20/09/2015
Ce sont déja les vendanges...
Grâce au réchauffement climatique, la date du début des vendanges avance de plus en plus dans notre pays. Il y a quelques années, on les démarrait fin octobre; aujourd'hui la date fixée est au 15 septembre! De même, on fabrique de nos jours du vin en Angleterre, au Sud de Londres. En 10 ans la surface de vignoble britannique a augmenté de 140% et couvre quelques 1500 ha. La chaleur a aussi tendance a rendre le raisin trop sucré, ce qui nécessite parfois des coupages...
Dans un dossier de la revue Télérama, Mr Vincent Rémy fait le point sur les exploitations viticoles de la région de Sancerre. Certains viticulteurs interviewés, comme Mr A. Bain, pensent que «l'avenir de la vigne ne passe pas par la chimie mais par des réponses subtiles et plurielles, fondées sur une compréhension fine de la plante et du terroir dans lequel elle s'épanouit». L'exemple lui a été donné par un précurseur du Mâconnais: Mr Alain Guillot installé à Cruzilles. En 2007, avec l'aide de la SAFER, Mr Bain a racheté des vignes non clonées et il s'est lancé dans la culture selon les traditions ancestrales. Puis il s'est initié à la biodynamie. Cela implique en fait non seulement de travailler sans désherbant chimique, mais de suivre le rythme de la lune et des saisons. Il importe aussi de comprendre la plante, qui est une sorte de liane, de la laisser grimper et s'accrocher sur des fils tendus dans le sens horizontal.
D'avril à fin juillet par exemple, c'est le moment de retourner et d'aérer le sol au pied des ceps. Puis des préparats biodynamiques sont faits, afin d'aider les racines de la vigne à descendre jusqu'à la roche calcaire. Ces préparats peuvent comporter de l'ortie, de l'achillée millefeuille, de l'écorce de chêne, du pissenlit, de la camomille ou de la valériane. A l'automne, le viticulteur remplit des cornes de vaches de bouse et de plantes et on les enterre pour que tout cela fermente.Cette préparation sera ensuite pulvérisée sur les vignes (30l par ha) dès le printemps prochain, vers le mois d'avril.
En Bourgogne, apprenons nous du même journaliste dans un autre article de la bouche de Mr J.C. Rateau, vigneron à Beaune, on pratique le mono-cépage: Chardonnay pour le vin blanc et Pinot noir pour le rouge. Autrefois, dans toute l'Europe, il en existait des centaines de variétés. Le Phylloxera en 1880 ayant détruit les pieds de vigne sauvages, il y a de nos jours beaucoup de pinots clonés. Mr Rateau demande qu'on les laisse retourner vers la complexité et qu'ils soient libres de travailler sur leur patrimoine génétique, afin de s'adapter au changement climatique. C'est une question d'identité pour le vin de Bourgogne, selon lui! De même il peste contre les gros tracteurs enjambeurs et leur préfère le cheval ou les petits tracteurs. Depuis la canicule de 2003, il a tiré des leçons et décidé de planter sur ses parcelles ses vignes en hauteur (à 2m sur des piquets) ce qui se nomme «en lyre», afin d'aérer les ceps et de protéger le raisin du soleil. Ce système a été inventé il y a 40 ans par un chercheur de l'INRA: Mr A. Carbonneau. Il mériterait d'être mieux connu!
Dans la viticulture également un nouvel équilibre semble se chercher par une diversification des pratiques. Le réchauffement rend l'adaptation plus urgente et nécessaire. Alors, laissons les gens du terroir, et non les industriels ou les négociants, nous dire leurs besoins actuels. Ils pourrons alors innover tout en gardant le caractère irremplaçable de leurs crus locaux!
Lyliane
21:16 Publié dans ECONOMIE, ENERGIES ET CLIMAT, NATURE ET ENVIRONNEMENT | Tags : viticulture, vin bio, biodynamie, terroir | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |