Madame, Monsieur,
POLLINIS et l'INRA, l'Institut National de la Recherche Agronomique, ont besoin de votre aide de toute urgence pour recenser les populations d'abeilles sauvages et démontrer l’importance de leur service de pollinisation dans les territoires agricoles de notre pays.
Si vous le pouvez, je vous en prie cliquez ici pour nous aider.
C'est très important.
Un drame silencieux est en train de se jouer en ce moment-même. Les conséquences pourraient se révéler considérables pour notre environnement, la biodiversité et l'avenir même de nos cultures et de notre sécurité alimentaire, si nous n'intervenons pas rapidement.
Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à penser que les abeille sauvages (bourdons, abeilles solitaires, halictes, mégachiles, etc.) qui assurent presque à elles-seules la pollinisation de 80% des plantes à fleurs à travers le monde, sont en rapide déclin - notamment en France et en Europe.
Leurs morphologies variées et adaptées (corps velus, langues de longueur différentes) en font les chaînons-clé de la biodiversité, et de la variété de notre alimentation. Les tomates par exemple, ne peuvent être pollinisées efficacement que par les bourdons, les seuls à pouvoir faire vibrer les fleurs suffisamment fort pour en libérer le pollen (1) !
Actuellement près de la moitié des espèces de bourdons d'Europe sont déjà en déclin. Et déjà plus d'une espèce de plantes à fleurs sur dix est menacée d'extinction en France (2).
Pareil aux Pays-Bas et au Royaume-Uni où une étude a révélé que plus de 20% des plantes à fleurs avaient purement et simplement disparues au cours des 20 dernières années (3).
Ce déclin est dû aux méthodes de l'agriculture intensive (monoculture et destruction des haies en particulier entraînant le recul des habitats naturels et des ressources alimentaires des abeilles), à l'utilisation de pesticides de plus en plus toxiques et à l’arrivée de nouveaux parasites et maladies, sans que l'on sache encore avec certitude lequel de ces facteurs est le plus mortifère.
Mais ce qui est certain, c'est qu'il est dangereux de continuer à l'ignorer. Il faut dresser d'urgence un panorama des populations d'abeilles sauvages qui subsistent à travers tout le territoire et dresser l'inventaire de toutes les plantes cultivées et sauvages qui en dépendent pour pouvoir prendre les mesures indispensables à leur conservation.
Ces abeilles sauvages sont LE maillon-clé de la chaîne alimentaire.
Sans elles, pas de fleurs dans les prés et les montagnes ; pas de buisson de mûres ou d'aubépines dans les campagnes, ni de forêts de chataîgners ou d'acacias ; sans parler des dizaines de milliers d'espèces d'insectes, d'oiseaux et de mammifères qui en dépendent directement.
Sans parler des cultures et des productions agricoles : une vaste étude menée par le Professeur Garibaldi et réunissant des équipes scientifiques dans près de 30 pays a démontré que la production d'une grande partie des fruits et graines que nous consommons régulièrement est désormais limitée parce que les fleurs ne sont pas correctement pollinisées (4).
Le programme Apiformes pour lequel je sollicite votre aide aujourd'hui a pour but d'évaluer l'état des populations d'abeilles sauvages en France et d'établir le lien avec les plantes cultivées et sauvages qu’elles pollinisent. Ce programme repose sur un protocole unique qui en fait un espoir majeur pour la sauvegarde des pollinisateurs sauvages : Apiformes réunit en effet une équipe scientifique, dirigée par Bernard Vaissière, du laboratoire Pollinisation et écologie des abeilles de l'INRA d’Avignon, et plus de 25 lycées agricoles répartis à travers toute la France.
L'objectif est double : dresser un tableau fidèle de l'état des populations d'abeilles sauvages et des plantes qu’elles butinent et pollinisent, et sensibiliser les futurs agriculteurs à l’importance des insectes pollinisateurs sauvages pour qu’ils réalisent l'impérieuse nécessité de les protéger en pratiquant une agriculture plus respectueuse de l'environnement et des insectes pollinisateurs dont elle dépend.
Le réseau Apiformes a été lancé en 2007. En 2013, les autorités avaient arrêté le financement de ces recherches, au risque de faire retomber sur les insectes pollinisateurs sauvages le voile qui commençait à peine à se soulever. (magnifique!)
Cette étude des pollinisateurs sauvages étant indispensable pour notre avenir à tous, POLLINIS avait décidé de mobiliser ses membres en leur proposant de contribuer au projet. Et cela a fonctionné !
Depuis 2013, grâce au soutien des membres de POLLINIS, Bernard Vaissière et son équipe ont pu poursuivre leur travail de recensement et d'étude des insectes pollinisateurs sauvages à travers la France.
Au total, 4 574 spécimens d'abeilles sauvages ont déjà pu être identifiés. Les résultats de ces recherches ont été publiés en octobre 2016 dans la revue scientifique "Journal of Insect Conservation" (5). Ils montrent que l'identification des espèces est capitale pour détecter les effets des changements environnementaux sur les abeilles, et pourront guider les mesures de leur préservation dans notre pays.
Mais pour 2017, le problème se pose à nouveau. Coupes sombres dans les financements. Comment payer les scientifiques, le matériel d'étude et d'observation pour les lycées, le matériel d'analyse pour les chercheurs ?...
Car sans cela, le projet tombe à l'eau. Dix ans de travail risquent d'être stoppés net. Et avec eux, tout un programme ambitieux pour connaître l'état des populations d'abeilles sauvages, démontrer l’importance du service de pollinisation qu’elles assurent, et contribuer à proposer des mesures efficaces de conservation.
Cet arrêt serait d'autant plus grave qu'Apiformes est sur le point d'entamer une phase cruciale qui permettra l'analyse de l'impact de chaque espèce sur la pollinisation des cultures.
C'est pour cela que je fais appel à vous aujourd'hui. Pour vous proposer de participer, vous aussi, au sauvetage des abeilles sauvages et à une meilleure reconnaissance de l’importance de leur travail de polllinisation, en soutenant financièrement le projet Apiformes.
Nous devons trouver rapidement 20 000 euros. Cela peut paraître beaucoup, mais il suffirait par exemple que 500 personnes comme vous donnent 40 euros chacune, et le projet pourrait aboutir.
Je comprends bien que tout le monde ne peut pas se permettre de donner autant. C'est pour ça que nous avons mis en place une sorte de cagnotte spéciale dans laquelle vous pouvez verser le don que vous voulez : 5€, 15€, 35€, 45€, 100€...
L'important, c'est que chacun puisse participer selon ses moyens.
Pour apporter votre contribution financière au projet de recherche Apiformes sur les abeilles sauvages, cliquez ici.
Ce que l'on sait à l'heure actuelle sur les populations des principaux insectes pollinisateurs sauvages, c'est qu'il y a en France environ mille espèces d'abeilles sauvages (6) et plus de 500 espèces de syrphes (7)... Et tout ce petit monde est indispensable à la pollinisation :
– géographiquement : la grande diversité des espèces et de leur traits de vie leur permet d'être présentes sur tous les territoires et dans tous les habitats (fissures, écorces, feuilles, terre...) ;
– qualitativement : certaines espèces de plantes ne peuvent pas être pollinisées par les abeilles domestiques, soit parce que leurs fleurs sont trop profondes pour la langue de ces abeilles (comme celles du chèvrefeuille), soit parce que leurs fleurs doivent être vibrées pour pouvoir être pollinisées efficacement (comme celles des cyclamens ou encore des tomates par exemple) et que les abeilles domestiques ne sont physiquement pas capables de vibrer les fleurs !
La grande majorité de ces petits insectes est irremplaçable. Y compris pour l'agriculture car on sait maintenant qu’en leur présence les cultures sont mieux pollinisées et ont des productions plus abondantes et de meilleure qualité qu'avec les seules abeilles domestiques !
Leur présence dans un champ permet d'augmenter - parfois de doubler ! - le rendement de certains fruits et de légumes (8).
Et pourtant, à force d’éliminer les friches, haies, et bosquets pour transformer le moindre m2 de terre en culture intensive, on anéantit peu à peu leurs habitats naturels.
C'est une situation dramatique qui nous conduit droit dans le mur… Et tant qu'on n'aura pas établi un état des lieux des pollinisateurs sauvages, avec des preuves tangibles, scientifiques, pour mesurer vraiment l'ampleur des dégâts et démontrer l’intérêt de la préservation de ces auxiliaires naturels et discrets, notre appel aux autorités publiques continuera à résonner dans le vide.
S'il vous plait, aidez-nous dans cette tâche indispensable en apportant votre soutien financier au programme Apiformes.
Je vous en remercie par avance.
Très cordialement,
Nicolas Laarman Délégué Général POLLINIS
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