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13/12/2020

Tribune en faveur des migrants en France...

Voici la tribune de Mathieu Hanotin, maire (PS) de Saint-Denis (93) et conseiller départemental de Seine-Saint-Denis, prônant une meilleure prise en charge des personnes migrantes en France, alors qu'un camp de migrants a été violemment démantelé lundi soir, place de la République à Paris. "Ce sont les trottoirs de nos rues, les terrains vagues, les parcs et autres places qui abritent trop souvent les personnes migrantes n'accédant pas à l'hébergement. Nous voyons chaque jour des femmes, des hommes, des enfants s'épuiser, perdre l'espoir d'un ­ailleurs, condamnés à la survie dans des conditions sanitaires désastreuses.


Les mêmes images d'inhumanité : des campements se sont développés dans le nord de Paris, à Calais, Nantes, Lille ou Marseille. 'L'habitude du désespoir est pire que le désespoir lui-même', disait Albert Camus. Les événements violents de la place de la République ont été un des effets résiduels de l'évacuation du campement de Saint-Denis, cela a été dit. Il y avait trop de monde à mettre à l'abri et des migrants n'ont pas pu monter dans les bus et entrer dans le ­dispositif de ­protection. Ils se sont alors ­retrouvés sans aucune solution, à errer.
Et à chaque fois, comme dans le film Un jour sans fin, nous condamnons. 'Sous le choc', 'indignés' ; nos réactions se fracassent sur le mur de nos alertes répétées. Il y a urgence pour l'hébergement d'urgence. Les associations de solidarité ne cessent de le dire. Nous devons organiser le premier accueil pour que n'importe qui puisse être pris en charge de ­manière digne et rapide (sur le modèle de la bulle de la ­Chapelle, malheureusement fermée). Pour l'Ile-de-France, au moins dix points seront nécessaires. Il faut aussi plus de moyens juridiques et financiers, des efforts mieux répartis entre les territoires.
La Seine-Saint-Denis, comme de nombreux espaces urbains périphériques, concentre beaucoup d'inégalités sociales. Quand on ajoute de la misère à la pauvreté, il ne peut pas y avoir de perspectives, seulement des drames humains. À Saint-Denis, la saturation est atteinte et nous n'avons plus de places d'accueil bien que nous soyons une des villes d'Ile-de-France les plus dotées en la matière.

Evacuation de migrants à Paris : plusieurs enquêtes déjà ouvertes
Les communes ne pourront pas seules apporter des solutions à ce défi qu'est l'accueil inconditionnel de toutes et tous. Les pouvoirs publics doivent poursuivre leur collaboration avec les associations pour construire des dispositifs de halte humanitaire sur l'ensemble du territoire et garantir l'accès aux droits fondamentaux des migrants. Il faut que l'Etat joue enfin son rôle d'ensemblier des initiatives et que la réponse interrégionale se mette effectivement en œuvre.
Au-delà de l'urgence, il sera nécessaire d'apporter des solutions structurelles en inscrivant à l'agenda la question des quotas, dispositifs contraignants de places réservées dans toutes les zones métropolitaines denses.

C'est pourquoi je plaide, sur le même modèle que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) adoptée il y a plus de vingt ans, pour l'élaboration d'une loi SHU (solidarité hébergement d'urgence), avec un meilleur partage de la solidarité, avec des obligations et amendes pour celles et ceux qui ne respecteraient pas cette responsabilité collective. Le reste ne sera encore que des cris d'orfraie, il faut agir."

Selon Mr Mathieu Hanotin - leJDD - samedi 28 novembre 2020 

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