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09/03/2018

Pollution des océans: il faudrait tous nous sentir concernés!

Le Journal La Croix du 19/12/2017 a consacré un dossier, sous la plume de Mme Martine Lamoureux et de Mr Pascal Charrier, afin d'attirer l'attention du public sur les 8,3 milliards de tonnes de plastique qui ont été produites dans le monde entre 1950 et 2018, dont une grande partie se retrouve dans nos océans. En effet, selon une étude de Plus One, la pollution à la surface des océans est estimée à environ 8 250  milliards de particules, soit l'équivalent de 269 000 tonnes de matières plastiques. Les déchets se retrouvent très vite piégés au sein de gyres, c'est à dire d'énormes tourbillons d'eau formés par les courants marins dans le Pacifique Nord et Sud, l'Atlantique Nord et Sud et l'Océan Indien. C'est une pollution quasi invisible à l'œil nu, car les morceaux de plastique après quelque temps deviennent souvent petits et ils trompent les espèces marines qui les ingèrent (raies, tortues ...).

En Mer du Nord, seuls 10% des déchets sont d'origine industrielle. Autres remarques: "Les gens ne s'imaginent pas... qu'un mégot - qui contient du plastique - passe par le caniveau et finit souvent sa course à la mer, où il pollue 500 litres d'eau à lui tout seul. Quant à une bouteille plastique jetée dans la nature, elle mettra en mer plus de 400 ans à se dégrader". Selon Mr J.F. Ghiglione de l'Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer, "nous déversons de telles quantités de plastiques que la nature ne peut pas suivre". Sans vouloir effrayer la population, il est urgent de comprendre que si rien n'était fait, la mer compterait en 2050 plus de plastiques que de poissons! Il faut donc bien réaliser que la plupart des micro-plastiques trouvés dans les océans sont apportés par les cours d'eau et proviennent de notre consommation courante... 

Selon Mme Antidia Citores de Surfrider, la lutte contre les plastiques devrait passer   par la prévention à la source plutôt que par des techniques d'épuration en mer. Il faudrait "former les consommateurs pour faire évoluer les comportements: par exemple limiter les emballages, l'usage de la vaisselle plastique, des pailles, des coton-tige, des bouteilles plastiques"... Il existe des alternatives comme le cure-oreilles Oriculi en bois, des cosmétiques sans microbilles, des boites métalliques  ou en carton fort de bicarbonate en lieu et place de tubes de dentifrices ... Les sacs plastiques non biodégradables sont désormais interdits chez nous, ce qui oblige à se munir de sacs de tissu ou de paniers. Certains industriels envisagent des yaourts et des boissons en emballages de verre réutilisables... La recherche quant à elle s'oriente vers des polymères moins polluants, car biodégradables ou recyclables.

Autre initiative intéressante: des kayakistes ont crée un outil de prélèvement artisanal appelé 'babyleg": un bidon de 5l coupé aux deux extrémités et prolongé d'un côté par un collant pour bébé. Le système a été mis au point par une universitaire canadienne, Max Liboiron, pour dénoncer les pollutions invisibles de nos cours d'eau. Chez nous, Mr Alexandre Schaal s'en sert avec les membres le d'Association "La pagaie sauvage" d'Anglet (Pyrénées - Atlantiques). La Loire, la Dordogne, le Gave de Pau, l'Allier et l'Adour ont ainsi été explorés. En 9 mois, ces volontaires ont effectué en kayak une quarantaine de prélèvements. Après séchage, les collants sont envoyés par courrier à l'Institut de chimie de Clermont-Ferrand, où ils sont analysés.

Cette collaboration est un plus, car elle enrichit nos connaissances. Les premiers résultats, en effet, montrent une présence de micro-plastiques dans tous les cas, y compris dans les torrents de montagne. Quatre membres du Club d'Anglet vont descendre ce printemps 2018 les 650 km de la Garonne de sa source jusqu'à l'Atlantique et ils feront 150 prélèvements au passage. Il sera notamment intéressant de savoir combien de temps mettent nos déchets plastiques pour rejoindre la mer!

En France, le gouvernement vise 100% de plastiques recyclables en 2025. Mais c'est encore loin et, entre temps, la pollution continuera de plus belle, si nous ne prenons pas individuellement des mesures à la source, à travers nos achats et nos modes de vie. Bref, de plus en plus, la société civile cherche à s'investir et les citoyens ne se bornent plus à attendre des décisions politiques. C'est encourageant et cela nous donne l'exemple. Alors, que ferons-nous concrètement, dès demain, pour endiguer ce fléau?

Lyliane

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