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20/03/2015

Les clandestins dans notre pays, qui sont ils vraiment?

 

Une émission de télévision intitulée «  C'est dans l'air » m'a permis de faire le tour de la question grâce à des intervenants de sensibilités différentes. Ce sujet m'intéresse au plus haut point car justement dans le bénévolat que je fais sur le support d'heures de français, j'en croise parfois.

 

Nous entendons souvent des élus et élues, de sensibilité que je qualifierais de populiste, clamer « qu'ils prendraient la place des français sur le marché du travail ». Or il n'en est rien puisque, depuis 1991, les clandestins d'où qu'ils viennent n'ont pas le droit de travailler en France. Les employeurs français le savent bien et ils ne veulent pas risquer des amendes.

 

La plupart de nos clandestins sont des jeunes, mineurs ou pas, fuyant leur pays, où il y a la guerre ou la misère. S'ils sont mineurs, nous sommes tenus de les scolariser jusqu'à leurs16 ans. Certains hélas vivent dans la rue, ou dans une pièce mise à disposition au lycée quand les établissements s'émeuvent de leur sort, quand ils n'ont aucune famille. Le Réseau « Education sans frontières » est particulièrement actif sur le terrain. Que de trajectoires incroyables pour ces adolescents qui ne cherchent qu'à survivre !

 

Je côtoie moi même beaucoup de clandestins lettrés, parlant l'anglais et ayant dépensé une fortune auprès de passeurs, pour venir se réfugier ailleurs. Ils sont coupés de leurs racines, ils ont soif de s'insérer dans un pays d'accueil. Du reste il n'a jamais été dit qu'ils se conduisent mal, bien au contraire ! Dans l'Hyper Cacher de Paris début janvier, c'est un « sans papier » noir qui a sauvé des vies ! Il a été mis à l'honneur et c'était bien normal !

 

Ceux que je connais: syriens, libyens, soudanais, irakiens, mauritaniens, maliens, nigérians vivent avec environ 17 euros par jour, ce qui les contraint à ne faire qu'un seul repas. Nous sommes loin des profiteurs, des « terroristes », dont certains agitent la menace à tort, afin de réclamer une fermeture de nos frontières...

 

Si un jour j'étais obligée d'émigrer, comme certains l'ont fait à la période nazie, je souhaiterais être traitée humainement. Ce n'est hélas pas toujours le cas chez nous en raison de la xénophobie et d'une crise identitaire actuelle dans certaines couches de notre société!

 

A Calais, ils sont 1000 personnes environ à espérer passer en Angleterre sur une population de 70 000 habitants. Des organisations humanitaires (France Terre d'asile) essayent d'aider ces jeunes (tentes, duvets, eau potable)qui attendent une chance de partir dans un pays anglophone...

 

Certes l'afflux de clandestins venus par bateaux ou par la terre complique la vie déjà difficile des italiens et des grecs. Aucun clandestin ne fuie vers l'Espagne ou le Portugal, pays qui perdent déjà leur propre population. L'Italie notamment demande l'aide de l'Europe pour faire face à toutes ces arrivées sur l'île de Lampédusa. Cela me rappelle l'époque des « boat people », fuyant une dictature. Ils ont fini par être accueillis partout, suite à un élan généreux de tous les pays d'Europe.

 

En Allemagne, où la crise est moins sensible, les clandestins se pressent aux frontières(200 000 demandes d'asile actuellement), d'autant que chez eux ils ont le droit de travailler.

 

Demander l'asile politique prend en moyenne de 2 à 5 ans. C'est long quand on ne peut travailler, quand on vit dans la peur d'être renvoyé d'où l'on s'est échappé, au lieu de pouvoir se faire des relations sur place...Il faut en outre trouver un avocat pour cette démarche.

 

Certes, l'idéal serait que les peuples du Sud puissent vivre sur leur sol au lieu de migrer vers le Nord. Mais nos pays riches, anciens colonisateurs ou vendeurs d'armes, sont ils vraiment préoccupés de justice sociale, de la faim dans le monde ? Je lis peu de littérature sur le sujet. Qui va oser se mettre dans la peau d'un clandestin, comme certains l'ont fait autrefois, et nous en parler ?

 

Ce n'est en effet pas un simple problème de société, de sécurité publique ou un enjeu d'élections !

 

Le coût d'un clandestin ne s'estime pas seulement en euros, mais aussi en déracinement, en malnutrition, en jeunesse sacrifiée...Ayons donc un peu de compassion pour ces êtres humains qui vivent sur notre sol, qui espèrent notre regard plein d'humanité et une vie meilleure !

 

Lyliane