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06/07/2019

La Normandie veut préparer le bannissement du glyphosate...

Un plan expérimental, lancé par la région française en mai, vise à accompagner des agriculteurs dans la transition vers l'interdiction du pesticide controversé, annoncée par le gouvernement pour d'ici trois ans.

La Normandie veut préparer ses agriculteurs à un bannissement du glyphosate. Ce principe actif utilisé dans de nombreux pesticides, dont le célèbre Roundup de Monsanto-Bayer, a été classé comme «cancérogène probable» pour les humains en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ). Fin 2017, l’Union européenne a prolongé son autorisation jusqu’au 31 décembre 2022. Mais, sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement français a annoncé vouloir l’interdire d’ici deux ans, avant de rétropédaler.
Pour prendre les devants, la région normande et la chambre d’agriculture de Normandie ont lancé, en mai, un appel à candidatures aux agriculteurs intéressés par un accompagnement hors du glyphosate. Sur deux ans, 475 000 euros seront mobilisés pour aider 50 exploitations.
Les agriculteurs sélectionnés recevront une bourse de 80 euros par hectare, dans la limite de 8 000 euros. Ils profiteront aussi des conseils d’un expert «d’une structure habilitée par la région Normandie» pour réaliser un audit général sur les possibilités de transition de l’exploitation.
Partage d’expérience
En contrepartie, les heureux élus devront s’engager à «réduire» leur utilisation du glyphosate dès septembre 2019, l’arrêter totalement à partir de septembre 2020, sans y substituer un autre herbicide de synthèse. L’initiative dépasse le seul glyphosate. La région exige que les agriculteurs emploient globalement moins d’herbicides, diversifient «l’assolement avec un minimum de quatre cultures différentes» dès l’automne 2020 et ne détruisent pas de prairies permanentes. Ils devront aussi «partager et valoriser leur expérience avec d’autres agriculteurs par la mise en place de démonstrations, de visites et/ou de témoignages pendant une période minimale de trois ans».
Le recours massif aux pesticides, qui a permis une augmentation importante de la production agricole depuis un demi-siècle, est actuellement remis en question car certains de ces produits chimiques sont dangereux pour la santé humaine comme pour la biodiversité et la santé des sols. Les agriculteurs sont les premiers touchés.
«Les impacts d’une contamination accidentelle massive sur les utilisateurs professionnels sont connus : cela passe de l’irritation cutanée à l’atteinte du système nerveux central, mais on ne cerne pas encore bien les effets d’une contamination chronique, décrit l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) sur son site. On a établi en 2009 un lien entre la durée d’exposition aux pesticides et la survenue de la maladie de Parkinson. Une étude est en cours sur le risque de cancer chez les agriculteurs.»
La région normande précise que le glyphosate ne «représente environ [que] 4,5 % de la quantité de substances actives commercialisées en Normandie et se classe au sixième rang des produits les plus vendus avec près de 79 tonnes de substance active. A titre de comparaison, en France, il s’en vend chaque année environ 9 000 tonnes et 700 000 tonnes dans le monde». L’appel à candidatures sera clôturé le 1 juillet.

Aude Massiot - Liberation - mardi 25 juin 2019