate que des villageoises et villageois dans 225 écoles de ce genre dans 6 Etats du pays sont formés pour travailler, le soir après leur journée de travail aux champs, sur des ordinateurs et pour développer des savoirs pratiques. Les spectacles de marionnettes et les spectacles de rue traditionnels sont encouragés pour transmettre des messages sociaux essentiels. Quatre femmes illettrées ont par exemple fabriqué un cuiseur solaire parabolique qui fournit des repas à plus de 1000 enfants. Vendus dans les villages à des prix modiques, ces cuiseurs épargnent le bois et le pétrole qui servaient à la cuisson d'autrefois. Un prêtre hindou a fabriqué et installé tout leur système énergétique. Depuis, 600 villages à travers le pays bénéficient à moindre coût de l'énergie solaire.

En 2001, le Collège aux pieds nus et le Parlement des enfants ont remporté le World's Children's Honorary Award  pour l'éducation des filles. C'est une jeune fille de 12 ans, en tant que Premier Ministre du Parlement, qui est allée en Suède recevoir le prix. Le modèle du Collège aux pieds nus s'est exporté tout d'abord au Ladakh, puis en Afghanistan en 2005/2006. Il repose là-bas exclusivement sur le savoir faire des femmes. En 6 mois, avec des moyens modestes, 100 villages ont été équipés en énergie solaire. Ensuite, ce sont des femmes africaines qui sont venues pour 6 mois se former en Inde. Elles sont originaires de 30 pays différents et s'initient à ces méthodes simples, transposables partout. Elles communiquent par signes, car elles ne parlent pas la même langue, mais elles se comprennent en travaillant de leurs mains. 

En bref, un merveilleux exemple de ce qu'il est possible de faire dans des pays pauvres à peu de frais. C'est un formidable espoir de changement dans les pratiques et surtout dans le regard que nous portons sur les êtres humains. Car faire faire des études poussées aux élites de ces pays fait que ces gens là se sentent supérieurs, ne raisonnent plus qu'en terme d'argent et désertent bien souvent leur pays d'origine... Quand ils prennent les rênes de leur pays, ils ont souvent bien du mal à ne pas se laisser corrompre.

Développer la qualité de vie des villages au contraire semble une solution pratique qui réussit. Des ONG de terrain existent et vont déjà dans ce sens. Ce ne sont pas des multinationales aux frais généraux pharaoniques! Une société plus coopérative, plus altruiste et soucieuse du bien commun est déjà en route. Soutenons ses efforts et laissons nous inspirer par cet exemple réjouissant!

Pour en savoir plus, consulter par exemple sur Internet: 

www.unesco.org/education/highlights/pied_nus.html
 
Lyliane 

 

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