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21/02/2021

Réduire les importations de soja...grâce à la luzerne.

Le constat a été rappelé, le 12 janvier dernier, par le Président de la République lors de sa venue dans la ferme des Ruelles, à Tilly (Eure). Les éleveurs français dépendent trop des protéines américaines pour nourrir leurs troupeaux. Du soja, presque exclusivement transgénique (OGM), rentre dans la ration des vaches laitières. Y compris dans la verte Normandie. Le gouvernement a lancé un plan « protéine » de 100 millions d’euros pour réduire cette dépendance protéique en développant des légumineuses « made in France ».Un séchoir collectif
Une « cagnotte » à laquelle devrait pouvoir prétendre une trentaine d’éleveurs et de céréaliers du Calvados réunis dans l’association SeCoPPA (Séchoir Collectif Plaine Pays d’Auge). Constitué en 2018, le groupe prévoit la construction, d’ici à 2022, d’un séchoir collectif d’une capacité cumulée de stockage d’environ 400 tonnes en vrac. De la luzerne à forte valeur alimentaire (taux de protéine de 22 %), très digestible pour les vaches, riches en oméga 3 et acides aminés. Coût de l’opération : 2 millions d’euros mais avec l’aide de la Normandie (400 000 €) et celle espérée du plan de relance pour l’agriculture (environ 600 000 €).
« C’est un projet à taille humaine de 120 hectares, animé par la fédération des Cuma (coopérative d’utilisation de matériel agricole, N.D.L.R.) de Normandie », indique Vincent Barbot, céréalier à Sassy, dans la plaine sud de Caen et président de l’association SeCoppa.
Un projet gagnant-gagnant. « Les éleveurs du pays d’Auge souhaitent mettre de la luzerne dans la ration de leur vache pour remplacer le soja américain. » Et ainsi répondre à la demande, des consommateurs et des industriels, d’un lait garanti sans OGM. « Mais sur leurs terres hydromorphes, la luzerne est peu productive. Contrairement à la plaine sud de Caen (10 à 11 tonnes de matière sèche par hectare, N.D.L.R.) », rappelle Vincent Barbot.
Ça tombe bien les céréaliers souhaitent implanter des légumineuses pour des raisons agronomiques : allongement de la rotation, libération de l’azote, réduction des mauvaises herbes. « La luzerne nous fait économiser des phytos et des engrais. C’est une bonne tête d’assolement qui couvre les besoins en azote du blé, la culture suivante.
« Maître de nos assolements »
Des échanges ont déjà commencé. Les éleveurs fournissent le fumier aux céréaliers pour nourrir leurs champs. La contrepartie ? Une luzerne, sur 70 à 80 ha, livrée enrubannée ou en foin. « Mais le séchoir va nous permettre de récolter la luzerne encore verte et conserver au maximum les feuilles et les protéines, de réduire la durée d’assèchement au champ (1 à 2 jours contre 6 jours pour du foin), de maximiser le nombre de coupes. »
La luzerne serait livrée, dans un rayon de 30 kilomètres, en granulés. De quoi permettre aux dix-huit éleveurs actuellement engagés dans le projet, d’optimiser leurs coûts. La tonne est évaluée à « 235 € et sans doute 100 € de plus avec la presse à granulés ». Les éleveurs réduiraient leur « facture » avec le prix du fumier apporté et aussi la valorisation de leurs haies bocagères, source d’énergie complémentaire pour le séchoir. « J’ai déjà implanté 16 ha et je vais passer à 40 ha (sur 155 ha, NDLR) », indique Vincent Barbot, passé au bio après la fermeture de la sucrerie de Cagny (Calvados) en 2020. « Mieux vaut être maître de nos assolements, de nos projets, que de dépendre d’industriels comme Südzucker… »
Succès du plan protéines végétales
Après la fermeture du guichet le 20 janvier, FranceAgriMer a annoncé, le 27 janvier, la mise en place d’un « second dispositif exceptionnel » pour les aides aux équipements et semences du plan protéines, au vu du dépassement des 20 millions d’euros budgétés.
Des dossiers avaient été reçus pour l’équivalent de 60 millions, précise le ministère de l’Agriculture. Le second guichet, très prochainement ouvert avec un budget équivalent, sera réorienté vers les légumineuses car les dossiers acceptés pour les premiers 20 millions ont été majoritairement dédiés aux fourrages.
Le guichet des aides à la conversion des agroéquipements (215 M€) est aussi épuisé mais il n’est pas prévu que la mesure soit réabondée.

Selon Mr Guillaume LE DU. - Ouest-France - mercredi 3 février 2021