Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/02/2017

Réussir son premier cataplasme selon la Santé Naturelle...

 
 

Réussir son premier cataplasme

Chère lectrice, cher lecteur,

Le cataplasme est l’un des trésors les plus précieux de la médecine naturelle.

Il s’agit d’une préparation pâteuse à base de plantes, de fruits, d’algues ou de légumes, qui peut être chaude, froide, cuite ou diluée, qu’on applique sur la peau et qui apaise et soigne les hommes depuis des millénaires.

Il fut une époque où préparer un cataplasme, même sophistiqué, ne faisait peur à personne. Hélas, ce remède a laissé peu à peu sa place aux solutions toutes faites comme les baumes, les pommades ou les médicaments.

Quel dommage !

Car le cataplasme est efficace pour calmer une douleur, assainir une plaie, soulager une entorse, consolider une fracture, désencombrer les bronches, stopper un saignement

La rédaction du journal Plantes & Bien-Être connaît sur le bout des doigts tous les conseils pratiques pour réussir à faire un cataplasme.

La rédactrice-en-chef du journal m’a autorisé à vous révéler quelques techniques pour réaliser les grands classiques (cataplasme de lin contre la toux, cataplasme de choux pour neutraliser les infections, d’oignons pour apaiser les douleurs etc.), mais également des préparations plus originales pour soulager des pathologies plus lourdes, comme les douleurs articulaires, la névralgie, l’eczéma etc.

Si vous n’avez jamais fait de cataplasme, ces informations vont vous permettre de réussir votre première préparation mais aussi d’entrer dans un monde de soin absolument fascinant…


Aux origines de l’homme


Vous allez renouer avec une idée qui remonte probablement aux origines de l’homme, celle d’apposer sur la peau une plante écrasée ou un peu de terre argileuse, et qui s’est affinée avec les siècles, comme un outil perfectionné par l’expérience des générations.

Dans l’Antiquité, on recourait déjà à des préparations plus élaborées, les emplâtres. De consistance pâteuse, ils mêlaient des poudres de plantes, des résines et des gommes, de la cire ou de la graisse. Leur composition s’est complexifiée au fil des époques. Par exemple, on comptait plus d’une vingtaine d’ingrédients dans une célèbre préparation de Paracelse nommée « emplâtre d’opodeldoch ».

Mais avant de vous lancer dans une telle mixture, voici d’abord une question : pourquoi ça marche ?

Deux raisons évidentes expliquent l’action des cataplasmes :

  • L’action thermique : la chaleur provoque une vasodilatation locale (dilate les vaisseaux) et une meilleure circulation sanguine. Elle apaise, réconforte, soulage les spasmes et les tensions. Le froid entraine au contraire une vasoconstriction (resserre les vaisseaux) et dissipe bien les congestions ou contusions. Il est utile en cas de blessure ou de traumatisme. Il calme les douleurs aiguës de l’arthrite ou celles dues à l’inflammation d’un nerf. Le tiède est souvent employé pour les douleurs chroniques non inflammatoires.f

  • L’effet des actifs naturels : la peau est perméable et absorbe facilement les actifs naturels. Les vertus antiseptiques, astringentes, apaisantes, reminéralisantes ou anti-inflammatoires des plantes sont mises à profit pour cibler le mal. On recourt parfois à des plantes révulsives (moutarde, piment, gingembre) pour irriter la peau. En réaction, notre organisme provoque un afflux sanguin et lymphatique vers la zone concernée pour apporter plus rapidement des molécules anti-inflammatoires, des anticorps ou d’autres substances du système immunitaire. La zone malade ciblée par le cataplasme s’en trouve plus vite traitée, apaisée et drainée.

Le cataplasme soulage soit directement la peau, en cas de brûlure ou de démangeaison par exemple, soit les tissus profonds en cas de douleur articulaire ou musculaire, d’œdème ou d’encombrement respiratoire.

Mais encore faut-il pour cela bien faire son cataplasme.

D’abord, un petit point sur le matériel dont vous allez avoir besoin :

  • Des bandes de gaze ou tissus en coton ou en lin. L’essuie-tout peut servir en dépannage.

  • Du film étirable, idéal pour éviter que le cataplasme ne sèche trop vite.

  • Une bande de contention élastique (ou bande de crêpe), qui permet de maintenir fermement un emplâtre, même volumineux.

  • En fonction du type de cataplasme : casserole, bol en pyrex, cuillère en bois, hachoir…


Le chaud, ça brûle !



Petite précaution et contre-indications des cataplasmes chauds : comme leur nom l’indique, ils présentent toujours un risque de brûlure.

On considère généralement que les cataplasmes chauds sont à proscrire en cas de fièvre, d’inflammations, de douleurs de ventre ou de maladie cardiovasculaire. Ils sont aussi à éviter chez les personnes âgées et les enfants de moins de 7 ans, qui se contenteront de cataplasmes tièdes (moins de 38°). 

La règle d’or est très facile à retenir : l’application d’un cataplasme chaud doit toujours procurer une sensation agréable.

Je vous propose maintenant de découvrir comment préparer un « blockbuster » du cataplasme, le classique des classiques : le cataplasme de lin contre la toux, puis, lorsque vous aurez pris le tour de main, de vous attaquer à une préparation un peu plus audacieuse à base de plantes.

 

Cataplasme de lin contre la toux



Indications : toux grasse ou spasmodique, bronchite, rhume ou douleurs apaisées par le chaud comme les torticolis ou les tensions musculaires.

Intérêt : réchauffant, stimulant de la circulation sanguine, fluidifiant, émollient (relâche les tissus). Sous forme de farine, le lin est utile mélangé avec des plantes pour améliorer la texture du cataplasme et conserver plus longtemps la chaleur.

Préparation :

  • Mélanger 4 à 5 cuillerées à soupe de farine de lin avec un peu d’eau bouillante.

  • Mélanger pour obtenir une pâte de bonne consistance.

  • Poser la pâte chaude sur un tissu propre, une bande de gaze, ou deux feuilles d’essuie-tout.

  • Appliquer bien chaud après avoir contrôlé la température pour ne pas vous brûler. Pour un enfant, soyez doux et prévenant en mettant votre main entre le cataplasme et la peau pour le rassurer. Pour prolonger l’effet de la chaleur, on peut placer une bouillotte par dessus.

  • Laisser en place tant que la sensation est agréable et renouveler 2 à 3 fois par jour, plusieurs jours si besoin. Le lin ne doit être utilisé qu’une seule fois.

Où trouver de la farine de lin : en pharmacie, sous forme déshuilée. On peut aussi moudre des graines ou employer les graines entières. Celles-ci garderont la chaleur plus longtemps grâce à l’huile qu’elles contiennent mais on perdra la qualité de texture que procure la farine.


Cataplasme de plantes fraîches

Cueillir ses plantes au jardin ou en pleine nature est idéal. Dans ce cas, soyez sûr de ce que vous cueillez. Pour profiter des vertus des plantes fraîches, il faut libérer leurs actifs soit en les pilant au mortier, soit en les mâchant directement sans en avaler le jus.

Ensuite, déposez la plante ainsi préparée sur une gaze et appliquez directement à l’endroit désiré. On maintient le tout avec du film étirable, une bande de contention élastique ou un tissu.

On peut également recourir à un liant comme de la farine de lin, de fenugrec, d’orge, de seigle ou du son de blé ou d’avoine avec en proportion ¼ de plante pour ¾ de farine. Idéal pour couvrir les zones étendues ou pour maintenir un peu de chaleur. L’application d’une bouillotte par dessus le cataplasme est aussi une solution utile pour conserver la chaleur.


Cataplasme de plantes sèches



Elles sont souvent plus faciles d’accès car en vente en pharmacie ou en herboristerie. Coupez la plante en petits morceaux puis imbibez-la avec un peu d’eau bouillante. Remuez pour obtenir une pâte.

Appliquer de la même manière que pour la plante fraîche ou en mélange avec un liant.

Quelques plantes utiles :


 Plante
 Partie utilisée  Indications
Achillée millefeuille
(Achillea millefolium)
 Feuilles Plaies ou petites coupures, pour diminuer ou stopper les saignements (propriétés hémostatiques) et accélérer la cicatrisation. On l’appelait l’herbe des charpentiers car ils s’en servaient en cas de blessure importante, souvent causée par un coup de hache !
Armoise
(Artemisia vulgaris)
 Parties aériennes Douleurs de règles : appliquer sur le bas-ventre la plante seule avec une bouillote par dessus ou en mélange avec de la farine de lin.
Bardane
(Arctium lappa)
 Feuilles Peau grasse, eczéma, ulcères, plaies purulentes.
Camomille romaine
(Chamaemelum nobile)
 Fleurs Eczéma, plaie, herpes, démangeaisons.
Carotte
(Daucus carota)
 Pulpe Brûlures légères, coupure peu profonde, inflammation cutanée, eczéma.
Consoude
(Symphytum officinale)
 Feuille ou racine Enflure, fracture, contusions, pour accélérer la cicatrisation des coupures.
Gingembre (Zingiber officinale)  Racine (fraiche) Douleurs articulaires et musculaires, toux grasse, rhumatisme chronique.
Lavande (Lavandula officinalis)  Fleur Brûlures, accélère la cicatrisation et assainit les plaies.
Lierre grimpant (Hedera helix)  Feuille Névralgies, sciatique, cellulite, douleurs musculaires, bronchite.
Mauve (Malvia sylvestris) Fleurs Tout type de démangeaison cutanée.
Plantain (Plantago major) Feuille Cicatrisation des plaies, encombrement respiratoire, piqure d’insecte, conjonctivite.
Souci (Calendula officinalis) Capitule Eczéma, brûlures, égratignures.


Les cataplasmes sont un univers immense et fascinant, et l’on ne peut que regretter que la médecine « officielle » les regarde souvent avec froideur.

Il y a c’est vrai en la matière une longue tradition de mépris. Voyez ce que les rédacteurs de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert pensaient de l’emplâtre :

« On peut voir, au mot EMPLÂTRE, combien est frivole l'espoir de l'inventeur, qui a prétendu faire de cet emplâtre un remède souverainement résolutif, dessicatif, vulnéraire, cicatrisant, etc. et combien surtout le suc des plantes en est un ingrédient puéril. L'emplâtre opodeldoch n'est donc qu'une composition qui, comme la plupart des autres emplâtres très composés, doit son origine à la charlatanerie et à l'ignorance » [1].

Mais quelle erreur, lorsqu’on observe avec sincérité leurs effets spectaculaires. Les cataplasmes argile/miel/cire d’abeille peuvent soigner des ulcères variqueux avancés et profonds, pratiquement incurables par la médecine traditionnelle, tout comme les cataplasmes de chou, incroyablement efficaces (ils étaient déjà connus des Grecs et des Romains).

Avant de se précipiter sur des crèmes bourrées de toxiques ou des médicaments aux effets secondaires indésirables, il ne coûte rien de vérifier sur Internet s’il n’existe pas un cataplasme adapté à votre problème de santé.

Vous trouverez de nombreuses autres informations dans le dossier spécial Phytothérapie (la médecine par les plantes) publié par Plantes & Bien-Être, qui est offert pour tout nouvel abonnement en cliquant ici.


Santé !

Gabriel Combris