05/08/2015
Témoignage à propos du coyote aux Etats-Unis...
En juillet dernier, j'évoquais le retour progressif de la faune sauvage dans les grandes villes des Etats-Unis, y compris pour les espèces les plus inattendues (Pumas, Alligators, Coyotes...).
Ce soir, c'est à cette dernière espèce, brillamment résiliente, que je dédie cet article.
Il faut d'abord savoir que le Coyote (Canis latrans) est un arrivant de fraîche date dans les grandes villes des Etats-Unis. Historiquement, c'étaient des animaux des grandes prairies de l'Ouest américain (aire du Bison), dont l'expansion progressive a été provoquée par le développement du peuplement européen et de son bétail, dès le 16ème siècle, d'abord vers le Sud (colonisation espagnole du Mexique et de l'Amérique centrale) puis vers le Nord (Ouest canadien et Alaska).
Mais c'est au 20ème siècle que l'expansion a été la plus impressionnante, en grande partie suite aux persécutions dont il a fait l'objet dans son habitat traditionnel (les animaux se réfugiant dans des régions où la pression était moins intense !) et conséquemment à la quasi-élimination du Loup sur le territoire des Etats-Unis (cf. Xavier de Planhol, Le Paysage Animal, 2004)
C'est ainsi que, contrairement aux hommes blancs, les coyotes engagèrent une conquête de l'Est, jusqu'aux rivages de l'Atlantique où ils étaient inconnus jusque là.
C'est vers 1920 qu'ils firent pour la première fois leur apparition dans l'Etat de New York, mais leur arrivée dans la ville elle-même a été beaucoup plus récente (vers 1995). Ils apprécient en particulier les bords de voies ferrées et de routes (qui leur offrent des voies d'expansion), les parcs urbains et les innombrables espaces en friche.
En tant qu'animaux sauvages, leur présence est souvent perçue comme incongrue et leur acceptation parfois difficile (d'où des battues très coûteuses et souvent infructueuses, souvent menées en pleine ville). Il est vrai que les Coyotes peuvent s'en prendre occasionnellement aux animaux de compagnie et aux humains, mais le risque est à pondérer : les chiens sont bien plus dangereux pour l'homme (rien qu'aux Etats-Unis, ils causent une quarantaine de décès par an !).
Pourtant, loin d'être des éléments "étrangers", ils ont acquis une réelle place de régulateurs de l'écosystème urbain (un peu comme le Lion dans la savane...).
Une étude menée à Chicago dans les années 2000 a révélé un impact positif des Coyotes en termes de régulation de certaines espèces qui ont eu tendance à proliférer et à causer des nuisances à la nature et aux vies humaines : les Bernaches du Canada, les rongeurs (nuisibles à l'agriculture, consommateurs de denrées alimentaires et souvent porteurs de maladies), les Cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus, à l'origine d'un très grand nombre d'accidents de la route : 1,25 million par an, 150 morts et 10.000 blessés !) et même les Chats domestiques (très grands consommateurs d'oiseaux).
La présence de Coyotes évite ainsi de recourir à des campagnes d'élimination de ces animaux aux coûts très élevés, sans parler des dommages environnementaux (poisons anti-rongeurs) sans parler de leur acceptabilité éthique (élimination des chats errants...).
Au-delà des faits et du pur pragmatisme, le Coyote a aussi un autre message - plus profond - à nous apporter : en trouvant sa place dans l'environnement urbain, ils nous aide à prendre conscience que tous les éléments de notre environnement sont liés et à éliminer la croyance selon laquelle le monde des Hommes et celui de la Nature seraient séparés.
06:30 Publié dans HUMANISME/PHILOSOPHIE, MEDIAS, NATURE ET ENVIRONNEMENT | Tags : coyote, animaux sauvages, chaîne des espèces, environnement | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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