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16/06/2019

Qu'est ce que le minimalisme?

Dans ce 25e et dernier épisode, le minimaliste Pierre Roubin, qui a fait le pari de vivre avec 43 objets, tire les conclusions de son expérience.

Pierre Roubin (selfie)
Pierre Roubin devant la Tour Manhattan à La Défense (Hauts-de-Seine), automne 2018 (selfie).

Lettrine, Le temps passe, et, comme je l’ai écrit dans l’épisode précédent, les gestes et les habitudes s’ancrent durablement. Ce que j’ai pu remarquer depuis le début de mon projet, c’est que l’attitude des gens autour de moi a changé. Lorsque j’ai commencé, je dois bien reconnaître que je suis passé un peu pour un farfelu. Mais maintenant les choses sont très différentes.

Les gens autour de moi sont réellement intrigués. Tous mes collègues voient bien que j’arrive à m’habiller, à travailler, à faire du sport, et le tout avec beaucoup de joie et d’allégresse, sans aucune gène. Dans ma famille c’est pareil. Évidemment je n’impose à personne à la maison de faire comme moi, mais je remarque qu’il y a eu déjà quelques conséquences. Ma femme a commencé à revendre beaucoup de vêtements dont elle se servait en réalité très peu. Nous sommes devenus de vrais fashion sellers sur les réseaux sociaux. En quelques semaines, à nous deux, nous avons dû récupérer à peu près 500 €, qui dormaient littéralement dans nos placards.

JE ME SENS UN MEILLEUR CITOYEN

Beaucoup de gens m’ont interpellé sur Facebook, et ont réagi à mes posts. Je peux dire que globalement 70 % des réactions se résument à l’exclamation suivante : « Oh mais moi je n’arriverai jamais, je pourrais jamais descendre à 43 objets [voir la liste des 43 objets en fin d’article] ! » Ce qui est en réalité une excellente nouvelle, pourquoi ? Parce qu’elle signifie que toutes ces personnes pensent que ça peut être une voie possible pour elles aussi. Soit elles veulent faire comme moi, et cela signifierait que j’aurais un pouvoir immense de rayonnement sur les autres. C’est une qualité que je ne m’accorde pas du tout. Soit elles créditent la démarche d’une valeur morale importante, et donc souhaitent aussi s’y projeter.

Je ne suis pas assez compétent pour savoir s’il y a une quelconque valeur morale derrière tout cela. Je reste convaincu que c’est bien mais je n’ai aucune légitimité pour l’imposer aux autres. En revanche, ce que je sais, c’est que cette démarche qui consiste à penser et réduire le nombre d’objets que j’utilise, est extrêmement plaisante, et source de joie. Je me sens un meilleur citoyen dans mon environnement, je pense à des choses auxquelles je n’ai jamais pensé, j’ai trouvé des informations que je n’avais jamais imaginées. Sur la qualité des matériaux, sur les modes de fabrication, sur les distances parfois hallucinante que parcourent certains de nos objets, et notamment des vêtements.

IL S’AGIT D’UNE GUERRE TOTALE

J’ai le bonheur de me sentir mieux tous les jours. Je sens le froid sur mes joues, et quand je mets mon bonnet je sens mon corps qui se réchauffe, alors je sais que j’ai fait quelque chose de bien pour moi. Quand je passe devant une vitrine et que je sens l’envie d’achat qui me titille, et quand je résiste à cette envie, alors je sais que je fais quelque chose de bien pour moi, et peut-être aussi pour quelqu’un d’autre, peut-être même pour tous les autres.

Si à l’avenir nous sommes amenés à devenir nombreux dans cette voie-là, alors il nous faut absolument nous armer pour une grande bataille. Je parle évidemment d’une pacifique bataille, mais je sais aussi qu’il s’agit d’une guerre totale. C’est celle de la survie dans un univers où nos ressources sont finies. C’est celle d’une joie sans bornes dans un univers où tout apparaît comme limité.

ENGAGEONS-NOUS !

Nos armes pour cette grande bataille sont d’une puissance redoutable, et redoutée. C’est notre puissance de consommation, c’est la main sur notre portefeuille. Si plusieurs d’entre nous décidons de ne plus acheter, si nous exigeons des produits de qualité, durables et réparables, si nous boycottons des produits mal conçus et non respectueux des femmes et des hommes qui les ont produits, et de l’environnement dans lesquels ils viennent s’inscrire ; alors notre pouvoir est considérable, et nous ferons plier les plus grands, et ceux qui se croient aujourd’hui puissants. Engageons-nous dans la démarche, faisons-la connaître, devenons visibles. De farfelus, nous deviendrons des activistes, puis d’activistes nous deviendrons communauté, et de communauté nous deviendrons majorité.

Mes 43 objets : la liste
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Selon Mr Pierre Roubin sur Internet

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