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07/07/2015

Vieillir n'est pas un accident...

Pour expliquer le vieillissement, nous faisons généralement appel à la science: biologie, gérontologie, génétique. Si on le compare au terme jeune, le vieux paraît dévalorisé, rétréci.

Toutefois, vieillir, devenir vieux est un état visible, indépendant de l'âge car il touche aussi notre caractère. Après le cap de la quarantaine, qui est l'âge de la crise centrale de notre nature humaine, nous entrons dans la période de la perte progressive de nos capacités et également de nos illusions. Ce n'est pourtant pas une période inutile, un «naufrage» comme certains hommes politiques l'ont ressenti.

 

Pour expliquer ce qu'il ressent du vieillissement, James Hillman dans son ouvrage «La force du caractère», paru aux éditions J'ai lu, écrit que nous désirons «donner du sens à notre vieillissement au-delà de l'usure du corps et de l'épuisement de notre esprit». Pour lui en effet «assumer pleinement notre état de vieux, l'authenticité de notre être et la disponibilité de notre présence est une tache bénie». Il recense ce qui pourrait enrichir notre vieillesse: la liberté, l'écoute, la présence aux autres, la simplicité, le silence, l'art, la nature... Nos facultés changent, mais quelle attitude adopter par rapport à ces changements qui nous incitent à ralentir?

 

Selon J. Hillman, «l'Intelligence de la vie a prévu le vieillissement comme elle a prévu la croissance de ce qui est jeune». Ce qui doit mourir en nous, c'est le besoin de s'accrocher au désir de durer. S'accrocher ou lâcher-prise, telle est la question posée à nos aînés.

Certes, nous avons tendance à nous répéter comme de jeunes enfants, nous oublions facilement des obligations du moment, nous confondons parfois même les générations... Notre sommeil est différent, entrecoupé de moments de veille comme pour ouvrir l'oeil sur sur le monde invisible, pour tendre l'oreille à des murmures... Mais évitons les somnifères qui endorment la conscience!Notre peau se fripe, devient sèche; nos émotions s'anesthésient, notre visage ridé peut révéler notre sagesse éventuelle, notre force de caractère... Nul besoin de lifting pour la plupart.

 

Que nous soyons pessimistes ou optimistes, la vieillesse correspond surtout à l'idée que nous nous en faisons. C'est néanmoins la grande peur de notre génération, car on la couple le plus fréquemment avec perte de fonction sociale, décrépitude, poids financier pour la société et avec la mort au bout. Selon J. Hillman, elle autorise une autre lecture que la dégénérescence du corps, la tendance à moraliser, à critiquer, à se replier sur ses biens. Pourtant nos vieux que l'on révère dans certaines cultures pour leur expérience, sont aussi un facteur d'équilibre et de conscience; ils peuvent s'investir en faveur de valeurs comme la non violence, la justice, la culture, la beauté...

 

Pour moi, qui suis entrée dans cette phase, vieillir peut également se révéler être une aventure au service de l'humain, un appui pour enfant et petit-enfant, une mémoire vivante du passé familial. Jusqu'au bout, quoi qu'il en soit, j'aimerais rester vivante en trouvant jour après jour une disponibilité qui fait défaut aux actifs... J'entre dans le monde de la «tortue», moi qui aimait courir comme un lièvre! Bravo au fabuliste qui a donné à cet animal ses lettres de noblesse!

Lyliane

27/11/2014

Notre voie d'espérance...

A PROPOS DU LIVRE D'OLIVIER LE NAIRE "NOTRE VOIE D'ESPERANCE"

           

Je choisis ce titre, hérité de l’ouvrage récent d’Olivier Le Naire, afin de lui rendre hommage, de l’intégrer en quelque sorte à mon expérience vécue.

 

En 220 pages, en effet, ce journaliste français donne la parole à 10 humanistes connus, pour qu’ils éclairent le tournant que traverse notre époque actuelle. A travers le recul passionnant que savent prendre chacun de ces grands témoins, comme il les nomme,tous différents et pourtant convergents dans leur conclusion, nous réalisons de quel mal souffre notre siècle. Il  pourrait être résumé par le terme médical de « dépression ».

 

Peur de l’avenir, manque de confiance, désenchantement profond, recherche de boucs émissaires ; tout cela pollue nos efforts pour aller de l’avant ! La joie de vivre n’illumine plus les visages, la tentation du repli communautaire grandit, bref, la crise semble régner partout. Une crise économique certes avec désindustrialisation, mondialisation, mais surtout une crise de conscience avec injustices croissantes, exclusion, tentation de flirter avec les extrêmes…N’investissons plus, ne croyons plus en rien, dissimulons nos avoirs dans des paradis fiscaux, sauvons nos privilèges… voilà ce qui s’insinue peu à peu en nos esprits.

 

C’est le Pape François qui, tout récemment, a tenté d’éveiller nos consciences : allons nous  faire de la Méditerranée un immense cimetière par besoin de garder notre niveau de vie, par peur de devoir partager avec des migrants chassés de leur pays par la guerre ou la misère ? Car nos chefs d’états eux semblent trop occupés à garder le pouvoir, nos élus trop préoccupés par leur réélection ! Comme les lobbys, ils ont intérêt à ce que rien ne bouge, à ce que nous cherchions avec nostalgie à retrouver la fameuse « croissance » !

 

Que signifient encore les mots de solidarité, de partage, d’accueil ? J’ai eu la chance de connaître cela dans ma jeunesse, dans des montagnes savoyardes rudes où chacun savait qu’il avait besoin de l’autre pour subsister. Internet, les liens virtuels ont ils permis d’interconnecter tous les humains ? Pas si sûr ! Dans certains pays en voie de développement la simple survie physique occupe les journées des habitants à 100%.

 

Pourtant, notre pays, où les enfants vont à l’école jusqu’à 16 ans, ne manque pas d’énergie, de forces vives, d’imagination… Une léthargie collective paraît immobiliser même les plus vaillants d’entre nous, leur dissimuler ce qui bouillonne sous les apparences, une quête de sens, de lucidité, aptes à nous faire changer de repères, accepter l’inévitable changement. Une énergie circulaire est déjà en place, des mouvements participatifs sont à l’œuvre… On sort peu à peu de la société de consommation, qui reposait sur énormément de gâchis.

 

Alors merci à celles et ceux qui au lieu de baisser les bras, proposent des voies nouvelles et soulignent, là où ils se trouvent, les initiatives positives qui naissent à bas bruit! Soyons à notre tour des « accoucheurs d’espoir » !

 

Lyliane (27/11/2014)