Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/11/2015

Y a-t-il des "enfants perdus" en France aujourd'hui?

 

 Si j'en crois Mr Lyes Louffok, un éducateur qui est intervenu sur France 2 le 4 avril 2015 en tant qu'ancien enfant placé en foyer par la DASS (Direction des affaires sanitaires et sociales), ce serait hélas parfois le cas. Selon lui, en effet, personne ne semble beaucoup se soucier de ces enfants et de ces jeunes, qui sont «trimballés de familles d'accueil en foyers non sans dégâts humains». Et le jour où ces jeunes ont 18 ans, ils se retrouvent S.D.F, exposés à de multiples expédients pour survivre. Mr Louffok fait le lien entre ces enfances et ces jeunesses sans famille stable, ni véritable affection et la délinquance de certains adolescents, qui dealent, commettent des incivilités et finissent souvent dans nos prisons. Car l'équilibre d'un enfant se construit en tissant des liens affectifs avec ses proches, nous disent la plupart des psychologues...

 

Cet éducateur a écrit un ouvrage intitulé «Dans l'enfer des foyers» publié chez Flammarion. Il voudrait porter également la voix de ces mineurs qui dorment dans la rue et n'ont rien pour subsister, alors que la France est signataire de la Convention Internationale des droits de l'Enfant. Il affirmait même au mois d'avril - www.francetvinfo.fr - qu'à la maison d'arrêt de Toulon 80% des jeunes incarcérés sont passés par les Services de L'Aide Sociale à l'Enfance ou ASE. Il aimerait faire prendre conscience que personne dans ces bureaux n'a imaginé un jour pouvoir faire adopter d'une quelconque façon (contrat d'accueil provisoire, placement chez des candidats à l'adoption...) ces jeunes enfants... Il ne comprend pas que des familles françaises, désireuses de donner leur affection, attendent des années pour recevoir un enfant étranger chez eux, alors que des orphelins, des enfants enlevés à leur famille sont placés en familles d'accueil jusqu'à leur majorité.

 

Il y aurait en effet foyer et foyer dans notre pays! Les foyers de l'enfance, aussi bien tenus soient-ils, n'ont apparemment rien à voir avec une famille stable où un enfant est choyé par ses deux parents, où il bénéficie d'un regard confiant en ses capacités. La période de l'adolescence, si délicate pour nos jeunes, devient chez certains un temps de rébellion et de bêtises. Le père Gilbert a essayé d'impliquer ces «enfants perdus» dans des soins aux animaux, quelquefois avec succès. D'autres les ont embarqués sur un voilier. Des religieuses accueillent des jeunes filles sans famille et les entourent de leur mieux. Du personnel médical, certes, des psychologues suivent ces jeunes, mais qu'est ce qui pourrait remplacer l'amour et la confiance de leurs parents, leur donner l'amour de la vie?

 

Interviewé par la télévision, Mr Louffok a lancé un appel pressant aux hommes politiques et à la maire de Paris Mme Anne Hidalgo, car en ce moment, dans le 19ème arrondissement de la capitale notamment, des jeunes dorment dans la rue. D'après lui, une partie des racines de la délinquance se trouverait là. Il y a quelques associations parisiennes comme la FIAP Jean Monnet qui hébergent, mais il faut verser une petite participation - www.fiap.asso.fr - En l'absence de prise en compte rapide par les pouvoirs publics, des associations s'occupent de fournir des tentes, des duvets aux sans abri. Des enseignants ouvrent leurs classes pour un hébergement provisoire, des mères de substitution - www. partage.org et www.actionenfance.org par exemple- essaient de combler les manques affectifs de ces jeunes enfants ou adolescents, de donner du sens à leur vie. Au moment où beaucoup de personnes s'interrogent sur la jeunesse française, dont une certaine partie semble rejeter notre culture et quitter le pays pour des rêves illusoires, les questions posées par Mr Lyes Louffok paraissent d'actualité.

 

Sans vouloir dramatiser ni focaliser sur le sujet, regardons de plus près ce qui se passe chez nous... Pour ceux qui refusent de s'ouvrir au monde extérieur, il faut réaliser que ces enfants sont nés en France! Il est temps de nous réveiller, d'ouvrir notre cœur et de prendre à bras le corps cette question. Et nous, qui avons eu la chance de vivre avec des parents aimants, que pourrions nous imaginer et proposer? Ne pourrions nous déjà méditer sur la question que nous posent ces enfants, chercher des solutions tous ensemble? Notre devise ne comporte-t-elle pas le mot de fraternité? Ne laissons pas à la police et à la justice le soin d'éduquer ces jeunes, de tenter de les ramener vers notre société, qui ne leur a peut-être jusqu'ici pas offert toutes les chances d'épanouissement... A mes yeux, ce ne sont pas vraiment des enfants perdus, mais des jeunes qui se sont égarés et qui cherchent leur place dans le monde, à donner du sens à leur vécu. 

Lyliane