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08/05/2018

Aidant(es): c'est comment ailleurs et où en sommes-nous en France?

Ce titre a été emprunté à un important dossier publié dans mon journal syndical destiné aux retraités et rédigé par Mrs D. Balducci, J. Chenet, M. Le Disert, JL Viguier et Mmes M. Cahouet, AM. Guichaoua et M. Olivain. Car comment faire face au vieillissement, à la perte d'autonomie, à certaines maladies dégénératives de la population? se demandent les gouvernements de tous les pays à l'heure actuelle. A travers certaines prises en charge, notre pays pourrait peut-être y puiser des idées, au moment où une mission Flash de la Commission des affaires sociales a rendu un rapport ( fin janvier 2018 ) pour compléter la loi de 2015, dite Loi ASV, relative à l'adaptation de la société au vieillissement.

En Europe par exemple, on distingue deux approches: celle des pays du Nord et celle des pays du Sud. En Suède par exemple, dès la fin des années 1960, des mesures ont été prises en faveur des personnes âgées grâce à une politique publique d'aide financée par l'impôt. Le pays a également développé un système de soins longue durée et un véritable soutien aux aidants, afin qu'ils puissent concilier emploi et aide. Il y a en effet la possibilité d'obtenir un congé rémunéré à hauteur de 80% avec maintien des droits sociaux et garantie de retour à l'emploi. Une indisponibilité de 100 jours est aussi possible. Une loi de 2009, enfin, oblige les municipalités à proposer des mesures individualisées pour les aidants, dont l'accès facilité au répit. Mais ce texte donne des offres variables d'un territoire à l'autre... En Ecosse et en Irlande, le droit à congé rémunéré est complété par un système de soutien avec des ONG, des organisations d'aidants, formant et accompagnant les personnes ayant besoin d'un espace d'entraide.

En Italie, par contre, l'aide apportée relève du domaine privé. Jusqu'aux années 2000 existait une forme d'aide informelle dans la mesure ou peu de femmes avaient un emploi et notamment une cohabitation intergénérationnelle. Avec l'immigration venue des pays de l'Est et de l'Afrique, les femmes de ces populations souvent en situation irrégulières ont commencé à s'occuper des personnes âgées dépendantes. Ces emplois, non déclarés, leur ont permis de s'insérer grâce à un permis de travail et de suivre des formations linguistiques et professionnelles.

Au Québec, on pratique ce qu'on appelle "le baluchonnage" pour les aidantsfamiliaux des personnes atteintes d'Alzheimer. Cela consiste à accorder un répit d'une durée de 4 à 14 jours à temps plein. Cette période permet de repérer les solutions possibles pour alléger la tâche des aidants familiaux. Ces personnes reçoivent en outre une formation de 35 heures avant d'intervenir, puis 14h de formation continue. Le coût de l'opération est de 185 euros par jour, dont 11,10 euros restent à la charge de la famille du malade.

En Belgique, qui fait pourtant partie de l'UE, une expérience du même type est menée pour une durée de 3 à 14 jours consécutifs avec un maximum annuel de 21 jours. Des formations de 8 jours sont également dispensées. Le coût est de 65 euros, plus des frais annexes de déplacement de l'aidant nommé "baluchonneur".

Pour le moment , en France, le congé des aidants n'est pas rémunéré, mais leur emploi est maintenu. Les compléments d'heures d'aide à domicile ou les accueils temporaires sont jusque là financées à hauteur de 500 euros. Par ailleurs, la loi du 8 août 2016  élargit le champ des personnes éligibles aux aidants sans lien familial et aux personnes accueillies en établissement. Il autorise notamment des périodes d'activité à temps partiel et son fractionnement. Depuis la loi du 13 février 2018, il faut  néanmoins savoir qu'un salarié peut faire don (anonyme ou pas) de jours de congés ou de RTT à un ou une collègue proche aidant. Le ou la salarié(e) en bénéficiant est rémunéré pendant son absence et ne perd ni son ancienneté, ni ses points retraite... Il existe aussi un congé de solidarité familiale (au maximum de 3 mois) pour assister un proche en fin de vie ou un enfant pour une intervention grave. 

Espérons toutefois qu'en France, le projet de loi sur le "droit au répit", qui jusqu'à présent est intégré à l'APA, soit à la hauteur des espérances des aidants! Car une absence de 24h sur 24 pour aider une personne dépendante n'est pas encore comprise dans la loi... Par exemple, améliorer la durée du congé de proche aidant en la portant à un an serait une avancée souhaitable. De même, indemniser le congé sur la base d'une allocation journalière de présence parentale dans le cadre de l'assurance maladie, mesure préconisée par le rapport Flash, mériterait de reposer en majeure partie sur les pouvoirs publics. Car, comme le disent les rédacteurs et rédactrices du dossier," la prise en charge de la perte d'autonomie est une responsabilité nationale".

Il y avait en France 8,3 millions d'aidants en 2016. 90% d'entre eux font partie de la famille. Parmi ces aidants, on compte 70% de femmes et 30% sont les enfants du malade. 50% ont une activité professionnelle. Le temps moyen consacré à l'aide journellement est de 5H  et ce sur plusieurs années (environ 4 ans).

Pour en savoir davantage sur ce sujet, se reporter notamment aux ouvrages de Mr Michel Billé, sociologue, publiés aux éditions Erès. Il est possible aussi de joindre le site suivant: https://www.editions-eres.com pour commander ou consulter ses ouvrages.

Lyliane