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14/04/2020

Des professeurs de technologie créent des masques à visière à Paris...

Dans le pavillon de Stéphane Galtayries, l'imprimante 3D tourne désormais à plein régime. Ce professeur de technologie, domicilié à Epône (Yvelines) et enseignant au lycée privé Jules-Richard du XIXe arrondissement parisien, lance sa machine personnelle dès le matin et « imprime » toute la journée des visières en plastique.
Remis gracieusement aux soignants
Au même moment, Lucien Delmer, Alexandre Quenouille et Pablo Ferrari, les trois autres profs de techno de l'établissement parisien, font eux aussi tourner des imprimantes 3D à leurs domiciles respectifs… pour sortir toujours plus de visières. Ces équipements de protection contre la propagation du covid19 – encore appelés « boucliers faciaux » — sont ensuite remis gracieusement aux soignants ou aux professionnels obligés d'être en contact avec le public.
« Cette production, c'est le résultat d'une initiative que mes professeurs techniques ont spontanément lancée dès le début du confinement », s'enthousiasme René Vuylstecke, directeur du lycée Jules-Richard, ravi que le matériel de cet établissement sous contrat de 250 élèves puisse continuer à servir. Et pour créer des équipements essentiels dans la lutte contre la pandémie. « Ces visières, semblables à des masques de soudure mais translucides, permettent notamment de limiter les gestes réflexes de se toucher le visage », insiste le directeur.
Des ateliers à domicile
Pas question cependant d'utiliser les 30 imprimantes 3D et les machines de découpe laser dans les locaux du lycée… totalement fermé au public depuis le 13 mars. « Les profs ont tous pris quelques machines dans le coffre et ont transféré leur atelier à domicile », rappelle le directeur du lycée. « Ils ont déjà produit une centaine de visières… tout en continuant à assurer leurs cours à distance. Avec les vacances scolaires, leur production va s'intensifier », pronostique le chef d'établissement.
« On ne lâche pas nos élèves pour autant », rectifie Stéphane Galtayries qui enseigne en
classe de BTS… et qui a prévu d'assurer un cours en ligne ce jeudi et vendredi pour les étudiants privés de travaux pratiques, peut-être jusqu'à la fin de l'année. « Mais pendant les cours, l'imprimante 3D continuera à tourner », assure l'enseignant en insistant sur le caractère un peu artisanal de la chaîne de production qu'il a mise place avec ses collègues.
Une fabrication artisanale
« J'ai une imprimante 3D personnelle. Mes collègues utilisent celles du lycée. Mais pour la matière première (serre-tête, élastiques et rouleaux de plastique) on se débrouille. Moi, je l'ai achetée sur Amazon et je me suis fait livrer à domicile », sourit le « maker » (imprimeur 3D) en précisant que le circuit de distribution des visières confectionnées est, lui, moins artisanal.
Le prof de techno en a remis quelques-uns à sa voisine, infirmière dans une clinique des Yvelines. D'autres sont récupérés par un professeur de sa connaissance qui travaille à l'hôpital de Mantes. D'autres enfin sont « collectés » par le réseau 3D4care (traduisez « la 3D pour le soin »), un consortium mêlant des étudiants, des médecins, des techniciens, des ingénieurs, des chercheurs, des universités de Paris et Sorbonne-Paris Nord auquel le lycée technique Jules-Richard s'est associé.
Cet organisme, dont le site web ( 3d4care.com ) propose des plans de fabrication et des consignes sanitaires pour créer ces produits à usage médical, s'est fixé pour but de fédérer les « makers » qui souhaitent contribuer à la lutte contre la pandémie. Cette mise en réseau permet ainsi de compenser la modestie des productions individuelles.
« Avec une imprimante 3D, il faut 2 à 3 heures pour sortir une visière », rappelle le prof de techno « maker ». « Sur une chaîne de production industrielle de plasturgie, il faut… 2 à 3 secondes ! », ajoute-t-il aussitôt. Les professeurs de technologie du lycée Jules-Richard ne sont pas les seuls à s’engager dans la lutte contre la propagation de la pandémie. Certains de leurs collègues de l’école nationale de chimie physique et biologie de Paris– lycée Pierre-Gilles-de-Gennes (XIIIe) vont retrouver le chemin des salles de classes pour fabriquer... des litres de solution hydroalcoolique.
La production sera assurée par des professeurs attachés de laboratoire et des techniciens volontaires du lycée public. Le produit désinfectant (au moins 500 litres pour commencer) sera remis à la Pitié-Salpêtrière ainsi qu’aux agents municipaux du XIIIe arrondissement. La région Île-de-France, responsable des lycées, finance l’opération.

Selon Mr Benoit Hasse - Le Parisien - mardi 7 avril 2020