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07/04/2015

Les Népalais, les forçats du Quatar!

 Le Népal est un pays pour lequel j'ai une affection particulière. J'y suis allée deux semaines en voyage il y a 5 ans: j'ai apprécié la gentillesse et l'accueil de ce peuple pauvre mais digne.

J'ai vu en effet comment les Tibétains ont trouvé chez eux une seconde patrie, comment certains montagnards des Annapurnas portent des charges incroyables en accompagnant des treks...

Depuis mon retour, touchée par une Association (www. pommecannelle.org),qui vient en aide aux enfants des rues par des activités sportives ou en les scolarisant, je suis devenue marraine d'une petite Sharmila, âgée aujourd'hui de 13 ans. Régulièrement cette Association me donne des nouvelles de ma filleule, m'adresse bulletin scolaire et photos.

Aussi, quand Envoyé Spécial a consacré un dossier télévisé à ce peuple, je me suis arrangée pour le regarder. J'en ai été très meurtrie ! Voilà ce que j'ai appris : n'ayant que très peu de travail au Népal, beaucoup d'hommes s'expatrient en laissant femme et enfants au pays. Ils espèrent une vie meilleure ! Des bureaux de recrutement népalais les envoient travailler au Quatar, à Doha exactement, où de gigantesques chantiers sont ouverts en vue de la future Coupe du Monde de Football.

Pour les Intouchables notamment cela semblait une aubaine ! Ils escomptaient pouvoir envoyer de l'argent au pays et revenir très vite vers leurs familles. Des hommes jeunes par centaines, pleins de courage et robustes à souhait, capables de porter de lourds tuyaux par 45°...

En fait, dès leur arrivée, les quataris leur confisquent leurs passeport interdisant ainsi tout changement d'emploi ou un retour prématuré. Quant aux conditions de vie et de travail de ces malheureux, cela frise le camp de réfugiés et l'esclavage ! Après 12h de travail, en effet, ils ont 2h de bus pour rejoindre leurs chambrées, où ils sont parqués dans des ville-dortoir (pas moins de 1000 népalais), insalubres le plus souvent! Leur salaire varie entre 180 et 300 euros par mois. Et les températures pour travailler sont souvent de 45 à 50 °. On est loin des températures du Népal !

Deux scènes m'ont particulièrement marquée : la première avec le retour du cercueil d'un homme de 41 ans, rendu à sa famille dans un village sans aucune explication. Etait-il tombé d'un échafaudage, avait-il été tué par un autre ouvrier pour lui voler ses économies ? La seconde était l'interview d'un homme blessé par accident sur un chantier, qui n'arrivait pas à se faire indemniser par son employeur et dont l'état de santé nécessitait pourtant des soins urgents (risque de gangrène)...Il a même été question de suicides, de meurtres impunis...

On peut comprendre que le Quatar mette les bouchées doubles pour être prêt à temps, mais faut-il pour autant montrer aussi peu d'humanité ? Des organisations mondiales comme Amnesty International ont déjà publié un rapport au sujet des mauvais traitements subis par les népalais, mais sans résultat apparent !

Le gouvernement du Népal, bien que connaissant la situation, encaisse 3 milliards d'euros pour ces expatriés, une manne à laquelle il ne compte pas renoncer ! Quant à la FIFA , elle est au courant mais n'a pour le moment rien demandé officiellement pour améliorer le sort de ces ouvriers traités comme des forçats... Et le gouvernement français, dont l'équipe parisienne est financée par les émirs du Quatar, ne paraît pas non plus avoir réagi ...

Il serait pourtant normal que les amateurs de foot français réagissent en apprenant le prix véritable en vies humaines de la future Coupe du Monde de football, comment vivent les ouvriers népalais sur ces immenses chantiers de Doha, qui vont coûter au bas mot 150 milliards d'euros.

Qui va oser s'emparer de ce dossier brûlant ? Les journalistes d'Envoyé Spécial nous ont livré leur enquête ; allons nous, citoyens européens, épris des Droits de l'Homme, fermer les yeux et laisser faire? Il me semble que des réformes sur place seraient à réclamer d'urgence (remise des passeports, équipements des ouvriers sur le chantier, salaires et logements décents, assurances accident...). Faute de quoi un boycott pourrait être envisagé par la FIFA , les clubs de foot mondiaux, histoire de montrer leur désapprobation. Une pression pourrait aussi être faite sur le gouvernement du Quatar comme du Népal...Affaire à suivre en toute conscience!

Lyliane ( 7/4/2015)