21/12/2019
Sortir de la frénésie consumériste et vivre un Noël authentique...
Sortir de la frénésie consumériste et revenir à l’essentiel: suivez le guide pour vous réconcilier avec Noël! Vous marchez pour le climat et pestez contre le «black friday»? Ou avez envie, tout simplement, de revenir à un Noël plus authentique? Sapins coupés en pleine forêt puis abandonnés le long de trottoirs quelques jours après, rubans par milliers, dernière décoration féerique tendance, tenue de fête spéciale Jour J… Noël est aussi l’un des moments dans l’année où l’on pollue - et dépense le plus. Mais comment concilier conscience écologique et traditions sans être un trouble-fête?
1. Retour aux sources: quel sens donner à Noël?
Peut-être en commençant pas se poser cette question: que représente cette fête pour nous? Une tradition chrétienne, spirituelle? Un temps en famille, un moment de partage avec ses proches? Fête chrétienne empruntée à des rites païens pour commémorer la naissance de Jésus, incarnation du Dieu sauveur, Noël est aussi devenu une fête culturelle et familiale. C’est après la Seconde guerre mondiale que les Américains importent, notamment via Coca-Cola (qui transforme saint Nicolas en Père Noël), une vision plus matérialiste que certains regrettent aujourd’hui.
Dans cette perspective, on s’éloigne déjà du stress de la frénésie consumériste pour tenter de retrouver un Noël plus authentique.
2. Les cadeaux: sobriété... et temps de qualité
Après la théorie, place à la pratique!
● Sobriété et qualité: moins de cadeaux, plus personnalisés
Quand les familles s’agrandissent, la liste de cadeaux ne cesse de s’allonger. Le porte-monnaie en souffre et la planète aussi: beaucoup d’objets achetés en dernière minute ne serviront pas, voire, finiront jetés. Certains optent alors pour les cadeaux groupés, ou le tirage au sort: chaque personne n’offre qu’un seul cadeau à un seul membre de sa famille. Outre l’économie réalisée, cette option permet de prendre du temps pour choisir - et recevoir - un cadeau personnalisé.
Les plus manuels pourront aussi prendre le temps de fabriquer eux-mêmes le présent: un livre de cuisine avec ses recettes préférées écrites à la main, un bocal «SOS cookie», des confitures, du baume à lèvre, une boîte à bijoux...
● Privilégier les cadeaux utiles ou durables
Privilégiez aussi les cadeaux «utiles» et durables - au risque de laisser de côté l’aspect surprise, on peut même demander des listes à nos proches: électroménager, outils de bricolage ou de jardinage, équipement sportif, etc.
«Chez nous, on offre surtout des livres, confie pour sa part Johannes Hermann, ornithologue et auteur de La Vie oubliée. Crise d’extinction: agir avant que tout s’effondre (éditions Première partie). Ce sont des choses durables, qui passent de main en main. C’est moins clinquant, moins cher, et cela va davantage durer».
Cela peut être l’occasion de se reposer «la signification du rite des cadeaux», ajoute ce partisan d’une écologie intégrale telle que développée dans l’encyclique du pape François Laudato Si’. «Dans quelle mesure estime-t-on que les relations passent pas le fait de se couvrir de cadeaux d’une valeur implicitement codifiée?», se demande-t-il.
● Jouets d’occasion et récupération
Chaque année en France, près de 61 millions de jouets (souvent fabriqués en Asie) sont vendus à Noël, soit plus de huit cadeaux par enfants - qu’ils vont parfois manipuler quelques minutes avant de les laisser de côté! Afin de limiter le gaspillage, il est possible d’opter pour les recycleries, ces associations qui fleurissent pour donner une seconde vie aux jouets. Des associations comme Rejoué collectent, nettoient et réparent des jouets d’occasion dans le cadre d’ateliers de réinsertion pour des personnes sans emploi, tout en évitant la multiplication des déchets.
● Les «cadeaux temps»
Mais le meilleur cadeau «zéro déchet» reste celui d’offrir... son temps. On peut ainsi offrir des «bons pour»: un week-end au vert, une soirée baby-sitting, un après-midi bricolage ou réparation, une sortie au théâtre, etc.
Pour emballer vos présents, réutilisez vos papiers cadeaux de l’an passé ou du dernier anniversaire en les stockant. Vous pouvez aussi utiliser du papier journal ou du tissu avec la technique japonaise des furoshiki. D’autres reprennent la tradition anglaise de la grande chaussette, ou encore, utilisent des boîtes ou bocaux en verre réutilisables.
3 . Un calendrier de l’Avent inversé: donner!
Enfin, que Noël revête pour vous une dimension spirituelle ou traditionnelle, vous pouvez pousser votre sens «écologique» au sens du partage et de l’ouverture aux plus pauvres. Pour cela, pratiquez le calendrier de l’Avent «inversé»!
L’idée? Chaque jour, je donne quelque chose (un objet fait main, du temps), ou je fais un petit geste écologique. C’est l’esprit, par exemple, de ce calendrier de l’Avent chrétien Laudato Si’ pour les enfants: inviter un camarade d’école qui a peu d’amis à la maison, réparer un objet pour le réutiliser, jouer en famille, confectionner un cadeau de ses mains, etc.
4. Un sapin naturel ou «fait main»
Le sapin est devenu un incontournable de Noël. Las, son impact environnemental n’est pas anodin. Ici, le débat fait rage. Divers camps s’affrontent: ceux du sapin de Noël synthétique, ceux du sapin «naturel»... et les «anti-sapin» tout court.
Six millions de sapins de Noël sont vendus chaque année, contre 1 million de sapins artificiels. On a tendance à penser qu’un sapin synthétique, réutilisable chaque année, est plus écologique qu’un sapin coupé en pleine forêt. Gare aux idées reçues. Selon une étude réalisée par un cabinet canadien, un arbre artificiel émet l’équivalent de 8,1 kg de CO2 pour sa production et pour son transport, tandis qu’un conifère naturel n’émet «que» 3,1 kg de CO2. Il faudrait garder son sapin en plastique plus de 20 ans pour rentabiliser son impact carbone sur la planète! Or, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie (Ademe) estime la durée de conservation des arbres artificiels à six ans seulement.
● Un sapin «made in France», en pot... ou pas de sapin tout court Mieux vaut donc opter pour un sapin naturel, produit en France. Il existe même des labels - Plante bleue, par exemple, certifie une démarche de production respectueuse de l’environnement. D’autres start-up comme Treezmas proposent de louer un sapin en pot qui sera ensuite récupéré chez vous puis replanté dans la nature. L’Association française du sapin de Noël naturel assure en outre que ces conifères ne contribuent pas à la déforestation puisqu’ils ne sont pas coupés en pleine forêt mais issus de plantations spécifiques, dans le Morvan et le Jura.
Un argument qui ne convainc pas les «anti-sapins de Noël», à l’image de l’ornithologue Johannes Hermann: «Leur mode de culture pose de gros problèmes écologiques, observe-t-il. Il s’agit de monocultures intensives qui concernent de grandes surfaces de forêts (plus de 5000 ha, NDLR), sans aucune richesse biologique, au détriment de forêts plus naturelles. Ce sont des alignements de jeunes sapins. Peu de choses peuvent y vivre par rapport aux forêts avec des arbres de différentes classes d’âge».
● Un sapin fait main en matériaux de récup’
Les esprits créatifs peuvent alors miser sur une décoration plus aboutie de leur maison, ou fabriquer un sapin original avec des matériaux naturels ou de récupération: papier, bois flotté, cagettes, piles de livres... souvent, ces arbres de Noël «faits maison» ont aussi l’avantage de vous faire gagner de la place!
5. Une décoration récup’ ou fait main
Des sites comme Pinterest ou des tutoriels vidéos sur Youtube regorgent d’idées toutes plus originales les unes que les autres pour une décoration «fait main» et bon marché: couronne de Noël en bouchons de liège, guirlande en papier...
Si on n’est pas manuel, on peut aussi réutiliser la décoration des années passées avec des variantes, en allant chiner dans des ressourceries, donneries ou sites de seconde main.
6. La tenue: emprunter ou échanger
Plutôt que d’acheter une nouvelle tenue qui ne servira qu’un jour, on peut jouer sur les accessoires en empruntant à un proche... ou échanger une tenue avec un bon ami! À moins de faire un tour sur les sites de seconde main comme videdressing ou vinted.
7. Un menu sobre, local et fait maison
Outre le gaspillage des festins de fin d’année, il peut être intéressant de s’interroger sur la consommation de certains incontournables comme le foie gras ou le saumon sauvage. Sans forcément tout supprimer, on peut choisir de réduire les quantités de ces produits, ni respectueux de la biodiversité.. ni toujours de votre santé.
Cela peut aussi être l’occasion d’innover en créant des menus de fête avec les légumes de saison et privilégiant les circuits courts. Enfin, vous pouvez choisir de cuisiner en famille ou à plusieurs plutôt que d’acheter du déjà préparé.
Enfin, si le cœur vous en dit, vous pouvez même inviter à votre table une personne seule ou en difficulté: un collègue au bureau, un voisin... L’occasion de vivre un Noël vraiment différent!
D'après Mme Bénédicte Lutaud - Le Figaro - mercredi 11 décembre 2019
04:51 Publié dans ALIMENTATION ET SOLIDARITE, ARTICLES ENGAGES, DES SOLUTIONS !, ECONOMIE SOLIDAIRE, EDUCATION, EVOLUTION PERSONNELLE, HABITER AUTREMENT, HUMANISME/PHILOSOPHIE, MEDIAS, SOCIETE COLLABORATIVE | Tags : pour un noël moins consumériste | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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