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10/05/2015

Memorial Act à la Guadeloupe...

 

Nous avions déjà à Nantes et à Bordeaux des espaces commémorant sur le sol français l'abolition de l'esclavage. En Martinique existait également le Mémorial Cap 110 édifié en 1998 par la ville de Diamant pour le 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage. On peut donc se demander quel est le sens de l'édification du Mémorial Act, qui sera inauguré en Guadeloupe le 10 mai 2015 par le Président de la République Française et ouvert au public le 6 juillet prochain...

 

Rappelons tout d'abord que la traite des noirs, autorisée par le Roi de France Louis 13, consistait à «fournir des esclaves nègres à des planteurs blancs» installés aux Antilles. Ce commerce triangulaire qui fleurissait au 17ème siècle générait des profits énormes aux armateurs français, transportant des esclaves dans des conditions épouvantables et aux planteurs bénéficiant d'une main - d’œuvre peu chère pour cultiver la canne à sucre et la commercialiser.

 

Il fallut attendre plusieurs révoltes dans les Antilles et des luttes vigoureuses de personnes engagées contre ce fléau humain, que nous considérons aujourd'hui comme un crime contre l'humanité, pour aboutir le 27 avril 1848 à l'abolition de l'esclavage sous l'impulse de l'alsacien Victor Schoelcher, qui avait été député en Guadeloupe.

 

Le poids de ce lourd héritage, que nous en soyons conscients ou pas, est toujours présent dans des mémoires ancestrales transmises dans nos gènes de générations en générations. Il ne s'agit pas de nous culpabiliser, mais plutôt de ne pas oublier que l'être humain est capable du pire comme du meilleur, qu'il est capable d'évoluer en conscience et en humanité...

 

Ce Mémorial Act, qui ressemble au Mucem de Marseille par son architecture, est voulu comme un phare culturel pour toutes les Antilles, permettant à la fois une reconnaissance des souffrances endurées par les noirs des Caraïbes et une information pour les jeunes générations. C'est pourquoi, il sera aussi bien un lieu de recueillement pour les millions d'âmes disparues qu'un espace éducatif à destination de tous, car il est installé sur les lieux même d'une ancienne sucrerie du quartier de Darbousier, connu comme un quai de sinistre mémoire.

 

Le fait que ce Mémorial de 2500 M2 ait été conçu par un cabinet d'architectes de Guadeloupe (BMC), qu'il soit financé à la fois par l’État français, par les Antilles et des fonds européens lui donne, me semble-t-il, une forme de légitimité et de rayonnement mondial. Lieu de mémoire, certes, mais tourné vers l'avenir, pour que toute forme d'exploitation humaine, d'esclavage ou de discrimination raciale finisse par disparaître enfin de la surface de la Terre.

 

Lyliane 

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