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29/09/2015

Une ferme maraîchère biologique viable sans motorisation?

Le cas d’une approche holistique inspirée par la permaculture K. Morel1, C. Guégan2 and F. Léger3 1INRA, UMR 1048 SAD-APT, France ; 2Ferme du Bec Hellouin, France ; 3AgroParisTech, UMR 1048 SAD-APT, France Adaptation française d’une communication en anglais acceptée pour publication dans la revue Acta Horticulturae après présentation au symposium Innohort 2015.

Mots clés: horticulture biologique, autonomie énergétique, agroécologie, approche systémique

Résumé Dans les pays industrialisés, des initiatives innovantes souhaitent s’inspirer des principes de la permaculture pour concevoir des fermes maraîchères sans recours à la motorisation. Afin de tester dans quelle mesure une telle approche peut permettre la viabilité d’une ferme maraîchère commerciale, nous avons mené une étude de cas sur la ferme biologique du Bec Hellouin en France. Ce travail a montré que ces maraîchers ont développé une démarche holistique afin d’obtenir de hauts niveaux de production sur une petite surface et d’augmenter la valeur ajoutée de cette production. Des estimations basées sur des mesures précises en 2013 et 2014 montrent qu’il est potentiellement possible de générer sur une surface cultivée de 1061 m2 un revenu net mensuel compris entre 898 € et 1 892 €. Ces résultats varient en fonction des niveaux de production et d’investissements matériels et ont été obtenus avec un travail moyen de 43 h par semaine. De telles performances économiques tendent à montrer que ces initiatives peuvent être viables. Cependant, sur cette petite surface travaillée à la main, les maraîchers ont fait le choix de ne pas cultiver certains légumes de conservation, comme les pommes de terre, qui sont attendus par les consommateurs. Ce constat invite à réfléchir à de possibles coopérations entre maraîchers manuels et motorisés pour répondre à cette demande ou sur le recours à la traction animale.

INTRODUCTION Face à la raréfaction des ressources fossiles et aux coûts sociaux et environnementaux de leur utilisation, l’agriculture de demain devra réduire sa dépendance vis-à-vis de ces énergies (Chow et al., 2013). Dans les pays industrialisés, des maraîchers innovants inspirés par les principes de la permaculture (Ferguson et Lovell, 2014) souhaitent relever ce défi en encourageant le travail manuel et une approche holistique de leur activité. Notre objectif a été d’évaluer dans quelle mesure une telle démarche peut permettre la viabilité d’une ferme maraîchère biologique sans motorisation. Par viabilité, nous entendons ici la possibilité pour un maraîcher de générer un revenu en accord avec ses besoins tout en maintenant un niveau acceptable de temps de travail. Notre recherche s’est basée sur une étude de cas menée sur une ferme de Normandie, en France.

MATERIEL ET MÉTHODES Site étudié et mesures de production La ferme que nous avons étudiée se situe dans le petit village du Bec Hellouin (49°13'24.9"N 0°43'42.5"E). Dans cette zone, le climat est tempéré sous influence océanique avec un haut niveau de précipitations (de 700mm à 900mm par an). Le sol initial de la ferme était limoneux sur calcaire, peu profond (15-20 cm), mais a été progressivement enrichi par des apports de matières organiques. L’objectif de notre étude était de voir si l’approche holistique prônée par cette ferme permettait à un maraîcher de générer un revenu sur une très petite surface cultivée sans motorisation. Pour tester cette hypothèse, des mesures quotidiennes des quantités récoltées et du temps de travail ont été réalisées sur une surface de 1061m2 (sans les allées) comprenant 40% de planches permanentes sous serre froide, 24% de planches permanentes en plein champ et 36% de buttes permanentes rondes en plein champ. Dans tous les cas, le travail du sol était limité à 30cm de profondeur avec des techniques non inversives des horizons. A cause de contraintes pratiques, le travail réalisé sur la surface étudiée a été le fait de plusieurs maraîchers et stagiaires. Leurs temps de travail respectifs ont été additionnés afin de s’assurer qu’un unique maraîcher pouvait s’en charger. Cet article présente les résultats obtenus pour les années 2013 et 2014.

Estimation du revenu et du temps de travail: A partir des données brutes mesurées (récoltes et temps de travail), nous avons réalisé un travail de modélisation à partir de différentes hypothèses pour estimer le revenu et le temps de travail d’un maraîcher qui travaillerait uniquement sur cette surface. Les résultats présentés sont donc le fruit d’une modélisation théorique et ne sont pas les résultats économiques de la ferme du Bec Hellouin qui cultive 4500 m2 de légumes sur une superficie totale de 20 ha. Pour estimer le chiffre d’affaires de chaque année, les quantités commercialisées ont été multipliées par le prix des légumes.

Pour en savoir plus aller sur le site internet:https://hal-agroparistech.archives-ouvertes.fr/hal-01200636/document

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