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22/08/2019

La Norvège s'engage dans des sanctions pour lutter contre la déforestation...

Le ministre de l'Environnement norvégien a accusé le Brésil de ne pas vouloir réduire la déforestation, alors que la surface déboisée en juillet 2019 est équivalente à la superficie du Luxembourg.
Après l’Allemagne, c’est au tour de la Norvège de bloquer 30 millions d’euros d’investissements, initialement prévus pour la protection de la forêt amazonienne brésilienne. Brasilia est accusé par Oslo de «ne plus souhaiter arrêter la déforestation» et d’avoir rompu l’accord passé avec les différents donateurs du Fonds de préservation de la forêt amazonienne. Ce fonds, créé en 2008, a pour but de prévenir et combattre la déforestation et de préserver l’Amazonie brésilienne. Avec près de 828 millions d’euros versés depuis 2008, la Norvège en est le principal investisseur.
Mais dernièrement, le Brésil a suspendu unilatéralement le conseil d’administration et le comité technique du Fonds pour l’Amazonie, ce qui va à l’encontre de son règlement, d’après le ministre norvégien de l’Environnement et du Climat. Cette suspension a été confirmée par Ricardo Salles, le controversé ministre de l’Environnement brésilien, qui a expliqué que les règles «régissant le Fonds amazonien sont en discussion» et qu’il attendait d’en voir les résultats. Tous les ans, la Norvège verse une somme plus ou moins importante au Brésil. Cette dernière dépend des résultats obtenus dans la lutte contre la déforestation. D’après les estimations d’un comité technique et en se basant sur les résultats de la déforestation en 2018, la Norvège aurait dû verser 30 millions d’euros au Brésil cette année, ce qu’elle refuse désormais de faire.
Samedi dernier, c’était l’Allemagne qui annonçait ne plus vouloir donner une partie de la somme initialement prévue. La ministre de l’Environnement, Svenja Schulze, affirmait que les 35 millions d’euros, qui devaient être versés par son ministère, allaient être bloqués, jusqu’à ce que des signes encourageants d’une diminution de la déforestation ne soient fournis. Elle estime que «la politique du gouvernement brésilien dans l’Amazonie soulève des doutes quant à une réelle volonté de réduction de la déforestation». Le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement pourrait tout de même verser près de 55 millions d’euros pour la protection de la forêt tropicale. Son ministre ne prévoit en effet pas de bloquer cette somme, considérant que «tous ceux qui connaissent l’importance de cette forêt pour le climat doivent renforcer ces mesures au lieu d’y mettre fin».
Climatoscepticisme et déforestation
Quant à savoir si ces deux décisions feront réagir le président brésilien, rien n’est moins sûr. De l’autre côté de l’Atlantique, Jair Bolsonaro n’a comme à son habitude, pas mâché ses mots et a assuré ne pas vouloir recevoir de leçons de la part des pays donateurs. Suite à la décision norvégienne, il a déclaré devant les journalistes : «La Norvège n’est-elle pas le pays dans lequel on tue les baleines dans le Pôle Nord ?» Avant de conseiller Oslo : «Prenez cet argent et aidez Angela Merkel à reboiser l’Allemagne.»
Bolsonaro fait partie du club des climatosceptiques et ses politiques en sont le parfait exemple : réduction du budget alloué au climat, quasi-suppression du ministère de l’Environnement ou encore remise en cause de l’espace vital des peuples indigènes. Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, il n’a cure des avertissements de ses homologues et prend le réchauffement climatique comme une farce, en proposant par exemple de ne «faire caca qu’un jour sur deux» pour protéger l’environnement. Le Brésil est d’ailleurs, d’après l’ONG Global Witness, le quatrième pays le plus dangereux pour les défenseurs du climat, avec vingt personnes tuées en 2018.
Pas étonnant donc que malgré le maintien du Brésil dans l’accord de Paris, la déforestation se soit fortement accentuée, mettant en danger les populations indigènes et la biodiversité. Les dernières données fournies par l’Institut national de recherche spatiale brésilien (INPE), l’organisme chargé de mesurer la déforestation en Amazonie, montrent qu’au mois de juillet 2019, environ 2254 km² de forêt tropicale ont été rasés. Soit une surface quatre fois supérieure à celle de juillet 2018 et presque équivalente à la superficie du Luxembourg. Pourtant, le président brésilien assure que les mesures de l’organisme sont mensongères et a contraint le directeur de l’INPE, Ricardo Galvão, à la démission le 2 août.
Grand défenseur de l’agriculture intensive, Jair Bolsonaro a pour projet de développer les berges du fleuve Amazone. Il est donc très incertain que les décisions allemandes et norvégiennes l’incitent à changer sa ligne politique. L’Amazonie est considérée comme vitale par les scientifiques dans la lutte contre le réchauffement climatique. Qualifiée de «poumon vert» de la Terre, la forêt tropicale abrite 50 à 70% de la biodiversité mondiale d’après WWF et constitue une source importante de captation de CO2. Pourtant, peu de pays ont proposé des mesures concrètes pour tenter de contrer les politiques du président brésilien. Après la conclusion du texte sur l’accord commercial avec les pays du Mercosur, seule la France a exprimé quelques réticences et demandé des garanties sur la protection de la forêt tropicale.

Lucie Lespinasse - Liberation - vendredi 16 août 2019

19/12/2015

Les peuples autochtones luttent à leur façon contre la déforestation...

J'écoutais d'une oreille attentive jeudi 17/12/2015 l'émission à la télévision (13ème chaîne) consacrée vers 20H30 aux peuples autochtones. J'y ai vu tout d'abord, au Brésil, des indigènes accepter l'aide d'européens et l'expérience de drones, afin de surveiller les coupes illégales dans leurs forêts amazoniennes menacées par de grosses compagnies étrangères. J'ai trouvé cette coopération intelligente et ce face à face de bon augure. De plus en plus en effet, comme l'a exprimé Nicolas Hulot, nous devrions changer notre regard et accepter les leçons de sagesse de ces autochtones sans la moindre condescendance. Pour eux, la forêt n'est pas une marchandise, mais un lieu de vie où ils trouvent nourriture, plantes médicinales et lien avec le sacré, l'esprit de leurs ancêtres. Ensuite, nous avons assisté à des rassemblements de femmes casseuses de noix de coco, au Nord du Brésil, désireuses de protéger la forêt de Babassu, des appétits d'espace et de pillage, d'éleveurs et de défricheurs. Ces femmes courageuses, exposées physiquement à leurs détracteurs, ont cru à leur combat et ne se sont pas résignées. Elles tirent en effet leur mode de vie et leur subsistance de ces noix (pain, huile, médicaments et même savon) qui poussent en forêt. Ainsi, elles protègent la forêt tout en dégageant un revenu pour nourrir leur famille. Réunies en mouvement associatif régional des casseuses de noix, elles ont fini par avoir gain de cause...

En contraste avec ces luttes, nous avons appris que les dirigeants du Costa Rica (petit pays d'Amérique Centrale, laissent aux communautés locales autochtones la jouissance de leurs forêts, tout en exploitant quelques bois, grâce à une concertation entre eux et à un marquage des arbres. Peu à peu des espaces défrichés sont replantés d'essences locales, ce qui a déjà permis de regagner quelques 4200 ha de forêts. L'Etat leur construit même des maisons et permet à leurs enfants s'ils le souhaitent d'aller à l'école et d'être soignés... Néanmoins, ne rêvons pas:les terres indigènes sont toujours sous la menace de grands groupes industriels visant leur seul profit. Les chamans le savent et le font savoir quand on leur en donne l'occasion: ils veulent protéger leurs forêts ancestrales d'extractions de minerai, de pétrole ou de barrages, dont ils n'ont que faire. Avec le réchauffement climatique, la lutte contre la déforestation a été évoquée. A nous de veiller à ce que les résultats de la COP 21 ne restent pas lettre morte!

Le reportage se terminait par les paroles de la rapporteuse des Nations Unies pour les peuples autochtones, Mme V. Pauli, affirmant que ces peuples ont des valeurs de solidarité, de réciprocité, de respect de la terre et de la nature, dont nous devrions bien nous inspirer. Leur pharmacopée par exemple ne devrait en aucun cas disparaître! Quant à Nicolas Hulot, il évoquait en finale que l'ère de la spoliation de ces peuples est révolue, car ils se sont fédérés; ils ont crée des médias et ils mettent en oeuvre un esprit de résistance. Ils possèdent en effet une sagesse, une vision claire et consciente de la vie sur terre. Même peu nombreux, ils peuvent nous redonner le sens de l'humain et de la dimension spirituelle, dont nous nous sommes coupés. Le chef Raoni comme d'autres chamans commencent à se faire entendre dans le monde. Ce ne serait que justice, il me semble! Considérons donc que les autochtones sont aux avant-postes de la lutte contre la déforestation et soutenons les à travers des Fondations comme celle portée par Nicolas Hulot.

Lyliane