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28/04/2019

A la place du plastique: de la cire!

La guerre contre le plastique fait rage et les alternatives fleurissent. Après la décision du gouvernement d'interdire les couverts et contenants en plastique d'ici le 1er janvier 2020, d'autres produits pourraient se trouver menacés, comme les emballages alimentaires.
La solution pourrait provenir de l'Isère, à Saint-Just de Claix, près de Grenoble. C'est dans cette commune d'un peu plus de 1000 habitants que vit Delphine Sève, écologiste de longue date. Cette apicultrice gère la boutique «l'Atelier miel de Delphine». Passionnée d'abeilles - elle possède 40 ruches depuis trois ans -, elle produit depuis septembre 2017 Apifilm, un emballage alimentaire écologique et durable à base de miel.
100% naturel
Ce produit alternatif au film plastique est constitué d'une toile tissée en coton naturel à laquelle de la cire d'abeille récoltée par l'apicultrice est intégrée. À cette cire naturellement antibactérienne, Delphine Sève ajoute de la résine de Pin des Landes et de l'huile de coco, cette dernière ayant des vertus antifongiques.
Apifilm présente plusieurs avantages, d'abord d'un point de vue pratique. Il s'adapte en effet aux récipients et il est modelable à souhait. On peut emballer un oignon, une pomme entamée ou son sandwich avant un pique-nique, et il supporte sans problème le froid du congélateur. Il convient pour tous les aliments, excepté les viandes et poissons crus.
Ensuite, d'un point de vue éthique: cet emballage a la particularité d'être réutilisable et d'avoir une durée de vie d'un an, au bout de laquelle il peut finir sa vie au compost. Il se lave à la main et à l'eau froide. Et en plus d'être 100% naturel, les matières premières proviennent pour la plupart de France. L'usine qui produit l'emballage, Indutex, est basée à Villers-Cotterêts, dans l'Aisne.
Une idée venue d'Amérique du NordApifilm va se voir décerner ce samedi 26 janvier la mention spéciale «green» des Prix de l'Innovation 2019 du salon Sirha de la restauration et de l'hôtellerie, qui attend près de 200.000 visiteurs à Lyon jusqu'au 30 janvier. C'est la première fois que cette mention est utilisée pour un produit.
«Les organisateurs de Sirha ont décidé de mettre en lumière les initiatives écologiques, se réjouit Delphine Sève, ils ont même prévu d'ouvrir un salon 100% écolo l'an prochain, pour la première fois.» Selon elle, la sensibilisation à l'écologie de ces dernières années a permis le développement d'un marché bio de l'alimentation, et surtout sa démocratisation. «Les magasins bio ont énormément de succès et il s'en ouvre en masse, c'est très encourageant».
L'idée n'est pourtant pas nouvelle. Delphine Sève, qui est ingénieure agronome spécialisée en environnement, s'est inspirée de la tendance des «Bee's wrap» qui a émergé il y a une dizaine d'années chez les écologistes d'Amérique du Nord. Comme la mise au point de l'emballage était relativement simple, la tendance était de créer son propre emballage à l'aide de matériaux naturels.
«Je connaissais cette tendance, explique-t-elle, alors, je me suis dit que j'allais faire pareil avec la cire que je récoltais. J'ai fait des emballages pour moi, puis pour mes copines. Aufur et à mesure, la demande augmentait, j'ai donc eu l'idée de commercialiser l'emballage». Pour Delphine Sève, le plus important se trouve dans la recette: «on trouve beaucoup de tutoriels sur internet qui expliquent comment on fait un emballage maison, mais c'est plus complexe qu'il n'y paraît, il faut savoir bien doser la cire». Delphine a l'idée de rajouter la résine de pin pour éviter que la cire ne se casse ou se décroche.

Développement croissant
La petite entreprise n'en est qu'à ses débuts. «La production est encore balbutiante, admet l'apicultrice, pour la simple raison que la découpe des emballages est artisanale et nous ne sommes que deux à la faire». Actuellement, Delphine Sève vend environ un millier de lots d'Apifilm par mois, sachant qu'un lot est constitué de trois emballages de trois tailles différentes. La vendeuse estime que deux lots correspondent au besoin d'une famille.
Actuellement, Apifilm est distribué dans une soixantaine de dépôts de vente en vrac. «Mais je compte étendre la production, espère Delphine Sève, vers les magasins bio».
Surtout, l'apicultrice cherche à amoindrir les coûts de production. Actuellement, un emballage Apifilm se vend entre 14 et 17 euros, «ce qui correspond au double comparé à la consommation moyenne d'emballage alimentaire d'un ménage», admet Delphine Sève. La solution viendrait du remplacement de la cire d'abeille par de la cire végétale, de carnauba ou de soja. Pour l'instant, l'heure est à la recherche. Mais surtout, pour Delphine Sève, «l'enjeu principal est de faire connaître le produit, et que les gens se rendent compte que, oui, il existe des alternatives au plastique».Jean Blaquière - Le Figaro - vendredi 12 avril 2019

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