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09/09/2015

La France est-elle toujours la patrie des Droits de l'Homme?

 

C'est la question qui m'a été posée sur le blog de Prêle par une ressortissante ou un ressortissant d'un pays germanique par rapport à notre accueil très modéré de migrants. Cela m'a incitée à rechercher comment répondre à une telle question...

Depuis la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, la France est en effet souvent considérée comme telle, en raison de la vocation universelle de cette Déclaration. Notre pays en outre a joué un rôle important dans l'élaboration du Droit International des Droits de l'Homme et pour la Déclaration des Droits de l'Enfant.

 Notre pays n'a certes pas de leçons à donner aux autres pays du monde dans la mesure où elle a autrefois soutenu l'esclavage, donné bien tard le droit de vote aux femmes, vécu des guerres de décolonisation, aboli il y a peu la peine de mort et expulsé violemment les Roms en 2010. Actuellement, elle est encore interpellée parfois à cause de discriminations raciales, des conditions carcérales et de son système judiciaire par Amnesty International ou le Conseil de l'Europe, tout comme d'autres pays européens du reste...

 Toutefois, il ne faudrait pas oublier l'accueil massif de réfugiés espagnols au moment de la guerre civile, d'italiens sous Mussolini, de «boat people» venus d'Asie ou de rapatriés d'Afrique du Nord. De même, la France a fait amende honorable par rapport à l'esclavage, à la situation des harkis et elle a reconnu le génocide arménien. Et depuis l'affaire Dreyfus en 1898, la Ligue des Droits de l'Homme a été crée pour défendre les Droits de tous les opprimés. Un organisme appelé La Cimade vient en aide concrètement aux réfugiés et de nombreux bénévoles de la Croix Rouge Française notamment agissent sur le terrain.

 Certes, le Président Hollande, malgré un climat économique défavorable, un taux de chômage record et une opinion publique manipulée par certains partis xénophobes, vient de promettre l'accueil en France de 24 000 migrants sur 2 ans. Une politique de quotas est également en passe de se construire au niveau européen. Des communes françaises se sont mobilisées et beaucoup de Français se sentent solidaires de ces personnes déplacées pour raison de guerre (Irak, Afghanistan, Syrie) A Calais l'afflux de migrants voulant se rendre en Grande Bretagne pose de nombreux problèmes à notre pays, car les anglais sont assez réticents à les recevoir. Ce sont pourtant des populations anglophones. A Vintimille ont été bloquées quelques centaines de personnes souhaitant aller dans des pays du Nord de l'Europe. Les églises françaises et italiennes sont intervienues sur le terrain pour que les conditions soient moins rudes. La Grèce comme l'Italie n'ont pas choisi de se retrouver débordés par des afflux de gens venant du Soudan ou d'Erythrée... Pendant ce temps, la Pologne, la République Tchèque, la Hongrie ont refusé, tout comme l'Angleterre jusqu'à ces jours derniers, de prendre leur part de réfugiés... Et il faut remarquer que c'est la photo d'un enfant trouvé sur une plage après une noyade en voulant fuir la guerre avec sa famille, qui a suffi à débloquer les choses!

 Il est sûr que nous ne sommes pas en France dans la même situation économique et démographique que l'Allemagne, la Suède et l'Autriche, qui souffrent peu du chômage, qui manquent de main d'oeuvre et dont notamment en Allemagne le taux de natalité est très bas.

Accompagner les flux migratoires relèverait d'une volonté politique, que tous les pays européens devront apprendre à faire naître. Toutefois, je m'étonne que personne - ou presque - ne se mobilise suffisamment contre les passeurs, qui extorquent des sommes fortes à de pauvres gens pour les abandonner encore loin des côtes pour ne pas se faire arraisonner. Il est fort possible que nous soyons face à une sorte de mafia, que cet argent soit ensuite transformé par les trafiquants en armes de guerre ou en doses de drogue... Aussi, au lieu de comparer les efforts de nos pays respectifs, ne serait-il pas plus utile d'unir leurs efforts pour sortir de la crise actuelle «par le haut», c'est à dire en gardant au cœur nos valeurs de solidarité tout en faisant notre possible pour accueillir les réfugiés dans de bonnes conditions? Lyliane

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