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11/05/2018

Que penser du grand prix de la formule E à Paris? selon Challenge...

Le grand prix de Formule E de Paris, est présenté par certains comme une "course écologique". Moins polluant que la Formule 1, ce championnat électrique n'est pourtant pas sans effet sur l'environnement, avec la construction d'un circuit en centre-ville pour quelques jours à Paris.

 La voiture électrique est présentée par ses aficionados comme la solution ultime contre la pollution automobile. Un bilan à nuancer, comme l'a démontré Challenges il y a quelques semaines (lire notre article sur le ). Pour en faire la promotion, le championnat de Formule E est l'équivalent électrique de la Formule 1 : ce championnat régi par la FIA (Fédération Internationale de l'Automobile) voit s'affronter des monoplaces électriques, engagées pour certaines par de grands constructeurs comme Audi, Jaguar, Renault ou DS Automobiles.
La particularité des courses de Formule E est qu'elles ont lieu en centre-ville. Un choix assumé de la FIA, qui désire prouver la compatibilité de la voiture électrique avec la ville et, par ailleurs, disposer d'un cadre visuel à même de donner de l'attrait aux manches du championnat. Pour autant, ce choix impose quelques contraintes, en particulier dans le cas du Circuit des Invalides de Paris. Le tracé étant défini sur des rues pavées classées, il faut prévoir un bitume provisoire pour la course, le revêtement d'origine étant trop rude pour les monoplaces.

Le grand-prix de Formule E en contradiction avec la politique de Paris?
Selon David Belliard, président du Groupe Ecologiste de Paris, cet événement est une absurdité. "Nous trouvons que l'organisation de cette course est en contradiction complète avec la politique de la Mairie de Paris en termes de mobilité, qui prône un rééquilibrage de l'espace publique. Créer une infrastructure spécifique est un non-sens. On construit un circuit automobile pour quelques jours, alors qu'il en existe dans la région. A l'heure où on veut justement mettre la banlieue en avant, notamment à l'occasion des jeux olympiques, cela semble incohérent. De plus, on est en droit de se demander quel est le coût environnemental de cet événement. A chaque fois que nous posons la question à la Mairie de Paris, nous nous voyons opposer une fin de non-recevoir."

Pour autant, le coût écologique apparaît au cœur des préoccupations de l'organisation. La FIA a ainsi confié à DHL la totalité de la logistique du championnat de Formule E. C'est-à-dire que le transporteur s'occupe non seulement des tribunes, murets de protection et équipements audiovisuel, mais aussi des voitures et des matériels des écuries. Alors que dans la majorité des compétitions, en particulier en Formule 1, ce sont les écuries qui se chargent de leur propre logistique. Confier ce chapitre à une unique entreprise permet donc d'optimiser coût et pollution.
"Nous avons 40 voitures et 45 batteries à transporter entre chaque course. Pour ces dernières, nous sommes la seule entreprise au monde, à avoir l'habilitation pour un transport par avion. Au total, nous gérons la logistique de 450 tonne de matériel. C'est l'équivalent de deux Boeing 757", explique Philippe Prélat, PDG de DHL France. "Notre entreprise a pour ambition d'être zéro émission à l'horizon 2050.

Le chapitre environnemental est donc au cœur de nos préoccupations. La Formule E parcourt 70.000 km par an, et nous favorisons autant que faire se peut les voies fluviales et ferroviaires, moins polluantes, lorsque le calendrier le permet. Notre partenariat exclusif avec la FIA, depuis la création du championnat en 2013, nous permet d'être à la pointe. Autour du paddock, nous effectuons les livraisons grâce à nos effibot, des chariots électriques autonomes. Cela nous permet de développer de nouvelles solutions, qui intéressent nos clients. A Nice par exemple, toutes nos livraisons se font avec des véhicules électriques".

Dix à quinze fois moins polluant que la Formule 1

La Formule E permet donc de développer de nouvelles technologies pour les voitures électriques, mais aussi en termes de logistique, notamment pour la livraison du dernier kilomètre, en centre-ville. Reste que l'impact est réel. Si DHL se refuse à donner une estimation pour 2018, les organisateurs avaient avoué des émissions de 12.000 tonnes de CO2 sur la saison 2016, l'équivalent de 3.000 voitures en un an. C'est toujours dix à quinze fois moins qu'une saison de Formule 1.

En aucun cas donc, il n'est possible de considérer le E-Prix de Paris comme un événement écologique, même si des efforts réels sont entrepris pour diminuer son impact. Reste l'élément le plus aberrant, celui de recouvrir le tracé de la course d'une couche de bitume. Dans le 7 arrondissement de Paris, les travaux débutent trois semaines à l'avance. C'est un va-et-vient de camions (à moteur Diesel) et d'engins de chantier qui étalent le goudron sur la chaussée. Interrogée par Challenges, la société Colas n'a pas souhaité donner de chiffres quant au bilan écologique de ce chantier, son client la FIA lui ayant demandé expressément de ne pas communiquer sur le sujet.

selon Nicolas Meunier - Challenges - samedi 28 avril 2018

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