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01/07/2015

Le monde agricole entre impuissance et prises de conscience...

 
L'émission de lundi soir 29/6 sur France 3 avait pour titre: «Que mangeons­nous vraiment?». En
 
fait, outre la baisse flagrante de qualité des produits et la misère des éleveurs surendettés aussi bien
 
dans l'élevage de poulets ou de porcs en batterie que dans l'élevage des vaches laitières, ce fut
 
finalement un vaste état des lieux concernant les lobbies qui règnent en maître dans les filières
 
agricoles.
 
Notre pays autrefois pouvait se vanter d'être une grande puissance agricole. Aujourd'hui, les géants
 
de l'agroalimentaire ont remplacé en majeure partie nos petits paysans indépendants. Ce sont eux
 
qui fixent les prix, qui imposent leurs conditions. Un qualificatif choc a été prononcé au cours de
 
l'émission: nos paysans sont devenus des «techno­serfs»! Au delà du problème humain posé, qui
 
nous touche assurément car beaucoup sont au bord de la faillite ou du suicide, il nous faut tirer des
 
leçons de ce que nous avons appris à travers les images mises bout à bout au cours de cette
 
émission.
 
Les «bonnets rouges» bretons ont exprimé leur désespoir de ne pouvoir sortir de cet engrenage et
 
leur colère de constater qu'ils sont là pour «engraisser des profiteurs». Leur appel au monde
 
politique n'a rien donné, car nos élus, à de rares exceptions près, croient encore à l'agroalimentaire.
 
Par contre, et c'était à mon sens le plus essentiel, le documentaire montrait des exemples réussis ­
 
que ce soit en Bretagne, dans le Sud Ouest ou le Jura ­ de petits producteurs qui vivent
 
relativement bien de nos jours. Ils ont eu le bon sens de résister aux diktats de «l'agrobusiness» en
 
gardant une taille humaine, leur autonomie d'exploitation et de commercialisation. En plus, le fait
 
de maintenir des regroupements en coopératives locales ou en fruitières, leur permet d'être
 
solidaires et de mutualiser leurs investissements. Enfin, en restant maîtres de leurs filières, en ne
 
comptant plus sur des subventions ou sur des courtiers français ou étrangers, ils ont gardé leur
 
identité et la fierté de produire de la qualité (label rouge pour le poulet par exemple) et non de la
 
quantité bourrée d'OGM ou d'antibiotiques pour les consommateurs français.
 
Bref, j'ai eu l'impression que dans certaines régions de notre pays des «traders» exploitent à leur
 
seul profit le monde agricole, après lui avoir fait croire à des rêves démesurés. Car si 1/3 des
 
exploitations agricoles a disparu ces 50 dernières années, les fermes de 400 000 poulets ou de 2000
 
porcs licencient aujourd'hui leur personnel et vendent plus ou moins à perte, car le prix de vente du
 
lait comme des poulets ne couvre pas les prix de production. La mondialisation, la concurrence du
 
Brésil comme de la Pologne notamment, mettent aussi nos fermiers sur la paille...
 
En tant que consommateurs, nous pouvons aider à la pérennisation des exploitations agricoles de
 
notre pays et à la survie des éleveurs. Tout d'abord, en privilégiant les produits locaux, les contacts
 
directs et la transparence dans nos achats. Ensuite, en évitant de choisir systématiquement les prix
 
les plus bas, fruits de l'exploitation des paysans. Car la qualité a un prix et la loi de l'offre et de la
 
demande joue partout, même avec les tenants des plus gros monopoles!
 
Il existe heureusement un peu partout en France des coopératives, des magasins biologiques, des
 
ventes à la ferme, des groupements d'achat, des Amap... Créons en, s'il n'y en a pas assez et
 
délaissons «les usines à produire et à vendre» pour retrouver une paysannerie à taille humaine.
 
Des organismes comme Terre de liens, la Nef encouragent et soutiennent des projets économiques
 
durables. Leurs fonds prêtés viennent généralement de contributions volontaires, de financements
 
participatifs.
 
Il me semble que plus nous serons conscients et responsables, plus nous ferons chacun dans notre
 
région notre part de consommateurs avertis, plus l'ensemble pourrait aller mieux! On pourrait quoi
 
qu'il en soit au moins essayer et ne pas baisser les bras...
 
Lyliane

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