09/11/2018
Hypersensible et bien dans ma peau...
Mme Suzanne Moeberg, pédagogue danoise, a publié aux éditions Jouvence un ouvrage de 94 pages sous le titre" Hypersensible et bien dans ma peau". Dans ce livre datant de 2017 et traduit de l'allemand par Mme Nina Prinzhorn, elle montre comment le fait d'être hypersensible, c'est à dire de percevoir tous les stimuli fortement (bruit, douleur, odeurs, lumière, ambiances, stress…), est à la fois un don et un défi. Pour ma part, ce n'est pas nouveau car j'ai découvert depuis de nombreuses années que j'étais hypersensible. Cela m'a fait du bien de lire que ce trait de caractère est loin d'être toujours un fardeau comme je le croyais. Cette hypersensibilité, qui touche apparemment autant les filles que les garçons et qui caractérise aussi bien des réactions d'introversion que d'extraversion, serait à la fois innée et héréditaire selon des recherches psychologiques approfondies.
Selon Mme Moeberg, les origines de l'hypersensibilité se trouvent dans les différences biologiques du système nerveux humain. C'est Mme Elaine Aron, psychologue américaine, qui fut pionnière sur le sujet. Elle estima qu'environ 15 à 20 % des êtres humains sont hypersensibles, c'est à dire dotés d'une sensibilité exacerbée. En fait, quand on est hypersensible, on ressent ou on voit depuis l'enfance ce que d'autres ne remarquent pas (surstimulation). Les stimuli peuvent venir aussi bien de l'intérieur de notre corps, de nos sentiments, de nos schémas de pensée… que de l'extérieur. Les personnes hypersensibles sont davantage habitées par la peur de ce que pensent les autres, de les décevoir ou de les contrarier. Malheureusement, cela les expose à se sentir vite épuisées ou stressées.
Par contre, elles peuvent être très créatives, imaginatives, empathiques, méditatives et intuitives. En effet, elles montrent souvent un grand cœur. La spiritualité et le mysticisme sont la plupart du temps des façons de vivre le quotidien en se sentant "faire partie d'un tout". Mais pour se protéger, beaucoup ont développé aussi des mécanismes compensatoires qui les font croire dynamiques car elles ont du répondant, se mettent en colère, donnent une impression de savoir où elles vont, alors que d'autres sont apparemment timides et cherchent à ne pas se faire remarquer. Dans l'un et l'autre cas, l'essentiel pour elles est de s'accepter comme elles sont avec leur force et leur faiblesse. En s'autorisant à être elles-mêmes, elles retrouveront vite calme, épanouissement et joie de vivre.
En cas de surcharge émotionnelle par exemple, on peut se retirer dans le silence (nature, méditation, respiration ) pour retrouver son propre rythme ou dire "stop" à autrui pour se dégager d'une impression d'emprise, de pression. Cela se joue en famille, dans le couple, avec les enfants, au travail… Apparemment, un entraînement à poser des limites, à laisser s'envoler les émotions négatives, les peurs, les impressions de ne pas être à la hauteur... est nécessaire pour gérer la surstimulation, voire pour l'anticiper par des stratégies préventives. En toute chose, afin de vivre en bonne intelligence avec autrui, il importe de pouvoir vivre en bonne intelligence avec soi-même. Aussi, de l'indulgence et de la patience à l'égard de soi-même, vis à vis de ses limites ou de ses réactions, peut faire du bien. Le sommeil est également un bon reconstituant de la surcharge nerveuse et il convient de ne pas restreindre ce besoin vital.
Je conseille cet ouvrage à toutes les personnes qui se découvrent hypersensibles, mais aussi à celles et ceux qui ne les comprennent pas alors qu'ils les côtoient. On se sent plus léger ensuite car des mots simples ont été posés sur une réalité du monde d'aujourd'hui. Chacun peut alors suivre son propre chemin de vie et se réjouir de notre grande complémentarité dans le monde du vivant.
Lyliane
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