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28/07/2020

Gestion de l'eau douce en France...

L’eau en France est un bien «dont l’usage est commun à tous» comme le formule le code civil. Consommation des habitants, des villes, agriculture, loisirs, industries, production d’électricité, transports… ses utilisations sont multiples. Alors que la disponibilité de l’eau va être progressivement affectée par le changement climatique, et à la veille d’un nouvel été possiblement très sec - les premières restrictions sur l’irrigation ont été décrétées dans les Pays de la Loire - , penchons-nous sur la façon dont l’eau douce est répartie en France.

De quelle quantité d’eau douce disposons-nous ?
Chaque année, en plus du stock d’eau dont nous disposons, environ 400 milliards de m d’eau de pluie arrosent la France. Si la majorité s’évapore, on estime qu’il en reste moins de la moitié, 175 milliards de m pour alimenter le milieu naturel, sur ou sous terre. En parallèle, l’Agence française de biodiversité (AFB) estime, à partir des prélèvements soumis à redevance, qu’entre 800 et 1 000 milliards de m sont prélevés chaque année. En 2016, selon les dernières données disponibles, ce chiffre s’élevait à 884 milliards. Mais toute l’eau prélevée n’est pas consommée, loin de là. Par exemple, 96% de cette quantité est à imputer aux plus de 600 barrages hydroélectriques, considérés comme un cas particulier puisqu’ils «interceptent» de l’eau qui est rejetée ensuite. 


Comment est-elle distribuée ?
Si on décortique les près de 37 milliards de m restant (dont 36,5 pour la France métropolitaine), ils se répartissaient ainsi en 2016 : 20,8 milliards de m (56%) sont destinés «à la production d’énergie (principalement pour le refroidissement des centrales thermiques à flamme ou nucléaires, qui en restituent la quasi-totalité au milieu naturel)», à une température plus élevée que lorsqu’elle est prélevée. 70,4% de l’eau prélevée provient des eaux dites «de surface», autrement dit les fleuves, rivières ou les lacs. Cette ressource, plus facile et moins onéreuse à récupérer, sert notamment à la production d’énergie, à l’alimentation des canaux, à l’irrigation et à l’industrie. L’eau potable, elle, provient à 65% de nappes souterraines, moins polluées. Toutefois, dans les zones urbaines densément peuplées, les collectivités traitent également des eaux de surface pour répondre aux besoins. 

Quelle évolution ?
D’après le ministère de la Transition écologique, la quantité d’eau potable prélevée reste globalement stable au fil du temps, «l’augmentation de la population étant compensée par une diminution de la consommation de chacun». D’ailleurs, les prélèvements au sens large restent relativement stables, alors même que dès 2011 un plan national d’adaptation au changement climatique préconisait une diminution des prélèvements d’eau de 20% à l’horizon 2020.
Alors comment expliquer les épisodes de sécheresse récurrents ? Lors de l’été 2019, 85 départements avaient dû prendre des mesures de restrictions d’eau (contre une vingtaine habituellement), et des dizaines se sont retrouvé
Viennent ensuite l’alimentation des canaux (4,7 milliards), l’alimentation en eau potable (5,4 milliards de m), l’industrie (2,5 milliards dont une majeure partie est aussi rejetée), et l’irrigation (3,2 milliards). s en «situation de crise». Plusieurs réacteurs nucléaires avaient également été mis à l’arrêt faute de réserves d’eau suffisantes. Dans un rapport d’information sur la gestion des conflits d’usage en situation de pénurie d’eau publié début juin 2020, des députés soulignent que «moins d’un an après cet épisode, malgré un automne et un hiver relativement pluvieux et à l’heure où ce rapport est écrit – mai 2020 –, les premières alertes sur des ressources en eau en tension concernent déjà une cinquantaine de départements de métropole et d’outre-mer».
Les phénomènes de sécheresse, comme les inondations, sont de plus en plus fréquents et de plus en plus longs avec le changement du climat. Ils sont d’autant plus perceptibles pendant les trois mois d’été, car c’est lorsque les ressources sont les plus faibles et que l’évaporation est la plus importante que le secteur agricole utilise le plus d’eau pour l’irrigation des cultures, notamment le maïs. Or l’intensité de ces phénomènes météorologiques va vraisemblablement continuer à s’accentuer avec la multiplication des vagues de chaleur, et la quantité d’eau disponible lors de la période dite «d’étiage» sera de plus en plus faible. La qualité de l’eau et donc la quantité d’eau potable disponible, elles aussi, risquent de pâtir de la baisse des débits et de l’augmentation des températures. Ainsi, au vu des nombreux facteurs qui risquent de s’aggraver dans un avenir proche, la mission d’information présidée par le député LFI Loïc Prud’homme considère qu'«il est essentiel de réfléchir à une gestion réellement collective» de la ressource en eau «afin d’anticiper et de prévenir des conflits d’usage à venir».

Selon Mmes Aurélie Delmas, Christelle Perrin - Libération - jeudi 18 juin 2020

 

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