20/12/2019
Etre lanceuse d'alerte aujourd'hui: quel statut?
En 2011, Marine Martin a dénoncé le scandale de la Dépakine (un médicament pour lutter contre l’épilepsie). Ses deux enfants sont handicapés à cause de cette prise de médicament lors de sa grossesse, alors que rien, sur la notice, n'indiquait de tels risques. Samedi et dimanche, elle sera au salon "Des livres d’alerte" à Montreuil, aux côtés d'autres lanceurs d’alerte, comme elle. Au micro d'Europe 1, elle revient sur son combat pour la vérité.
L'exemple d'Irène Frachon
"C'est quand j'ai vu Irène Frachon à la télévision que je me suis dit 'oui, c'est possible'". En 2011, Marine Martin décide de témoigner et d'alerter contre les méfaits d'un médicament, la Dépakine. Ce anti-épileptique, administré depuis les années 1960, entraîne des dangers pour le fœtus s'il est pris pendant la grossesse. C'est lors de la naissance de son deuxième enfant, atteint de malformation génitale, que cette mère de famille a commencé à s'interroger.
Finalement, grâce à un article sur des enfants d’agriculteurs atteints de malformation génitale, elle a fait le lien entre ces troubles physiques et le médicament qu'elle prenait quotidiennement. "Dans mes recherches, je suis tombée sur le site du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) qui indiquait que les médicaments les plus dangereux pendant la grossesse était un anti-acnéique et en deuxième position, il y avait la Dépakine", se souvient Marine Martin. À la suite de cette découverte, elle trouve "plein de documents scientifiques qui disent que la prise de ce médicament pendant la grossesse entraîne malformation et autisme", détaille la mère de famille. Si elle sait maintenant pourquoi ses enfants ont des malformations, elle ne peut que faire un triste constat : rien n'apparaît comme avertissement sur la notice du médicament.
"Il faut indemniser les milliers de victimes et assumer"
Marine Martin se lance alors dans un travail d'information pour retrouver des victimes, comme elle, mais aussi empêcher d'autres drames. Elle a lancé l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsant (APESAC) et a porté plainte contre le laboratoire français Sanofi, fabricant du médicament, en 2015. "Il y avait des milliers de victimes dans l'ignorance, je ne pouvais pas me taire", confie-t-elle. "Il faut indemniser les milliers de victimes et assumer", souligne la mère de famille. Des premières victimes ont d'ores et déjà été indemnisées par le fonds mis en place par l'État, mais Sanofi refuse de contribuer au processus d'indemnisation des victimes.
Selon l'AFP et Mr Guillaume Perrodeau - Europe 1 - samedi 23 novembre 2019
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