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07/05/2020

Comment laver les masques en tissu grand public?

Des procédures plus sommaires permettent d’inactiver le coronavirus sur les masques «grand public», mais pas nécessairement de se débarrasser d’autres germes présents dans les mailles du tissu.
De très nombreuses questions ont été adressées à CheckNews concernant la fiabilité de diverses procédures de nettoyage des masques «grand public», proposés comme alternative face à la pénurie de masques jetables. Comment procéder lorsque l’on ne dispose pas de machine à laver ? Un peu de savon et d’eau à température ambiante suffisent-ils, ou doit-on nécessairement employer de l’eau chaude et des détergents ?
Avant de revenir sur ces questions, rappelons qu’un masque non chirurgical correctement porté permet de diminuer à la fois les risques de projection de postillons chargés de coronavirus (par les personnes asymptomatiques, présymptomatiques ou symptomatiques) et les risques d’absorption de ces gouttelettes par les personnes saines. Ce constat, consensuel y compris au sein de l’OMS, est toutefois conditionné à des précautions indispensables dans l’ajustement, l’enlèvement, l’entreposage et le nettoyage de ces protections.

Comment détruire Sars-CoV-2 sur nos mains, nos masques ou nos vêtements ? Les coronavirus font partie des virus dont le matériel génétique est protégé par une enveloppe partiellement constituée de lipides. Celle-ci se désagrège d’autant plus rapidement que la température est élevée, et peut se désagréger plus vite encore en présence de certaines substances – parmi lesquelles le savon, dont nous reparlerons plus loin. Les virus peuvent également avoir une affinité chimique particulière avec certains matériaux et surfaces, qui modifient leur stabilité.

Tous les pathogènes existants ne sont pas également résistants. Si certains virus perdent leurs propriétés infectieuses après une courte exposition à une chaleur modérée, d’autres seront indifférents à un traitement aussi sommaire. Cette variabilité se retrouve chez les coronavirus infectant l’être humain. Des recherches spécifiques sur la résistance du virus responsable du Covid-19 ont été publiées début avril dans la revue The Lancet Microbe.
Les essais ont été réalisés sur un support destiné à maximiser la résistance du Sars-CoV-2. A 22°C, les chercheurs ont attendu deux semaines avant que le virus soit devenu inactif. A 56°C, il n’y avait plus de trace de virus actif après trente minutes. A 70 °C, le même résultat était obtenu au bout… de cinq minutes.
Mais ce coronavirus n’est pas le seul pathogène potentiellement présent sur un masque qui a été porté, et d’autres virus, bactéries et autres champignons peuvent être plus résistants que lui ! Surtout s’ils trouvent un terrain de reproduction favorable dans des résidus de sécrétion ou de mucus piégés dans le tissu.L’élimination complète des potentiels agents infectieux implique do
Pour inactiver le virus Sars-CoV-2, l’immersion du masque durant une dizaine de minutes dans de l’eau maintenue à 70°C apparaîtrait donc tout à fait suffisante. Mnc une procédure de lavage plus stricte.

Mettre en contact les molécules de savon et le virus
Parmi les substances qui accroissent la vitesse de dégradation de l’enveloppe qui protège le matériel génétique des virus, les molécules de savon sont particulièrement efficaces. C’est la raison pour laquelle un lavage des mains vigoureux et complet, dans une eau à température ambiante, est un geste barrière efficace contre le Sars-CoV-2. Plonger un masque dans une bassine avec un peu de savon ne sera toutefois probablement pas d’une grande utilité si l’on ne fait pas pénétrer le savon dans toutes les couches du tissu, afin que ses molécules entrent bien en contact avec l’enveloppe virale. Une eau chaude favorisera la pénétration du savon, en même temps qu’elle contribuera à désagréger cette protection.
Outre son activité virucide, «un lavage au savon va permettre de décrocher toutes les souillures d’un support», nous précise P Bruno Grandbastien, président de la Société française d’hygiène hospitalière. Les résidus de mucus ou de salive vont également se détacher «grâce à l’action mécanique du tambour de la machine à laver ou du frottage à la main, et être éliminés par l’étape de rinçage», précise-t-il. De hautes températures abîment le tissu

Les masques «barrière» en tissu n’ont pas un pouvoir filtrant très important. Les particules les plus fines, en effet, peuvent passer au travers. Ceci n’est guère préoccupant puisque, hors de certains contextes de soins hospitaliers, une contamination par des particules virales en suspension dans l’air est jugée hautement improbable. En revanche, les mailles du tissu doivent rester suffisamment serrées pour faire efficacement écran aux postillons. De même, le tissu doit garder une certaine épaisseur pour que les gouttelettes ne pénètrent pas trop vite le tissu, et le traversent. C’est la raison pour laquelle un masque en tissu ne peut pas être réutilisé indéfiniment… et également la raison pour laquelle les masques en tissus ne doivent pas être lavés à trop haute température (surtout pas être bouillis) ou avec des produits trop corrosifs. «Immerger son masque dans du désinfectant est une mauvaise idée, car on va altérer la qualité des textiles et ses propriétés de filtration», insiste le P Bruno Grandbastien.
L’efficacité et la durée de vie d’un masque dépendent de la nature des tissus employés, des traitements qu’ils ont subis, de la qualité des coutures et du nombre de couches de tissu utilisées.
Selon Mr Florian Gouthière - Liberation - jeudi 30 avril 2020

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