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29/05/2015

L'accès aux soins des personnes démunies...

Selon Mme Aline Archimbaud, Sénatrice de Seine St Denis et le docteur Jeanine Rochefort, Déléguée Régionale de Médecins du Monde pour l'Ile de France, les facteurs financiers ne sont pas les seuls à rentrer en ligne de compte pour expliquer l'éloignement des soins des personnes socialement les plus fragiles dans notre pays.

 

Normalement, en dessous de 720 euros de revenu mensuel, toute personne en France devrait bénéficier automatiquement de la CMU-C, qui donne droit à la prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé, hospitalisation comprise. Or, l'extrême complexité administrative d'un dossier de CMU-C est pointée par Mme Archimbaud, car il comporte 16 pages à remplir et au moins 60 pièces et attestations à fournir. De plus, des guichets de proximité de la CPAM (Caisse primaire d'Assurance Maladie) ont été supprimés ce qui ne facilite pas le dépôt des dossiers. Aussi, beaucoup de personnes en situation de précarité renoncent à cette aide médicale, malgré l'investissement sur le terrain d'assistantes sociales et d'associations comme Médecins du Monde, la Croix rouge, l'Ordre de Malte etc...

 

Selon l'INSEE, 15 à 20% des bénéficiaires du R.S.A. (revenu de solidarité active) n'arrivent pas à obtenir la CMU-C, alors que ce pourrait être automatique ou au moins fortement simplifié dans ce cas. Toutefois, ne l'oublions pas, 9 millions de personnes, dont 1 enfant sur 5, vivent en dessous du seuil de pauvreté dans notre pays. Comme elles ne peuvent plus guère se soigner (les dents, les yeux, les oreilles et de la santé en général) ou alors très mal, la gale et la tuberculose ont réapparu et sont même en recrudescence en France.

 

Des médecins auraient remarqué que, même dans la classe dite moyenne de notre pays, à partir du 20 du mois, leur clientèle diminue de 5% car elle est en difficulté financière. Les personnes citées plus haut font remarquer qu'au lieu de faire rembourser les dépassements d'honoraires par les mutuelles pour les actes chirurgicaux et médicaux, il vaudrait mieux mettre une limite à ces sommes qui deviennent prohibitives. Selon le docteur Rochefort, l'importance donnée aux mutuelles et assurances complémentaires payantes éloignerait notre système social français ( à l'instar du modèle américain pourtant peu enviable sur ce point) du modèle solidaire né en octobre 1945 avec la Sécurité Sociale.

 

Mme Archimbaud propose que les élus et notamment les Sénateurs examinent enfin les 40 propositions qu'elle a déposées en septembre 2013, afin d'effectuer « un choc de solidarité ». Au moment où notre ministre de la santé et nos élus votent une réforme du système de santé en France, système contre lequel se mobilisent beaucoup de médecins et d'infirmiers, soucieux de ne pas alourdir leur emploi du temps et de ne pas perdre leurs avantages, n'oublions pas les millions de personnes démunies qui souffrent en silence de notre indifférence à leurs problèmes cruciaux.

 

Il y aurait, me semble-t-il, des mesures simples à mettre en place, par exemple des visites médicales gratuites dans des centres de santé ou des dispensaires, des cliniques mobiles comme en Afrique et partout un peu plus de chaleur humaine pour combler le fossé qui se creuse entre les citoyens. Réalisons bien que, contrairement à certaines allégations dans le grand public, ce ne sont pas les démunis qui sont responsables du « trou de la Sécu », mais peut-être certains abus du fait de congés de maladie abusifs, de quelques prescriptions de confort, de privilèges consentis à quelques professions libérales et laboratoires, qui surtaxent des actes ou le prix des médicaments...

 

Un changement dans nos mentalités me paraît souhaitable, ainsi qu'une réorganisation de nos priorités, afin que tous bénéficient d'un minimum d'accès aux soins et que notre Sécurité Sociale demeure le bien précieux et solidaire qu'elle aurait du rester.

Lyliane (29/5/2015)